Le report progressif de la BRP de 60 à 65 ans : Au coeur de la nécessité budgétaire et de l’inquiétude de la population

Le report de l’âge d’éligibilité à la pension de retraite de base (BRP) à 65 ans, annoncé dans le Budget 2025-2026, suscite une vive controverse à Maurice. Cette mesure, bien que motivée par des impératifs de soutenabilité financière, est perçue par une large partie de la population comme une atteinte au contrat social établi depuis des décennies.

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Les raisons avancées par le gouvernement
Le gouvernement justifie cette réforme par la nécessité de préserver la viabilité du système de retraite face au vieillissement démographique et à l’augmentation des dépenses publiques. Selon les projections, la part de la population âgée de 60 ans et plus devrait passer de 13 % en 2013 à 30 % en 2050, entraînant une hausse significative des dépenses liées aux pensions .

De plus, les dépenses publiques en matière de pensions devraient augmenter de 3,7 % du PIB en 2013 à plus de 11 % du PIB d’ici 2060, selon les estimations du FMI . Dans ce contexte, le report de l’âge de la retraite est présenté comme une mesure nécessaire pour contenir la croissance des dépenses et assurer la pérennité du système.
n Les critiques et l’opposition de la population

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Malgré les justifications économiques, cette réforme est largement décriée par la population et les syndicats. La Confédération des Travailleurs du Secteur Privé (CTSP) a qualifié la décision de “soudaine et injuste”, soulignant qu’elle pénalise les travailleurs ayant cotisé toute leur vie en repoussant l’âge de la retraite sans mesures compensatoires .
Les critiques portent également sur l’absence de concertation préalable et sur le manque de mesures d’accompagnement pour les travailleurs proches de la retraite. De nombreux citoyens expriment leur inquiétude quant à la possibilité de travailler jusqu’à 65 ans, notamment dans des secteurs exigeants physiquement.

Conséquences sociales et politiques
Cette réforme risque d’avoir des répercussions sociales importantes, en particulier pour les travailleurs à faibles revenus et ceux exerçant des métiers pénibles. Elle pourrait également accentuer les inégalités, les personnes ayant les moyens de prendre une retraite anticipée étant moins affectées que celles dépendant exclusivement de la BRP.

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Sur le plan politique, cette mesure pourrait éroder la confiance de la population envers le gouvernement, notamment si elle est perçue comme une rupture du contrat social. Elle pourrait également devenir un enjeu majeur lors des prochaines élections, les partis d’opposition ayant déjà exprimé leur intention de revenir sur cette décision.

Perspectives et alternatives

Face à la contestation, le gouvernement pourrait envisager des mesures d’atténuation, telles que :
l La mise en place de dispositifs de retraite anticipée pour les métiers pénibles.
• L’introduction de mécanismes de transition progressive vers le nouvel âge de la retraite.
• La création de programmes de formation et de reconversion pour les travailleurs âgés.
Par ailleurs, une réforme plus globale du système de retraite, incluant une meilleure articulation entre les régimes contributifs et non contributifs, pourrait être envisagée pour assurer sa soutenabilité tout en préservant l’équité sociale.

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