Les Ruchers du Soleil : Balade autour du miel

Apicultrice, Anousha Sewaruth confie que son lien avec les abeilles s’est tissé au fil du temps, doucement, comme le miel qui se forme goutte à goutte. Ses premiers souvenirs liés à l’apiculture remontent à une visite chez un apiculteur en 2014. Cette rencontre, dit-elle, a semé une graine qui a germé pour la conduire vers un métier des plus passionnants et à ouvrir son entreprise, Les Ruchers du Soleil.

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Sa venue dans le milieu de l’apiculture date de 2020 après qu’elle a suivi une formation à la division d’entomologie du ministère de l’Agro-industrie et de la Sécurité alimentaire). Ce qui l’a amenée subséquemment à s’occuper de ses premières ruches, « timidement, puis avec une passion grandissante », dit-elle. Quand on lui demande de raconter ses débuts dans l’apiculture, Anousha Sewaruth aura ces mots : « Je tâtonnais, j’apprenais, j’écoutais les anciens, j’observais beaucoup. Et à chaque visite de rucher, on m’enseignait quelque chose : la patience, l’humilité. Petit à petit, mon rucher a grandi, et avec lui mon lien avec les abeilles. »
L’apicultrice se veut poétique, et en rassemblant ses souvenirs, laisse échapper que Les Ruchers du Soleil correspondent à son tempérament de femme solaire tournée vers la lumière, le respect du vivant, et le goût du travail bien fait. Les abeilles sont devenues comme des enfants qu’elle veut protéger. Tout le rituel de son métier ne découle pas uniquement autour du miel car la quête d’Anousha, comme elle le confie clairement, est de transmettre une philosophie : « Celle d’une apiculture douce, locale et consciente. Une apiculture qui respecte les abeilles, la terre et les gens. Les abeilles m’ont appris à ralentir, à observer, à faire les choses au bon moment. Grâce à elles, je vis chaque saison avec un regard nouveau. C’est ainsi que sont nés Les Ruchers du Soleil. »

L’importance de chaque détail

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À la tête d’une vingtaine de ruches réparties sur plusieurs emplacements, Anousha explique que son travail ne tient pas uniquement à la récolte du miel, mais aussi à veiller au bien-être des colonies. « Je lutte contre les menaces comme le varroa ou les pesticides, et je participe à la préservation de la biodiversité. » Elle considère son métier comme une forme d’engagement dans la mesure où elle a aussi appris à se poser telle une abeille. Cette métaphore semble lui plaire car Anousha a appris grâce aux abeilles à écouter et à observer. « Les abeilles m’ont appris l’humilité, la persévérance et l’émerveillement. Je souhaite non seulement raconter mon histoire, mais aussi rappeler combien ces petites créatures sont essentielles à notre monde. Si je devais résumer mon parcours en une phrase, ce serait : “J’ai choisi de vivre avec les abeilles, et elles m’ont appris à mieux vivre avec moi-même”. »
Quand on évoque la durée de vie des abeilles et les avantages et les difficultés liés au métier, Anousha dira que les abeilles ouvrières, en été, peuvent survivre de cinq à six semaines. Cela s’explique du fait qu’elles butinent, nettoient leurs ruches, nourrissent les larves… Leur vie est courte car elles s’usent vite.
Quant à la reine, elle vit généralement jusqu’à cinq ans, étant la seule abeille fertile, pondeuse de milliers d’œufs par jour. Sa longévité dépend de sa santé et de la gestion du rucher. En ce qui concerne les faux bourdons mâles, leur durée de vie est d’environ huit semaines, mais ils sont souvent expulsés de la ruche avant l’hiver, car ils ne sont d’aucune utilité.

La petite leçon d’humilité

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Selon Anousha, les abeilles sont sensibles à de nombreux facteurs : parasites (comme le varroa), maladies, pesticides, changement climatique. « Parfois, malgré tous les soins, une colonie meurt. C’est frustrant, voire décourageant. » Le varooa est aussi connu sous le nom de pou des abeilles et à cause de lui, par erreur ou oubli, une colonie peut s’effrondrer en quelques semaines. Idem pour le changement climatique. Car en cas de mauvais temps, fait part Anousha, la floraison engendre peu de nectar, donc peu de miel.
Il y a aussi, selon l’apicultrice, l’exigence physique du métier pour porter des hausses de miel (souvent 20-25 kg), manipuler du matériel lourd, travailler en plein soleil, parfois dans la boue ou le froid. « Ce n’est pas insurmontable, mais il faut souvent adapter ses gestes, son rythme et investir dans du matériel ergonomique (lève-hausses, brouettes apicoles, etc). Il faut penser à tout : suivi des colonies, traitements, floraisons, météo, planification de la transhumance, ventes. Être apicultrice, c’est aussi être cheffe d’entreprise, communicante, vendeuse et soigneuse à la fois. »
Parmi les grosses difficultés qu’engendre ce métier, Anousha dira sans langue de bois que l’apiculture est une activité complexe et technique, encore trop peu comprise par le grand public. Au-delà de la simple production de miel, elle implique un suivi rigoureux des colonies, une bonne connaissance du comportement des abeilles et une vigilance constante face aux menaces sanitaires et environnementales. D’où l’importance d’informer et de sensibiliser à ces réalités. Pour elle, être apicultrice, c’est avant tout un choix de cœur. « C’est une relation unique avec les abeilles, une leçon de patience et de respect de la nature. Et quand on ouvre une ruche calme, en bonne santé, et qu’on goûte le fruit du travail commun, toutes les difficultés s’effacent un instant. »
En cas de piqûre par les abeilles, Anousha conseille de retirer le dard rapidement avec l’ongle ou un objet plat, et surtout ne pas pincer la chair car cela injecterait plus de venin. La deuxième étape consiste à désinfecter la zone et à appliquer du froid pour limiter le gonflement. Il ne faut surtout pas gratter, car cela empire l’irritation et utiliser une crème apaisante ou antihistaminique. Pour éviter les piqûres d’insectes, il faudrait porter une combinaison comprenant gants et voile, éviter parfums ou déodorants sucrés, intervenir quand il fait beau, quand les butineuses sont dehors et utiliser un enfumoir avec modération. « Se faire piquer, cela fait mal, mais fait aussi partie du lien avec les abeilles. On apprend à mieux les comprendre, à anticiper leurs réactions… Chaque piqûre est une petite leçon d’humilité. »
Les projets d’Anousha pour 2026 sont de faire des animations en classe ou sur le site de son travail, suivis d’une dégustation sensorielle de différents miels (de fleurs, de forêt, de montagne), d’emmener les gens à reconnaître les goûts, les textures et les couleurs. Elle veut aussi mettre en place des ateliers créatifs comprenant la fabrication de bougies en cire d’abeille, de dessins ou de maquettes de ruches. Elle compte organiser des activités en plein air, proposer des visites pédagogiques, faire découvrir des fleurs mellifères, des jeux autour de la pollinisation, favoriser des échanges avec des apiculteurs, présenter le métier, les outils, et enfin un questionnaire pour déconstruire les idées reçues.
Anousha Sewaruth est apicultrice par choix. « Il s’agit d’un choix de vie, de rythme, de respect. À travers Les Ruchers du Soleil, je veux faire plus que produire du miel. Je veux partager une manière d’être au monde : plus attentive, plus douce, plus ancrée. Je produis un miel local, naturel, extrait avec respect, sans triche ni artifice. Derrière chaque pot, il y a une histoire, des heures de travail, des saisons entières passées à veiller sur mes ruches. Et il y a, surtout, le fruit du labeur collectif : celui des abeilles, et un peu du mien. Je remercie tous ceux qui soutiennent l’apiculture artisanale et les femmes qui la pratiquent. »

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