Liberté de la presse — Classement 2024 : Maurice gagne six places pour se retrouver en 57e position

Mais le score réalisé au tableau de Reporters Sans Frontières est sensiblement le même que l’année dernière

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Techniquement, Maurice a grimpé de la 63e à la 57e place au dernier classement de Reporters Sans Frontières au titre de la liberté de la presse. Cet indice a été rendu public hier pour marquer la Journée internationale de la presse. Toutefois, le paradoxe demeure que le score crédité pour Maurice n’a guère évolué de manière positive, puisqu’il est passé de 65,56 sur 180 l’année dernière à 65,55 cette année.

Présentant le cas de Maurice à ce tableau, le rapport de Reporters Sans Frontières note : « Maurice a beau être l’un des pays africains salués comme des modèles de démocratie, le paysage médiatique y est fortement polarisé. Les attaques en ligne contre les journalistes ont augmenté. » Au titre du paysage médiatique, le rapport avance : « La scène médiatique de Maurice est coupée en deux. D’un côté, les médias politisés, avec la radio télévision nationale et les médias proches du pouvoir versant souvent dans la propagande, les médias favorables à l’opposition susceptibles d’être boycottés par les autorités, et de l’autre, des médias à la liberté de ton bien réelle, mais pouvant virer au sensationnalisme et nuire à la qualité de l’information. Dans ce paysage médiatique, les médias indépendants, sérieux et fiables peinent à trouver leur place. »

Poursuivant son analyse, l’Ong met en exergue : « Le pouvoir politique exerce une emprise totale sur la Mauritius Broadcasting Corporation (MBC), dont le directeur général est nommé par le Premier ministre. Le manque d’indépendance de l’organe de régulation ne contribue pas à l’émergence d’un journalisme de qualité. Les sanctions ciblent très souvent les médias proches de l’opposition, comme en décembre 2020, lorsqu’une radio a écopé d’une interdiction de diffusion de 72 heures après qu’un syndicaliste a qualifié le Premier ministre indien Narendra Modi de raciste. »

Le rapport traite également du cadre légal, qui n’est pas protecteur pour les journalistes. « En 2021, le très controversé projet de loi sur la régulation des médias a été adopté, remettant en cause le secret des sources, durcissant les conditions d’exercice des radios, et renforçant les sanctions qu’encourent les journalistes devant les tribunaux. Depuis 2018, des amendements à la loi sur l’information et les télécommunications instaurent des peines de prison pour les auteurs de contenu en ligne “contrariants” ou dérangeants.

Certaines lois héritées de la période coloniale comme l’Official Secrets Act sont toujours en vigueur, et des fonctionnaires qui fourniraient des informations sensibles à des journalistes sont passibles de sanctions », note le document diffusé à cet effet.

Au chapitre économique, mention est faite que « début 2023, les autorités ont pris une nouvelle réglementation pour revaloriser les salaires des journalistes ». Et d’ajouter : « Dans certains médias, des directives sont données pour une couverture clémente de la politique gouvernementale afin de ne pas affecter les intérêts du propriétaire, l’argent public étant souvent orienté vers des médias à la solde du pouvoir. Le recours à des contrats précaires affaiblit la qualité du travail des journalistes. »

En matière de sécurité, Reporters Sans Frontières relève le cas de quatre journalistes critiques du pouvoir, ayant fait l’objet de cyber-harcèlement. « Deux d’entre eux ont également été ciblés lors d’une vague d’arrestation par les forces de l’ordre. »

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