Maurice : la liberté de la presse fragilisée par la précarité économique 

Malgré sa réputation de modèle démocratique en Afrique, Maurice a, ces dernières années, vu son paysage médiatique se polariser et les pressions sur les journalistes s’intensifier, lors de cette année électorale où s’est accentuée la précarité économique de cette industrie qui avait pris forme avec la période COVID.

- Publicité -

Un paysage médiatique divisé
À Maurice, le secteur des médias est profondément polarisé. D’un côté, la Mauritius Broadcasting Corporation (MBC) et d’autres médias pro-gouvernementaux accusés de diffuser de la propagande ; de l’autre, des organes proches de l’opposition ou indépendants, souvent marginalisés, voire sanctionnés. Les médias véritablement libres et rigoureux peinent à s’imposer dans cet écosystème dominé par des intérêts politiques ou commerciaux.

Influence politique persistante
La MBC reste sous contrôle du pouvoir, son directeur étant nommé directement par le Premier ministre. Malgré quelques signes d’apaisement depuis un récent changement à la tête de l’institution, l’organe de régulation manque cruellement d’indépendance. En 2020, une radio a été suspendue après des propos jugés offensants à l’égard du PM indien Narendra Modi, illustrant la sensibilité extrême du régime.

- Publicité -

Lois restrictives pour les journalistes
Le cadre légal s’avère peu protecteur. En 2021, une loi controversée a limité la liberté d’expression, affaibli la protection des sources et alourdi les sanctions. Des textes datant de l’époque coloniale, comme l’Official Secrets Act, permettent encore de punir sévèrement les fonctionnaires qui divulguent des informations à la presse. Bien que le PM élu en 2024, Navin Ramgoolam ait promis une loi sur l’accès à l’information, aucun calendrier n’a encore été annoncé.

Précarité économique et autocensure
Les journalistes mauriciens travaillent souvent dans des conditions précaires. En 2023, une tentative de revalorisation salariale a été mise en place, mais certains médias imposent toujours une ligne éditoriale favorable au gouvernement pour ne pas compromettre les subventions publiques. Cette autocensure économique nuit directement à l’indépendance de la presse.

- Advertisement -

Climat d’insécurité croissant
Les actes d’intimidation contre les journalistes se sont multipliés. Cyberharcèlement, arrestations et, plus récemment, divulgation de conversations privées sur les réseaux sociaux témoignent d’un climat de surveillance et de pression croissante sur les voix critiques.

- Publicité -
EN CONTINU
éditions numériques