Lors d’une conférence de presse tenue jeudi à Sable Noir, les activistes Linley Moothien, Reda Chamroo, Mansa Daby et Christian Bernard ont exprimé leur indignation face à la maltraitance animale persistante à Maurice. Reda Chamroo a mis au défi le directeur de la Mauritius Society for Animal Welfare (MSAW), Julien Georges de s’expliquer publiquement, dans un face à face avec elle à la radio, sur son refus de l’offre gratuite proposée par l’ONG internationale World Veterinary Service (WVS). De son côté, Linley Moothien a affirmé posséder des preuves concrètes de maltraitance au sein d’une institution, menaçant de les divulguer en cas d’inaction des autorités.
Linley Moothien, président de l’ONG 4 Tilapat, a dénoncé l’échec total de la cause animale à Maurice. Il a attribué cet échec à l’ignorance des acteurs concernés, les accusant de refuser d’écouter les activistes. “Il n’y a eu aucun grand développement, même pas microscopique, de l’État. La cause animale ne rapporte pas grand-chose. La cruauté a pris de l’essor et le gouvernement a perdu toute crédibilité. Il nous faut une unité indépendante composée de personnes luttant pour la cause animale sans gain personnel, capable de gérer un grand sanctuaire national qui serait une fierté pour Maurice”, a-t-il déclaré.
Linley Moothien a affirmé détenir des preuves accablantes de maltraitance et de négligence au sein d’une institution. Il a averti les autorités qu’il dévoilerait ces preuves, si aucune action n’était entreprise. “Nous ne sommes pas là pour menacer, mais nous prévenons, avant d’agir avec le couperet final. Ils n’ont rien à gagner mais tout à perdre”, a-t-il ajouté.
Reda Chamroo est revenu sur le refus de la MSAW d’accepter l’offre de l’ONG WVS pour une campagne de stérilisation massive et gratuite. “Beaucoup de voix se sont levées pour faire cesser le Catch & Kill. Si les autorités nous avaient écoutés, nous ne serions pas dans une telle situation aujourd’hui”, a-t-il déclaré. Il a rappelé que cette campagne, proposée au ministère de l’Agro Industrie et à l’ancien ministre Maneesh Gobin, aurait permis de stériliser environ 80,000 chiens par an pendant 2 à 3 ans, une solution gratuite soutenue par un fonds de 500,000 USD. Il a critiqué la MSAW pour avoir transformé cette offre en un appel d’offres, rejetant la proposition sous prétexte qu’il s’agissait d’un “non-responsive bid”. Reda Chamroo a souligné l’incohérence avec un précédent projet mené par Humane Society International (HSI) sans appel d’offres, sous un Memorandum of Understanding (MoU) avec le ministre Mahen Seeruttun.
Les récentes mesures budgétaires de la MSAW, telles que l’allocation de Rs 200 par chien aux ONG pour la stérilisation et la mise en place de deux cliniques mobiles, ont également été la cible de vives critiques : “Ils attendent quoi en proposant Rs 200 aux ONG ? Qu’elles travaillent à leur place ?”, a-t-il questionné. Reda Chamroo a souligné les possibles conflits d’intérêt entre la MSAW et le secteur du Monkey Business, citant des nominations controversées au sein de la MSAW impliquant des liens avec des fermes d’élevage de singes.
Quant à Christian Bernard, il a attiré l’attention sur le fait que des actionnaires des fermes d’élevage à Maurice sont également impliqués dans le secteur hôtelier. Il a suggéré que cette information soit incluse dans les brochures touristiques pour sensibiliser les touristes.
Pour sa part, Mansa Daby, évoquant sa plateforme Monkey Massacre in Mauritius, a critiqué le gouvernement pour ses plans de reforestation, tout en autorisant des pièges à singes qui causent une déforestation coûteuse. Elle a fustigé l’ineptie de dépenser plus de 30 milliards de roupies par an pour la reforestation, alors que les actions du gouvernement contribuent à la dégradation des forêts.
En conclusion de la conférence de presse, Linley Moothien a invité les journalistes à visionner des photos illustrant des cas de maltraitance animale extrême au sein d’une institution. Il a promis de fournir plus de détails au public dans les jours à venir, soulignant la gravité de la situation et la nécessité d’une action immédiate pour mieux protéger les animaux à Maurice.