Les 30 bougies de Varangue sur Morne illuminent la côte Ouest

José Hitié, le visionnaire : « Le Morne, c’est un vrai sentiment de liberté »

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Ce lundi 1er août, Varangue sur Morne a célébré ses 30 ans d’existence et respire à foison ce goût de l’authenticité. Le visionnaire José Hitié peut s’enorgueillir du succès de sa démarche qui a fait écho à travers le monde. Il ambitionne désormais de développer ce lieu en un éco-village holistique. Mais qui mieux saurait garder intacte l’âme de Varangue sur Morne que José Hitié lui-même ? Il a su poser les jalons de la réussite grâce à sa rigueur de travail. Généreux, il a su s’ouvrir au monde et son audace s’est avérée payante. Une Success Story, qui s’écrit dans le temps, conjuguée en halte d’escales de rêve pour les touristes qui peuvent profiter pleinement d’une vue imprenable sur la montagne du Morne et respirer un sentiment de liberté.

Il aurait pu continuer à vendre du rêve avec la qualité de son bois Touchwood International Ltd. Mais José Hitié, en parfait homme d’affaires, a eu le flair d’ouvrir le 1er août 1992 le restaurant Varangue sur Morne, devenant du coup le pionnier de l’écotourisme dans cette partie Sud-Ouest de l’île. Sa passion pour le tourisme vert l’a encouragé à acquérir un terrain longeant le parc national. Lui parle de rencontre fortuite avec des touristes à la recherche d’un lieu pour se désaltérer. Varangue sur Morne, comme le raconte en toute modestie José Hitié, n’était qu’à ses débuts une vieille maison de garde-chasse jouxtant une écurie et une cressonnière. Sa maison de campagne est devenue le restaurant Varangue sur Morne.

Les années conforteront José Hitié dans sa conviction pour son projet. José peut s’enorgueillir d’être l’unique propriétaire du lieu et la vue sur le Morne se présente à lui comme un trésor inespéré, une quête du Graal. Cet endroit offre tout ce qu’il y a de plus serein, de vue imprenable, une zénitude et surtout une paix d’esprit tombée à point nommé en cette période de pandémie. Il peut disposer des produits de ce terroir, et sait combiner leurs saveurs dans la marmite.

En véritable alchimiste, José Hitié a tout pensé avec ce souci du détail comme il se plaît à le dire. L’homme est exigeant, à la limite perfectionniste, mais possède aussi un cœur généreux quand il ouvre la porte de son restaurant pour accueillir un client, un ami ou un parfait inconnu. À sa table, les produits du terroir occupent une place importante : cerf, sanglier, et sa recette phare, le gratin chouchou au marlin fumé. « Un client a écrit une note folklorique sur TripAdvisor : “On a mangé du curry au milieu de la jungle”. »

Ouverture sur le monde

On s’attarde sur le décor, du bois tekoma au sol, des madriers de chemin de fer recyclés en mahogany. « Quand j’ai trouvé ce domaine de 17 arpents à l’orée du parc national en 1990, j’avais pensé avoir trouvé mon coin de paradis. Moi, qui avais fait du bois ma passion, étais heureux de me retrouver à écouter le chant des oiseaux et quand le temps s’arrête, c’était une aubaine de se plonger dans le silence et de respirer cette nature verdoyante », laisse-t-il aller en confidences.

José Hitié a voulu au départ convertir la case de gardien de l’ancien propriétaire en chalet forestier, mais le hasard de la vie l’a amené à rencontrer des touristes qui se plaisaient devant cette vue superbe mais qui se désolaient de n’avoir aucun pied-à-terre pour se désaltérer. La case du gardien s’est depuis métamorphosée en un magnifique restaurant avec une vue à couper le souffle et une architecture créole se mariant à la perfection avec le terroir au reflet d’un métissage pluriel.

« Le Morne, c’est un symbole de liberté. C’est un privilège d’offrir cet espace de vie à l’infini. Quand je reçois du courrier écrit ‘Varangue sur Monde’ au lieu de Morne, je rigole, car c’est un peu la destination voulue : permettre aux touristes de différents coins du monde de se retrouver ici, sous cette varangue. » Cette phrase ne peut que bien résonner en cette période de pandémie provoquant du coup une vraie bouffée d’oxygène.

José Hitié se rappelle ses débuts difficiles lorsqu’il a fallu transporter de l’eau dans un baril, des réfrigérateurs fonctionnant au gaz, sans oublier le passage du cyclone Hollanda qui avait dévasté la varangue qui a nécessité cinq mois de travaux de reconstruction. En 2003, le jardin de Varangue sur Morne a même reçu le prix de l’environnement. Nostalgique des années qui passent, José Hitié semble se requinquer. Ce bon vivant retrouve toujours le sourire à travers de nombreux projets qu’il met sur papier, et vérifie à deux fois, histoire de ne rien louper.

Actuellement, le Covid ne lui permet pas de remplir son restaurant à 100%, et le marché chinois est au ralenti. Il se réjouit de la réputation de son enseigne Varangue sur Morne et que plus de tour-opérateurs fassent découvrir aux clients ce lieu. « Plus de gens voyagent. Nous n’avons pas augmenté les prix, mais nous avons réussi à fidéliser une clientèle. Le mois de novembre a été un record. Il y a eu moins de clients en décembre et janvier et juillet et août. Mais, cela reprend crescendo », note avec satisfaction José Hitié. Il est d’avis que le profil du client a changé, avec la venue de touristes polonais en plus grand nombre. « Ce qui me rend heureux, c’est quand les gens reviennent en couple. Les clients ne sont plus dans l’expectative, on doit leur apporter plus d’attention au lieu de s’attarder sur les restrictions alimentaires. »

« On fait de la haute culture »

José Hitié raconte ses anecdotes et se revoit en train de faire du vélo, un dimanche matin. Et Jean-Pierre Chaumard, son ami, qui lui dit de prendre un taxi pour accueillir Jacques Chirac qui arrive à Varangue sur Morne dans 45 minutes. « J’ai dit bonjour Monsieur le Président avec mon vêtement de cycliste. Sonia Gandhi était la personne la plus surveillée au monde. J’ai compris ce qu’est la sécurité, en voyant des tireurs d’élite sur les toits. Sonia Gandhi ne marchait pas, elle courait. »

José, en bon patron, a aussi une pensée spéciale pour son équipe dont certains qui sont là depuis 30 ans. Il y a le chef Patrick Babooram, Marco, le maître d’hôtel, Jimmy, Mylène.
Quant au menu proposé, José Hitié n’en démord pas : « Ici, ce n’est pas de la haute couture, mais de la haute culture comme le gratin chouchou au marlin fumé. Nous donnons priorité aux produits du terroir. Avant, on était à 80 couverts, maintenant, on est à 250 couverts, voire 300. »

En 30 ans, il y a eu des hauts et des bas, mais comme José ne vend pas que du rêve, il est parvenu à maintenir le cap. Il se distingue principalement par sa rigueur du travail, son sens de la créativité et surtout la motivation permanente de son personnel pour garder la barre haut, au point d’être doublement heureux de constater que les Mauriciens font de plus en plus de réservations chez lui. « On a créé un produit, mais c’est le marché qui décide du succès et Varangue sur Morne se démarque en offrant une vue imprenable sur la montagne du Morne. »

Un bel enseignement de vie

Optimiste à souhait, José Hitié se réjouit des commentaires élogieux des clients sur TripAdvisor. Il a réussi son pari de garder jusqu’au bout cette authenticité qui est l’âme de Varangue sur Morne. « On veut tous un tourisme durable, culturel et authentique. Ma suggestion, c’est de faire comme la France, de valoriser et classer des villages. Chamarel et Plaine-Champagne sont tout indiqués avec leur café, leurs terres, les cascades. Il y a tous les ingrédients pour que ce village se détache et passe au statut de patrimoine. Je souhaite voir des aires de parking le long des routes de Plaine-Champagne. Les Mauriciens ont le droit d’être des touristes chez eux. »

Aujourd’hui Varangue sur Morne accueille une moyenne de 100 clients par jour. Selon José Hitié, les gens ont pris conscience de la valeur de l’espace. « Il faut aller vers un éco-village. Avant de mettre en place le projet de restauration de Varangue sur Morne, je voulais développer un centre de bien-être à l’arrière de Jumbo. Sir Gaëtan Duval m’avait dit que c’est ici qu’il fallait tout développer. Et il avait pensé même à un hôtel cinq-étoiles à Plaine-Champagne. J’ai jeté les bases et Varangue sur Morne jouit après 30 ans d’une solide réputation. C’est un vrai tableau, voir un bijou posé dans la nature avec vue sur la montagne du Morne. Que demander de plus ? »

José Hitié veut se mettre au niveau des autres et partager ses expériences. Il croit fermement dans le “day to day management”, le souci du détail, la communication. « Si on n’est connu que des étrangers, on n’a pas de grande valeur. Et c’est encourageant de voir les Mauriciens profiter de ce cadre. Des navettes de transport sont à l’étude », dit-il.
L’homme au grand cœur n’a pas fini de rêver, et un peu comme le roi Midas, il a cette capacité de transformer en or ses projets. Le chemin a été ardu, souvent, mais l’entrepreneur n’a jamais baissé les bras. Trente ans après, il a toujours dans le regard ce sentiment de satisfaction et cette fierté d’avoir su relever des défis et faire de Varangue sur Morne une ouverture sur le monde.

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