Le ministère de tutelle : la main-d’œuvre étrangère est loin d’être une menace pour la force de travail mauricienne
Quelque 45 300 travailleurs étrangers possèdent actuellement des permis de travail ou un certificat d’exemption à Maurice selon un rapport du comité interministériel chargé d’examiner les difficultés rencontrées par les entreprises privées pour obtenir des permis de travail et de séjour et de formuler des recommandations pour y remédier. Le rapport indique d’emblée que l’octroi de permis de travail aux travailleurs migrants est l’une des principales fonctions du ministère du Travail et des Relations industrielles. Il rassure les travailleurs mauriciens en affirmant que la main-d’œuvre étrangère est loin d’être une menace pour eux, mais vise à la complémenter et même constitue un catalyseur essentiel de la croissance économique et du progrès social.
Le rapport a mis en exergue que compte tenu des défis démographiques auxquels le pays est confronté, tels que la baisse du taux de natalité et le vieillissement de la population, ainsi que des difficultés pour le recrutement de travailleurs sur le marché local dans la plupart des secteurs de l’économie et de l’inadéquation entre l’offre et la demande de main-d’œuvre, les employeurs ont de plus en plus recours aux services de travailleurs étrangers. Le ministère du Travail a donc l’obligation de veiller que les opérateurs économiques disposent de la main-d’œuvre requise, en temps utile, sans préjudice pour la main-d’œuvre locale.
Le comité interministériel a été institué par le gouvernement pour traiter les difficultés d’obtention des permis de travail et de résidence à l’intention des travailleurs étrangers et pour recommander des améliorations. Le processus pour l’obtention des permis de travail et de résidence est assez long, d’où la nécessité de revoir le processus afin de répondre aux besoins du marché du travail, ajoute le rapport. Il indique, par ailleurs, que le monde est maintenant un village planétaire et qu’une facilité de mouvement et d’échange de talents et de compétences a cours.
« Par conséquent, une approche équilibrée et bien réglementée aidera Maurice à rester compétitive et résiliente dans cette économie mondiale en constante évolution. Nous devons donc tirer le meilleur parti des avantages qu’offre l’immigration pour pouvoir atteindre la croissance prévue de 3 à 4% cette année », font ressortir les auteurs du rapport – recommandant une série d’améliorations comme suit
Réformes des agences de recrutement : les amendements aux règlements de 2024 introduiront des critères d’éligibilité, des normes d’intégrité et des garanties financières accrues pour les agences de recrutement privées afin d’assurer un recrutement éthique et efficace.
Coopération internationale : Maurice doit signer des accords avec les pays sources pour promouvoir des pratiques de recrutement équitables et à reconsidérer les restrictions sur les travailleurs bangladais dans les secteurs en pénurie de main-d’œuvre.
Rationalisation des processus administratifs : Le principe de preuve de l’incapacité à embaucher localement devrait remplacer les systèmes de quotas ; la soumission directe des demandes de permis de travail sera autorisée ; la durée maximale de séjour des travailleurs étrangers recommandée devrait être harmonisée à 10 ans ; les frais doivent être révisés pour les PME ; et une plateforme numérique alimentée par l’IA facilitera les offres d’emploi et la vérification du recrutement local.
Améliorations du système de licence électronique : Le Système national de Licence électronique (NELS) devra être amélioré pour gérer tous les types de permis, intégrer les paiements en ligne, simplifier les flux de travail internes, émettre des permis de travail avec code QR et coordonner avec l’immigration pour les permis de résidence.
Ajustements des politiques et des comités : le Comité technique sur les permis de travail devra être déplacé sous le ministère du Travail pour accélérer le traitement, avec certaines demandes de travailleurs qualifiés traitées directement par le ministère.
Réformes des permis d’hébergement : la délivrance des permis de logement devra être rationalisée, permettant un traitement parallèle avec les permis de travail, la délivrance de permis aux propriétaires plutôt qu’aux employeurs, et la création d’une unité de services pour les travailleurs étrangers.
Protections des travailleurs migrants : les mesures proposées incluent la possibilité de transfert d’employeur, l’alignement des conditions d’emploi sur les conventions collectives, l’introduction d’une gratification de service, l’assurance d’un logement sûr pendant les procédures légales, l’interdiction de la rétention des passeports par les employeurs, et l’octroi d’un mois maximum après l’emploi pour le rapatriement.
Lutte contre l’emploi illégal : les actions d’application contre les employeurs embauchant sans permis valide devront être intensifiées, avec des modifications législatives pour imposer des amendes fixes, obliger le rapatriement des travailleurs, offrir une amnistie pour les migrants illégaux, et surveiller les heures de travail des étudiants étrangers.
Fonds de bien-être des migrants : les employeurs devront contribuer Rs 500 mauriciennes par an et par travailleur migrant pour financer les frais de subsistance et les coûts juridiques des travailleurs impliqués dans des litiges avec les employeurs.

