Nicolas Couronne et Amarnath Hosany ont reçu le lundi 27 octobre le Prix Jean-Fanchette 2025, doté de 50 000 roupies (chacun). Le Prix Jean-Fanchette a 33 ans ! C’est la 15e fois depuis 1992 que le coordinateur du prix, Issa Asgarally a pris la parole pour rappeler les objectifs du Prix Jean-Fanchette dont la principale est d’honorer la mémoire du psychanalyste, poète, essayiste, éditeur. J.M.G. Le Clézio, Président du jury a salué deux manuscrits parmi les 32 textes envoyés entre le 27 août et le 22 septembre : Le Clown d’Amarnath Hosany et Le regard de l’ancêtre esclave de Nicolas Couronne. Le Clown d’Amarnath Hosany « un roman qui dénonce la discrimination ethnique vécue par un enfant à Maurice », selon Le Clézio et le manuscrit de Nicolas Couronne est résumé comme « un beau texte inspiré par l’histoire exemplaire de deux jeunes mauriciennes esclaves déportées en 1835 au bagne de l’Australie… » La cérémonie s’est déroulée à la Mairie de Beau-Bassin/ Rose Hill en présence de la mairesse Gabriella Batour et un parterre d’invités.
« L’écriture est une façon de dénoncer… »
Amarnath Hosany, auteur qui a essayé le genre romanesque, a déjà obtenu deux mentions au Prix Jean-Fanchette pour Les Papillons de Richa et Les guérisseurs. Le Clown interroge l’époque actuelle : « C’est un roman qui brosse une image de Maurice on parle de l’esclavage du point de vue des esclavagistes…là c’est la discrimination vécue au sein de la famille. Ça vient de l’intérieur et bien sûr tout ce qui se passe autour, un ensemble de l’île Maurice hypocrite. C’est ce qu’on voit tous les jours, on est interpellé par tout ce qu’on voit…on accepte. Je pense que l’écriture est une façon de dénoncer pas mal de choses sans vouloir être moralisateur, on présente les faits… »
« C’était comme une main tendue du passé… »
Nicolas Couronne le rejoint pour présenter des faits réels juste après l’abolition de l’esclavage. Il évoque dans son manuscrit une histoire vraie, celle de Constance Couronne, la plus jeune condamnée de l’histoire d’Australie. « Elle a une histoire fascinante, une histoire vraie, c’est un pan de notre histoire …c’est une histoire de notre pays qu’on devrait savoir, des faits réels…un manuscrit à la croisée de l’histoire, de la mémoire mais aussi une aventure humaine. Je vais aller à la recherche de l’histoire de cette dame… (un parent selon ses recherches) On a des ancêtres qui étaient esclaves. C’était comme une main tendue du passé et là j’ai voulu connaître son histoire. La petite Constance a huit ans. Elle était sur la propriété de Mont Désert Mon trésor. Elle va être envoyée chez une dame Maurel pour apprendre à coudre et le 11 mai 1832, un drame chez Mme Maurel la petite Constance va être accusée d’avoir mis un produit dans le thé de Mme Maurel avec sa cousine Elizabeth et en cherchant dans les archives elle a été manipulée par une esclave adulte, jugée, condamnée et déportée à 9 ans et envoyée à Nouvelle Galles du Sud en Australie. En posant le pied à Sydney, elle devenait la plus jeune condamnée de l’histoire d’Australie… »
En attendant la lecture de ces romans abordant des thèmes comme le racisme, l’injustice, l’exclusion, ou encore l’histoire refoulée, Issa Asgarally a rappelé des projets importants pour l’avenir de la lecture et du livre dont «Livres pour tous » de la Fondation pour l’Interculturel et la Paix. Il a aussi invité les éditeurs et les fonds d’aide à la publication, à soutenir la publication des textes non primés, pour que ces textes ne tombent pas dans l’oubli.

