DANS LES ZONES TOUCHÉES PAR LA FIÈVRE DENGUE : Les uns s’enfièvrent, les autres restent de glace

La dengue : dans des régions touchées la question enfièvre certains tandis qu’elle en laisse d’autres de glace. C’est le constat fait dans quelques-unes des zones touchées alors que des cas de dengue ont été enregistrés à Port-Louis, Mahébourg, Souillac et récemment Triolet et Trou aux Biches. Une soixantaine de cas depuis mars ; le gouvernement mise sur la prévention pour limiter l’expansion de la maladie.
Aux abords du Champ de Mars, qui est considéré comme le premier foyer de la maladie, nous rencontrons Sila Ramchurn, qui comme chaque matin, s’est installée à son poste pour cuire et vendre ses fameux gato deluil. Trente-trois ans qu’elle occupe cet espace dans sa petite échoppe bleue, elle s’est fait un nom : “Ici les gens me connaissent. Ils apprécient mes gâteaux.” Pourtant très au fait de ce qui se trame dans la région, la commerçante dit avoir entendu parler de la fièvre dengue sans pour autant y porter attention. “Je ne sais pas vraiment de quoi il s’agit. Couma ou senti ou kan ou gagn sa ?” questionne-t-elle. Sila Ramchurn ne craint pas pour sa santé et celle de ses proches alors qu’elle habite à deux pâtés de maisons du Champ de Mars. Elle dit attendre impatiemment d’aller se faire vacciner contre la grippe, “la fiev dengue, sa mo pa tro o kouran !” Le 24 mars, c’est d’ici qu’est partie la maladie et la zone a été mise en état d’alerte par le ministère de la Santé. Mais visiblement, le message n’a pas circulé auprès de tous malgré les actions lancées.
Assez papoter.
Une opération de fumigation massive se fait chaque jour dans les alentours, nous confirme Robin de Chez Tino, une échoppe placée à moins de cinq mètres de celle de Sila Ramchurn. Bien que lui et son père travaillent à proximité du Champ de Mars, Robin dit ne pas s’inquiéter notamment à cause des différentes séances de fumigation. Pendant qu’il nous explique qu’il doit même fermer la boutique plus tôt que d’habitude à cause de la campagne enclenchée, son père, Tino, et un ami, Vincent Lee, parlent eux aussi de l’épidémie qui fait l’actualité. La soixantaine, Vincent Lee raconte qu’il se montre très prudent depuis les premiers cas détectés dans la capitale, non loin de chez lui. “Autrefois, c’est devant le Champ de Mars que je donnais rendez-vous à mes amis pour un petit papotage. Depuis un mois, j’évite de m’y rendre. Le ministère a récemment demandé à la population de privilégier des pantalons et de manches longues pour se protéger, c’est ce que je fais. Je ne veux en aucun cas être contaminé”, avance Vincent Lee.
Face à la situation qu’elle juge alarmante avec plus d’une dizaine de cas recensés à Port-Louis, la directrice de l’École Bethléem, Sylvette Paris-Davy, dit aussi “prendre toutes les mesures nécessaires” afin d’éviter une contamination parmi ses 90 élèves : “Nous avons tout d’abord fait une demande après du ministère de la Santé afin que des séances de fumigation soient faites régulièrement dans les alentours de l’école. Nous distribuons des brochures d’explications sur les mesures de prévention pour éviter la fièvre dengue aux parents.” Sylvette Paris-Davy dit miser aussi sur l’hygiène pour contrer une éventuelle contamination. Des crèmes anti-moustiques ainsi que des produits répulsifs sont fréquemment utilisés.
Indifférence et vacances.
À Triolet où quatre cas ont récemment été recensés, une certaine indifférence règne encore parmi certains villageois. Navin Boojhawon et son employée, Linsha, ne semblent pas s’inquiéter de la situation. Linsha, pour sa part, dit ne pas être au courant de l’épidémie, prétextant qu’elle habite à Rivière du Rempart. “Il y a deux ans j’en ai entendu parler mais pas cette fois.” Pour Navin Boojhawon, tant qu’il s’assurera de travailler dans un environnement sain, il ne se souciera guère de l’épidémie. Idem pour Samir Soobidar qui avance que “se vre ki bann sif la pe ogmante me bon inn deza arive dan le passe sa.” Rencontrés quelques mètres plus loin, trois touristes en vacances à Maurice et logeant à Trou aux Biches depuis quinze jours, avouent ne pas être au courant de la maladie qui sévit actuellement. Toutefois, une fois à l’hôtel, disent-ils, ils ne manqueront pas de se munir de crème anti-moustiques pour se protéger. “Nous ne voulons pas que nos vacances soient gâchées.”
En train de se prélasser sur la plage de Trou aux Biches avec d’autres amis, un couple de touristes français est quant à lui bien informé que la propagation de la dengue. Trois mois que les deux sont à Maurice : “Nous sommes au courant des récents cas de Triolet ainsi que ceux de Trou aux Biches. Néanmoins, nous ne sommes pas inquiets. Nous prenons les précautions nécessaires.” En vacances l’an dernier à la même époque, ils se souviennent également des cas recensés à cette époque. Pour eux, il n’y a pas de quoi s’en faire du moment que les mesures de prévention sont appliquées.
Entre-temps, la situation est surveillée de très près par le gouvernement et les campagnes de sensibilisation se poursuivent. Malgré tout, la propagation continue tandis que les chiffres augmentent au fil des recherches entreprises.

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