Le long du Sud-Est : Le Groupe Beau-Vallon renforce sa vocation agricole avec un nouveau boost

– 75 hectares en friche repassent sous culture de canne et 80 hectares supplémentaires convertis en 2026

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– Diversification accélérée avec la culture de fruits, de vanille et de macadamia

De Riche-en-Eau à Pointe-d’Esny, en passant par Beau-Vallon, des hectares de terre, autrefois sous culture de canne ou abandonnés, connaissent une transformation. Le groupe Beau-Vallon apporte en effet un nouveau boost à son pôle agricole, à travers la diversification, selon les pratiques agroécologiques. Plants de vanille, de macadamia, de pitaya, entre autres, attendent leurs premières récoltes, aux côtés des fruits tropicaux, tels que la banane, le fruit de la passion ou la papaye, qui occupent déjà le terrain. Parallèlement, le groupe a pris la décision de réinvestire dans la canne à sucre et poursuit sa culture de l’oignon et de la pomme de terre.

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La sucrerie de Riche-en-Eau a été autrefois un acteur économique majeur dans la région Sud de l’île. Avec les évolutions sur le marché sucrier, l’industrie a été repensée à Maurice. Le groupe Beau-Vallon, propriétaire de la sucrerie, a aussi diversifié ses activités, sans délaisser pour autant, l’agri-business. À ce jour, 1 800 hectares sont toujours sous culture de canne.

L’année 2025 marque une reconquête de ce secteur, avec la reconversion de 75 hectares en friche, sous culture de canne. L’année prochaine, 80 hectares supplémentaires passeront également sous culture de cannes. « Nous croyons dans le sucre », affirme Pierre-Philippe Lenferna, Chief Operating Officer de Beau-Vallon Agri-Business.

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En parallèle, la diversification agricole se poursuit. Le groupe est déjà un gros producteur de pomme de terre et d’oignon. La récolte est en cours. Ainsi, 1 230 tonnes de pommes de terre et 170 tonnes d’oignon sont attendues cette année. Les cultures maraîchères et de fruits tropicaux, tels que la banane, la papaye, le litchi et le fruit de la passion, permettent d’approvisionner les trois hôtels du groupe et le marché local.

Beau-Vallon Agri-Business explore également de nouveaux marchés, avec la culture de vanille et de macadamia. Deux sites – un en plein champ et l’autre sous serre -, accueillent les plantations de vanille. Les vitro plants ont été importés de La-Réunion. « Nous voulions nous assurer qu’ils soient sains », explique Pierre-Philippe Lenferna. La première floraison est attendue cette année. « La pollinisation se fait à la main, de fleur en fleur », explique Jahnavi Gopal, assistante à la diversification. Dans un premier temps, le groupe s’attend à récolter 600 kg de vanille par an, destiné au marché local et aux boutiques touristiques. La variété Planifolia, la plus connue, est privilégiée.

Bienfaits du macadamia

Autre nouveauté : la culture de macadamia. Cette noix connue pour ses bienfaits sur la santé – elle aide notamment à réguler le cholestérol – est plantée sur 15 hectares, à côté des litchis et bananes. Les plantes datent de quatre ans et sont actuellement en pleine floraison. La première récolte pourra se faire très bientôt. Le groupe vise à récolter 500 kg de macadamia par an, pour les hôtels et le marché local, dans un premier temps.

D’ici quelques semaines, la culture de citrus viendra s’ajouter à la liste de diversification agricole. Il s’agira principalement de citron, de mandarine et de tangelo. Les plantules ont déjà été reçues de l’étranger, mais une période de six mois de quarantaine doit être respectée, avant la mise en terre.

D’autre part, la culture de fruits tropicaux n’a pas été négligée. À Beau-Vallon, huit hectares sont consacrés à cela. Les papayers nains croulent sur le poids d’énormes fruits, bientôt prêts pour la récolte. Les fruits de la passion – jaune et mauve – seront aussi prêts pour le marché et les hôtels, tandis que les vieux manguiers ont été élagués pour être revitalisés. Deux tonnes de grenadines et quatre tonnes de papayes sont attendues par an.

Faire face à la sécheresse

Dans un deuxième temps, la récolte de pitaya et de vanille pourra aussi se faire à Beau-Vallon. Ici également, les principes de l’agroécologie sont privilégiés. Pour faire face au vol, des caméras ont été installées. Un service de gardiennage est aussi assuré et le site est clôturé.

À cette période de l’année, la coupe bat son plein pour la production sucrière. Depuis 2019, cette opération est 100% mécanique, explique Jacques Edgard Béga, Field Manager. La canne n’est plus brûlée, comme cela se faisait auparavant pour la débarrasser de sa paille. « Aujourd’hui, la paille est préservée pour nourrir le sol et prévenir l’apparition des mauvaises herbes. » À ce jour, le fertilisant liquide et des granulés sont utilisés pour la canne, mais très bientôt, le compost sera introduit. « Cela va nous aider au niveau du rendement et refaire la structure du sol. »

L’objectif est d’être plus efficient pour ce qui est l’irrigation également. Actuellement, l’irrigation par pivot et le dragline sont utilisés. Les terres de Beau-Vallon ne possédant pas de Boreholes, l’eau est puisée directement des rivières ou récupérée de la pluie. En période de sécheresse, la situation s’avère compliquée, car les autorités imposent des restrictions. « À Pointe-d’Esny, nous sommes dans la partie la plus basse de nos champs. Nous sommes les derniers sur la rivière. Si nous n’utilisons pas cette eau, elle va finir dans la mer. Mais les autorités ne comprennent pas cela. En période de sécheresse, on nous impose des restrictions pour l’irrigation alors que nous ne prenons pas une goutte du réseau de la CWA », déclare-t-il.

À l’ère de la transition écologique, le retour vers la terre prend tout son sens. Le groupe Beau-Vallon s’appuie sur sa première vocation, pour poursuivre sa diversification, dans le paysage économique.

L’agroécologie privilégiée

Pour une agriculture durable et des produits sains, Beau Vallon Agri-Business a adopté les pratiques agroécologiques. Yann Goblet, responsable de la diversification, de la pépinière et des vergers, explique que cette approche favorise l’échange entre les plantes, les insectes et autres micro-organismes. « Cela permet une production durable. Le sol n’est pas nu. Quand il n’est pas recouvert de paillage, les herbes poussent à côté des cultures. Nous travaillons avec la nature, pas contre elle. Les herbes sont contrôlées par arrachées, car elles aident à préserver le sol. »

De même, le sol est nourri avec de la fiente et la litière des poules. Le paillage permet de protéger les bactéries, leur permettant de décomposer les matières organiques. Elles contribueront à aérer les racines des plantes. Beau Vallon Agri-business a commencé à produire son propre composte, avec de la paille de cannes, de la cendre, de la fiente de poule et le déchet vert. L’objectif est de produire 450 tonnes de compost par an.

La fibre de coco est utilisée comme substrat, particulièrement pour les plantes de vanille. Les bananeraies sont aussi traitées au naturel. « Il n’y a pas d’intrants chimiques. Ce sont des bananes bio. Les feuilles malades sont enlevées à la main et les régimes sont recouverts de gaines. Cela les protège des champignons, des insectes et des oiseaux. De même, les mauvaises herbes et lianes de patate sont tolérées dans les bananeraies, afin de préserver le sol », explique pour sa part, Yona Radegonde, assistante en diversification.

Quel avenir pour l’oignon et la pomme de terre ?

Beau-Vallon Agri-Business est l’un des plus gros producteurs d’oignons et de pommes de terre à Maurice. Actuellement, une soixantaine d’hectares est sous culture de la pomme de terre. La récolte est estimée à 1 230 tonnes cette année. L’oignon – rouge et blanc – est cultivé sur six hectares et la récolte prévue est de 170 tonnes.

Toutefois, l’avenir pour ces deux produits demeure incertain. « Le problème, c’est que les prix de l’oignon et de la pomme de terre sont fixés par les autorités. Or, les coûts de production ne cessent d’augmenter. Nous ne savons pas jusqu’à quand nous pourrons tenir », fait comprendre Pierre-Philippe Lenferna.

Dans le champ de Pointe-d’Esny, la récolte d’oignon bat son plein. Celle-ci durera jusqu’au mois de décembre. Nand et son équipe sont à pied d’œuvre. Après 26 années dans les champs de cannes, il s’est vu confier la responsabilité des champs d’oignon. Il commence le travail à 5h du matin, avant d’être rejoint par son équipe, constituée principalement de femmes. Leur journée s’arrête à midi.

Les graines sont semées au mois de mai. Après deux mois d’arrosage régulier, l’apport en eau est réduit, afin de ne pas compromettre la récolte. Car l’oignon n’aime pas l’eau. Ce qui explique pourquoi il est cultivé sur des terrains rocheux, ce qui facilite le drainage.

Au moment de la récolte, les plantes sont arrachées et disposées dans les champs pendant deux jours. Une technique qui vise à les laisser sécher à l’air, avant qu’elles soient ramassées, triées et mises en sac. La récolte est de 40 tonnes par hectare. L’oignon de Beau-Vallon est vendu en gros à un revendeur et à l’Agricultural Marketing Board.

Thierry Merven (CEO Beau Vallon Group) : « Des produits frais, du champ à l’assiette »

« Il y a 20 ans, les revenus du sucre représentaient plus de 95% des revenus du groupe. Aujourd’hui, il représente tout juste 25%. C’est dire à quel point la diversification a été importante.

« Toujours est-il que nous abordons une reconquête au niveau de la canne. Il y a des terrains qui étaient en friche, que nous avions abandonnés, parce que c’était difficilement mécanisable ou qui n’étaient plus rentables, puisque le prix du sucre était tellement bas.

« Aujourd’hui, avec la remontée du prix du sucre, il y a matière à reconquérir ces terres. Nous avons un programme de reconquête de plus de 150 hectares pour la culture de la canne. Nous avons fait 50% l’année dernière et le reste sera réalisé entre cette année et l’année prochaine. Déjà cette année, nous allons récolter 125 000 tonnes de cannes, qui seront envoyées à l’usine d’Omnicane.

« Par ailleurs, cela fait des années que nous sommes un gros producteur de pomme de terre, à travers Copesud. Nous produisons aussi de l’oignon et nous avons recréé des vergers de fruits, car il y a un besoin en fruits tropicaux. Auparavant, il y avait beaucoup de vergers dans l’île, mais ils ont été abandonnés, notamment à cause des cyclones.

« Nous réintroduisons donc ces vergers, avec de la mangue, la papaye, les litchis, grenadines, mais aussi des pitayas, macadamias, entre autres. Nous avons aussi deux réserves de chasse où nous produisons environ 250 à 300 têtes de cerf pour le marché. Par ailleurs, nous introduisons la biomasse, à travers les eucalyptus. Nous avons une plantation d’eucalyptus sur une surface de 180 hectares. Ce sera utilisé essentiellement pour la biomasse. Nous attendons que le Biomass Framework soit révisé et espérons que le prix proposé sera viable. Les eucalyptus seront transformés en copeaux de bois qui seront envoyés aux centrales thermiques pour la production de l’électricité. C’est une des alternatives importantes à la production actuelle.

« Nous essayons aussi de créer une synergie entre nos différentes activités. La production agricole sera partiellement utilisée dans nos hôtels. Ce qui correspond à la pratique du champ à l’assiette, qui permet d’avoir des produits frais, de chez nous et plus sains, à partir de l’agriculture raisonnée. »

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