Les Nouveaux drains et la reconstruction du mur du cimetière complété : St-Jean libéré des fantômes du passé ?

Rs 180 millions et Rs 7 millions. Ce sont les montants injectés, respectivement, dans l’aménagement d’un système de drains moderne, le long de Old Moka Road à St-Jean, et dans la construction du mur d’enceinte du cimetière, l’ancien ayant été balayé par les eaux. Pour des raisons d’urgence impérieuse, suite aux inondations monstres et dévastatrices qui s’y sont succédé depuis 2021, la construction express des nouveaux drains, lancés il y a un an, a été menée jusqu’à l’espace vert longeant le bâtiment ovale de la MCB, pour finir sa course à Rivière Sèche. Les travaux sont terminés. St-Jean sera-t-il pour autant libéré des fantômes du passé ? La question est sur toutes les lèvres du côté de riverains, qui n’ont pas effacé de leur mémoire le sinistre épisode du 15 janvier 2024, perturbant la quiétude des morts qui reposent dans au cimetière.

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On pensait avoir assisté au pire, le 13 mars 2022, après les images stupéfiantes de pompiers en pleine intervention pour évacuer les passagers d’autobus de la CNT pris au piège avec une soudaine montée des eaux à Old Moka Road, St-Jean. L’effondrement, le 8 novembre 2023, du mur du cimetière, à la suite d’un nouvel épisode de fortes averses, ouvrira la fenêtre sur une catastrophe de plus grande envergure. L’indignation atteint son paroxysme le 15 janvier 2024, après le déversement des trombes d’eau dévastatrices du cyclone Belal et des restes de crânes retrouvés dans la cour d’un habitant, dans le sillage de l’effondrement d’un autre pan du mur d’enceinte du cimetière.

Trois dates, trois événements majeurs. Du jamais vu avant l’aménagement des infrastructures en béton du projet Metro Express dans cette artère principale de la ville des fleurs. Requérant l’anonymat, un expert en urbanisme ne passe pas par quatre chemins : « Ça me fait sourire d’entendre des membres de l’ancien régime et ex-conseillers municipaux se vanter d’avoir orchestré la construction de nouveaux drains tout en reprochant au nouveau gouvernement de s’arroger la paternité du projet. Ils devraient, au contraire, faire profil bas. La construction d’un système de drains adéquat avant la construction de la plateforme du métro, où l’eau dévale depuis Trianon et Phoenix, aurait évité cette catastrophe. On pourra parler de changement climatique ou autre, mais plutôt commencer par apprendre à mieux connaître les parcours de l’eau dans la ville et les régions avoisinantes, puis intégrer ces contraintes aux documents de planification urbaine. »

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Présent mercredi à l’inauguration des nouveaux drains et du mur d’enceinte du cimetière, et à la réouverture de Old Moka Road à la circulation — un soulagement pour les automobilistes dans un zone où les embouteillages sont légions aux heures de pointe —, le ministre des Infrastructures nationales, Ajay Gunness, a rappelé les graves incidents passés, dont l’effondrement du mur du cimetière. Il a salué « la coordination entre les parties prenantes malgré les défis techniques, notamment la présence d’une conduite d’égout en amiante. » Reste à savoir si la mise en opération du nouveau système de drain, long de 820 mètres, reliant Old Moka Road à Rivière Sèche, doté d’une structure de renforcement de trois mètres, produira l’effet escompté dans la réduction des risques d’inondation à travers l’évacuation efficace des eaux pluviales émanant de Sodnac, Quatre-Bornes et Phoenix. On devrait être fixé dans le cadre d’un nouvel épisode de flash floods  directement liées au changement climatique qui ira en s’accentuant.

Une petite escapade à St-Jean et Belle-Rose nous a permis de tâter le pouls de ceux qui ont assisté de leurs yeux horrifiés les événements, tant spectaculaire qu’affligeant, du 15 janvier 2023, pendant le cyclone Belal. Rien ne semble apaiser la crainte des riverains qui n’ont pas encore totalement pansé les plaies infligées par ce traumatisme. Au gré des rencontres, on tombe sur Marc, qui ressasse l’image des tombes affaissées ou ensevelies sous la boue et les restes de crânes qui se sont retrouvés dans la cour d’un ami. « C’est bien d’avoir construit des nouveaux drains, mais il est hors de question de sauter de joie et de se dire qu’on ne vivra plus ce cauchemar, car il est notoire que de nombreux projets de ce genre, orchestrés dans les quatre coins de l’île, ont tourné au fiasco », dit-il.
Les habitants de l’avenue De La Faye à Belle-Rose auraient également voulu passer à autre chose, sauf que, 30 mois après ces inondations ayant provoqué des dégâts matériels à l’étendue jamais constatée auparavant, ils préfèrent prendre avec des pincettes les derniers développements orchestrés. « Des choses trop graves se sont déroulées à Quatre-Bornes pour qu’on vienne se pavaner devant le cimetière pour koup riban. J’attends le résultat, mais rien n’effacera cet épisode de ma mémoire », confie Veeren, 63 ans.

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Même son de cloche du côté de l’Avenue Broad, et des ruelles adjacentes, du côté de la partie sud du cimetière, où la construction d’un nouveau mur d’enceinte est en voie d’être complétée. « J’espère qu’on n’aura plus à sortir nos sacs de sable pour protéger les pas-de-porte de nos maisons. Il est difficile de faire confiance à nos politiques pour régler certains problèmes, raison pour laquelle j’attendrai quelque temps avant de me prononcer sur la viabilité du projet », confie Paule.

En dépit de la solidarité sans faille des riverains qui se sont retroussé les manches lors des grosses inondations, plusieurs maisons avaient été submergées par l’eau en abîmant meubles et appareils électroménagers.
La pilule est d’autant plus indigeste pour les habitants lésés qu’ils n’ont jamais reçu d’indemnisations financières pour ces pertes.
Ajay Gunness veut mettre fin au
marasme à La Louise et Candos

À chaque inondation ou flash flood, c’est toujours la même rengaine à La Louise, voire plus loin à Candos. Des gens avec de l’eau jusqu’aux cuisses tentant tant bien que mal de se frayer un chemin jusqu’à leurs commerces, où les coulées de boue font rage bien souvent. Ils sont excédés et inquiets. Les habitants et les commerçants, à bout de nerfs, déplorent une situation qui n’évolue pas à cause de l’inefficacité des canalisations.
Une première explication se trouve dans les facteurs suivants : une imperméabilisation importante des sols, un mauvais drainage des eaux pluviales, un territoire mal préparé et une population insuffisamment informée et formée. Les drains sont souvent bouchés ou insuffisamment dimensionnés, quand ils ne sont pas tout simplement absents. Les pluies sont importantes, mais c’est avant tout l’urbanisation et l’action de l’homme qui sont responsables de la situation.

La déclaration faite, mercredi, par le ministre des Infrastructures nationales, Ajay Gunness, devrait redonner espoir à tout ce beau monde. « Il faut mettre fin à ce marasme. Des projets d’envergures seront enclenchés à Quatre-Bornes, avec des études de faisabilité en cours pour les zones de Berthaud, Candos et La Louise. Ces efforts visent à offrir des solutions durables aux habitants des zones inondables », dit-il.

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