Le jardin Botanique de Pamplemousses : Une lueur d’espoir…

Le Jardin botanique de Pamplemousses s’est retrouvé sous le feu des projecteurs ces deux derniers mois. Mal entretenu, le Sir Seewoosagur Ramgoolam Botanical Garden (SSRBG) a suscité de vives réactions de Mauriciens amoureux de botanique, dont l’ancienne présidente de la République Ameenah Gurib-Fakim et des touristes de passage. Depuis, les choses semblent aller dans le bon sens. Durant la semaine, un colloque de clôture du projet de coopération entre La Réunion et Maurice pour la préservation du Jardin de Pamplemousses s’est tenu au Caudan Arts Centre. L’objectif de cette rencontre reposait sur la préservation du patrimoine naturel avec la gestion des termites en milieu végétalisé tropical.

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En début d’année, une équipe de chercheurs de l’Observatoire régional de Lutte Anti-Termites (ORLAT) du Centre d’Innovation et de Recherche du Bâti Tropical (CIRBAT) de La Réunion était à Maurice pour aider les botanistes mauriciens à lutter contre l’infestation de termites dont sont victimes plusieurs arbres du jardin. En effet, si à la surface les problèmes auxquels faisait face le SSRBG semblaient énormes, il semblerait que le problème était beaucoup plus profond. Ainsi, depuis des années, les espèces exotiques et endémiques du jardin font face à une infestation de termites, soit de Nasutitermes Voeltzkowi. Pour cause, en 2019, 248 arbres étaient infestés de termites !

En effet, ces petits jardiniers naturels à la mauvaise réputation contribuent à la destruction d’espèces rares du Jardin botanique tricentenaire, avec notamment le creusement des arbres qui se fragilisent, les rendant encore plus vulnérables aux catastrophes naturelles. Lors de sa présentation, la botaniste du SSRBG Sarita Balmokune a ainsi parlé des risques de perdre des arbres importants, dont l’Arbre à oreille, un des plus vieux arbres du Jardin botanique, qui s’est déraciné à cause des grosses pluies quelques jours auparavant. « Avec le temps venteux et les précipitations de plus en plus intenses, les arbres se fissurent facilement et quelques-uns sortent de terre, ce qui peut représenter un danger pour les visiteurs et les employés du jardin », dit-elle.

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Vers une lutte naturelle
Sarita Balmokune poursuit que « la collection végétale du jardin est constamment menacée par le changement climatique et les insectes, tels que les termites. » Avec l’aide du département d’entomologie du ministère de l’Agro-industrie et des chercheurs du CIRBAT, le programme de contrôle termites au SSRBG semble avoir été une réussite. Les tunnels creusés par les bestioles sont grattés, les nids visibles à l’œil nu sur les arbres sont détruits, les branches infectées sont élaguées — des ascenseurs spéciaux ont été utilisés pour l’opération — et le termiticide est pulvérisé sur le tronc. Elle souligne par ailleurs que le bois infecté est brûlé dans des trous pour tuer les termites et empêcher la réinfestation des arbres. Si depuis 2014 les autorités tentent de mettre un terme à cette infestation, c’est en 2019 que démarre concrètement le projet avec l’ORLAT de La Réunion, avec pour objectif de lutter contre les infestations de termites et autres espèces nuisibles au Jardin botanique de Pamplemousses. Ainsi, avec l’aide de La Réunion, le personnel du SSRBG Trust a été formé et sensibilisé à la problématique de termites et aux traitements préventifs et curatifs réalisables sur les arbres.

En outre, la cartographie des infestations de la SSRBGT a aussi été réactualisée, de même que l’inventaire des arbres infestés. Par ailleurs, si plusieurs méthodes innovantes ont été employées afin de répondre au mieux aux enjeux de conservation de la diversité du jardin, les chercheurs des deux équipes mauricienne et réunionnaise ont proposé la continuité du projet en présentant le projet de Préservation de la biodiversité du Jardin de Pamplemousses (PENELOPE), qui consistera à proposer de nouveaux moyens plus économiques et écologiques pour combattre les termites dans le jardin, l’île et la région. « La lutte chimique a fait ses preuves, mais il est temps d’entrer dans une lutte plus durable », insiste Sarita Balmokune.

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Jany-Damien Cardia, responsable de l’ORLAT, qui a travaillé sur les termites mauriciens, parle ainsi de « suivre les pièges installés pendant la première phase du projet et d’intégrer la possibilité de lutter contre les termites avec des substances non issues de la chimie, mais avec des essences naturelles, et pour cela, nous allons faire des essais pour voir si ces termites peuvent être repoussées par ces extraits de plantes, car effectivement, il y a des champs d’investigation à faire. »Vishnu Tezoo (CEO du SSRBG) :
« Bonne direction pour la préservation des forêts à Maurice »
Pour le nouveau CEO du Jardin botanique et ancien conservateur des Bois et Forêts Vishnu Tezoo, cette initiative va dans la « bonne direction pour la préservation des forêts à Maurice. Ce qui se passe au Jardin de Pamplemousses peut être le point de départ pour un plus gros projet de restauration des arbres forestiers mauriciens », dit-il. « Avec ce projet, il y a eu un énorme transfert de connaissances entre les différentes équipes de chercheurs et cela peut emboîter le pas à d’autres collaborations futures. D’ailleurs, toutes nos forêts à Maurice font face à un problème d’infestation de termites, qui font en même temps partie de l’écosystème et font un travail important. Il est donc important de contrôler la population des termites pour éviter des dégâts trop importants. »

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