Ils font la fierté de leur pays partout où ils vont. Eux, ce sont les Mauriciens de la diaspora. Cette semaine, nous allons à la rencontre de Banon Rujid, née de parents mauriciens. Cette jeune spécialiste en droit de l’immigration a la double nationalité mauricienne et française. Elle vient de fonder cette année son cabinet de conseil, Immigrar Canada, situé à Paris. Gardant des liens très étroits avec son pays de cœur, la jeune femme nous raconte son parcours de Maurice au Canada, en passant par Paris.
« Naturellement je garde des liens étroits avec Maurice, la majorité des membres de ma famille y résidant », confie-t-elle. Ses parents qui habitent à Mont Choisy vivent entre Maurice et Paris. Doctorante en droit et titulaire d’un Master 2 en droit international et européen obtenu à Paris, Banon Rujid exerce depuis lors en cabinet d’avocats en France. « J’ai eu l’opportunité d’expérimenter le système judiciaire mauricien au cours de mes études en effectuant mon ‘pupillage’ au sein du Cabinet de Me Yousouf Mahomed. Par la suite, j’ai étudié la loi en immigration au Canada », dit-elle.
Elle-même issue de l’immigration et face aux nouvelles vagues migratoires vers des pays comme le Canada, Banon Rujid souhaite ainsi apporter sa pierre à l’édifice pour mieux informer les primo-partants et les prévenir des éventuels dangers auxquels ils pourraient s’exposer.
Un essoufflement des opportunités
Son cabinet spécialisé en immigration qu’elle vient de fonder avec quelques associés est un rêve qui devient réalité. « C’est un projet qui me tenait à cœur depuis longtemps. Pour le réaliser, j’ai effectué des déplacements réguliers au Canada depuis cinq ans. J’ai pris le temps de bien étudier la loi en immigration et les différents programmes avant de me lancer dans l’entrepreneuriat, car il était impératif pour moi d’opérer dans un cadre légal et réglementé », dit-elle. « Cette année s’est révélée être le moment opportun pour fonder Immigrar Canada. Pour concrétiser mon objectif, je me suis entourée d’une équipe fiable et compétente, dont mon associé, Alex GUO, consultant réglementé par le Gouvernement canadien », dit-elle.
Son équipe et elle ont pour objectifs d’assister « les personnes désireuses d’immigrer au Canada dans leurs démarches administratives. Nous proposons d’accompagner tout candidat dans l’obtention de son permis d’études, son permis travail pour les travailleurs qualifiés ou encore dans l’obtention de la résidence permanente. » Quant aux étudiants, « nous les accompagnons dans leurs choix d’études. Nous suivons régulièrement des formations pour être à jour au niveau des programmes d’immigration à proposer à nos clients et de tout changement de législation en matière d’immigration. »
Banon Rujid souligne que « le Canada est un pays d’immigration avec un système très complexe. Il y a de nombreux programmes d’immigration à différents niveaux (fédéral et provincial). Cela prend du temps pour effectuer des recherches et opter pour le programme correspondant le mieux au profil du candidat. C’est exactement la raison pour laquelle nous sommes là. »
Banon Rujid livre son constat sur la “fuite de cerveaux” à Maurice et soutient que ce n’est pas un phénomène isolé et que ces dernières années, de nombreux grands pays en paient les frais. « Les personnes immigrées continuent de venir en nombre en Europe en raison de l’accessibilité au Vieux Continent et de l’assistance proposée sur place. Cependant, les autorités ont durci leurs politiques d’immigration pour faire face à la situation actuelle et tenir compte des facteurs économiques et sociaux post Covid. On assiste à un essoufflement d’un point de vue des opportunités pour les populations migrantes en Europe », dit-elle.
« A titre d’exemple, en France, quel que soit le statut sollicité (étudiant, travail ou autre), l’obtention est plus difficile et le processus plus long. Un nouveau projet de loi sur l’immigration est en cours d’examen actuellement au sein des instances parlementaires et porte spécifiquement sur le contrôle de l’immigration. Actuellement, cela se traduit au niveau des administrations par un ralentissement de l’instruction des demandes », poursuit-elle.
Banon Rujid est aussi d’avis « qu’il est encore trop tôt pour se prononcer sur le rôle joué par la pandémie sur les tendances migratoires actuelles. Il est indéniable cependant de constater que toute personne a été impactée d’une manière ou d’une autre par la pandémie, que ce soit d’un point de vue médical, professionnel, social ou personnel. »
Bilingue, un atout
Elle confie avoir « pu observer à mon échelle que de nombreuses personnes ont opté pour un changement de vie radical à la suite de la pandémie. Elles sont sorties de leur zone de confort pour tenter leur chance à l’étranger et espérer avoir un meilleur cadre de vie, plus en adéquation avec leurs aspirations, qu’elles soient de nature économique, sociétale, environnementale ou encore de bien-être. Par exemple, de nombreux Français ont choisi de s’expatrier au Canada en raison du cadre de vie, du rythme de vie et des nombreuses opportunités. C’est un pays qui reste en forte demande de population migrante, même post-Covid. »
Banon Rujid, qui sera à Maurice en octobre, est confiante du rôle sacro-saint des immigrés mauriciens et de la diaspora mauricienne à l’étranger. « La diaspora mauricienne contribue au rayonnement de Maurice sur le plan international. La population mauricienne est importante à l’étranger. Elle est très appréciée et intégrée. Le fait d’être bilingue est un atout majeur. Elle a su s’insérer dans la vie sociétale, mais pas seulement. Elle est présente dans tous les corps de métiers, au niveau des médias, du sport, de la littérature, et ce, quel que soit le pays de résidence. »