Le Kolektif Reparasyon Avansman Kreol – K.R.A.K plaide pour reconnaissance, justice et réparation

À l’occasion de la Journée internationale des personnes d’ascendance africaine, le Kolektif Reparasyon Avansman Kreol (K.R.A.K) a organisé, ce dimanche 7 septembre, une conférence au Plaza, Beau-Bassin/Rose-Hill. Placée sous le thème « From Chain to Change: Remembering the Past, Shaping the Future », cette rencontre visait à rappeler le poids de l’histoire tout en ouvrant des perspectives pour l’avenir.

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Rebeka Marthe Jeanneton, membre d’« Ansam Sitwayen » et représentante du (K.R.A.K), a tiré la sonnette d’alarme sur les obstacles économiques auxquels se heurtent « les entrepreneurs créoles ». Selon elle, l’appui des institutions publiques et bancaires demeure insuffisant, rendant leur parcours encore plus difficile. Le collectif souhaite ainsi accompagner et former les entrepreneurs, « hommes et femmes créoles », afin de les guider dans le monde des affaires et leur offrir de meilleures perspectives d’avenir.

Invitée par le KRAK, la junior ministre des Arts et de la Culture, Véronique Leu Govind, a pour sa part insisté sur l’importance d’écouter les revendications  un communauté toujours confrontée à de fortes discriminations. Elle a rappelé que ce combat relevait directement de son ministère. « En 2025, il est temps de se lever contre toutes les formes de discrimination. Nous vivons dans un pays multiculturel où chaque communauté doit trouver sa place », a-t-elle déclaré. La  junior ministre a regretté que les Créoles soient souvent mis en avant uniquement lors du Festival Kreol mais plaide pour une représentation constante, notamment au Parlement et dans la fonction publique. Elle a appelé à instaurer une conférence permanente et un dialogue régulier pour construire un véritable vivre-ensemble.

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Elena Rioux  de son côté, rappelé que la valeur ancestrale ne se limite pas aux origines ou au lieu d’où l’on vient, mais qu’elle constitue une mémoire vivante. Alors que de nombreuses communautés disposent d’archives officielles, les descendants d’esclaves doivent encore se tourner vers les registres conservés au sein du diocèse. « J’ai demandé à Jean Michaël Durhone de nous ouvrir cet accès afin que nous puissions vraiment connaître notre histoire », a-t-elle expliqué. En présence de la ministre, elle a aussi insisté sur la dimension patrimoniale du séga : « Ce n’est pas seulement un séga typique, mais un héritage, une valeur ancestrale. Le mot, le son qui sort de la bouche, c’est une mémoire que nous portons. Nous espérons que la ministre saura trouver une solution pour préserver et valoriser cet héritage. »

Bruneau Laurette a, lui, affirmé que l’heure est venue pour le peuple créole de Maurice d’obtenir réparation, reconnaissance et justice. Il a rappelé que cette communauté reste victime de nombreuses discriminations, une situation reconnue également par l’Union africaine, la SADC et l’Union européenne. « L’heure est venue de rassembler nos forces pour réclamer nos droits et faire inscrire notre identité dans la Constitution », a-t-il lancé. Aux côtés de Me José Moirt, il a aussi annoncé une deuxième étape : l’engagement d’actions judiciaires contre les pays colonisateurs, jugés responsables en partie de la situation actuelle. Selon lui, les discriminations subies par les Créoles ont entraîné des retards économiques, sociaux, infrastructurels et professionnels. « L’heure est à la réparation, l’heure est à la reconnaissance et l’heure est à la justice », a-t-il martelé.
Militante de longue date dans le domaine social, Priscila Sambadou a rappelé que son engagement est né de la réalité du terrain. Confrontée aux difficultés vécues par de nombreuses familles mauriciennes, elle a travaillé auprès de groupes de femmes pour recueillir leurs témoignages et porter leurs revendications. « Nous avons soumis des propositions aux partis politiques avant les élections afin qu’elles figurent dans leurs programmes », a-t-elle rappelé. Mais au-delà de ces initiatives, elle a insisté sur la nécessité de l’unité : « Si nous restons dispersés, nous perdons notre voix et notre force. Il faut aller dans la même direction, avec un même projet et une même cause. » Selon elle, le KRAK a justement pour vocation de porter cette unité et de lutter pour la réparation des injustices subies par le peuple créole. « Nous avons choisi de nous réunir et de marcher ensemble, car c’est dans l’unité que se trouve la clé du progrès », a conclu Priscila Sambadou.

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Cette rencontre a enfin été marquée par le lancement du projet « Mission Justice: Send Our Voice to London ». À travers cette initiative, le KRAK souhaite porter la voix mauricienne au-delà des frontières, en l’inscrivant dans une dynamique mondiale de lutte pour la dignité et la réparation.

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