L’île-aux-Cerfs : Face à un nouveau projet, les plaisanciers guettent

Depuis des années, l’île-aux-Cerfs, petit bijou de l’est de l’île, attire les regards et les foudres. Réputée pour sa mer cristalline et ses belles plages kilométriques, elle s’est imposée comme l’une des destinations touristiques les plus prisées du pays. Une beauté qui a, cependant, un prix. Face à un projet de développement en gestation sur l’île par un groupe hôtelier qui y a déjà ses assises, les plaisanciers de l’Est craignent une éventuelle privatisation du site. Post-pandémie, une telle mesure leur serait fatale.

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Ils avaient prévu de manifester, vendredi, mais ils ont préféré attendre. Depuis quelque temps, les opérateurs de la région ont eu vent de la gestation d’un nouveau projet sur l’île-aux-Cerfs, avec notamment une éventuelle privatisation du site. Après avoir envoyé deux correspondances au groupe hôtelier, une rencontre a finalement eu lieu, vendredi. Joint au téléphone hier, le lanceur d’alerte Prem Beerbul, aussi président de la fédération des plaisanciers de l’Est, nous raconte qu’ils ont rencontré les représentants du bureau régional du groupe hôtelier, soit Sunlife International et le Manager de l’Hôtel des îles qui gère l’île-aux-Cerfs.

« Nous étions à sept représentants et nous sommes allées à leur rencontre pour écouter ce qu’ils avaient à nous dire », dit Prem Berrbul. Ainsi, à ce stade, aucun projet n’a été finalisé. « Ils nous ont dit que rien n’a encore été décidé et qu’une fois le projet finalisé, ils allaient reprendre contact avec nous », dit-il. « Donc, à ce stade, on a décidé de mettre notre projet de manifestation de côté. » Toutefois, Prem Beerbul prévient. « On les a écoutés, mais on reste sur nos gardes. Nous savons comment cela s’est passé dans le passé. D’ailleurs, on a profité de l’occasion pour alerter le groupe hôtelier que le boathouse Pointe Maurice semble ne pas respecter les conditions préétablies, et qu’il est devenu un point d’embarquement pour des activités autre que le golf, comme initialement convenu. »

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De plus, un autre sujet évoqué lors de la rencontre a été l’utilisation excessive de pesticides, d’herbicides et autres pour l’entretien du gazon des terrains de golf sur l’île. « Peser pe plore. Lamer inn blan. Preske tou koray inn mor », confie-t-il. « On leur a demandé de faire attention aux produits qu’ils utilisent pour le maintien des terrains de golf. Pour que le gazon reste vert et plat, il y forcément des produits qui sont utilisés, et où partent-ils ? dans la mer, évidemment, et cela se ressent de plus en plus. Les pêcheurs ne peuvent que constater les dégâts. »

Aussi, Prem Beerbul déplore l’absence des autorités dans toute cette affaire. « Cela est bien triste, car nous avons des autorités qui ont pour responsabilité de faire respecter qu’aucun abus ne soit commis sur le territoire, et pourtant… » Il précise aussi avoir rencontré le ministre de la circonscription « Vikram Hurdoyal, qui a dit qu’il n’était pas au courant. » Pour Prem Beerbul et les autres membres de la fédération, il est important de protéger cette partie de l’île. « Nous avons à peu près 250 à 300 opérateurs de Mahébourg à Belle Mare qui dépendent des activités sur et autour de l’île-aux-Cerfs. C’est une chaîne économique importante », dit-il. Il précise, par ailleurs, que 99% des jeunes de la région travaillent sur l’île, et que privatiser les lieux sera néfaste pour le développement de la région.

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Il faut savoir que l’île-aux-Cerfs a longtemps fait l’actualité. En 2012, les habitants tiraient la sonnette d’alarme sur l’ensablement du Passage Grand Courant et déploraient déjà les activités dans cette région de l’île. Par ailleurs, depuis des années, une poignée d’opérateurs de barbecue sur l’île-aux-Cerfs et ses îles avoisinantes élèvent la voix pour décrier l’absence d’infrastructures stables, le non-respect des normes d’hygiène, le manque de points d’eau et la compétition déloyale entre nouveaux et anciens opérateurs.

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