Messe du travail – Mgr Durhône : « le travail doit respecter la dignité de chacun »

La traditionnelle messe célébrant la Fête du travail a été organisée en l’église de Sainte-Thérèse, à Curepipe. Le thème choisi cette année était : « Anou dibout ansam dan lesperans enn pei meyer. » Un accueil spécial a été réservé aux travailleurs étrangers. Dans son homélie, l’évêque de Port-Louis, Mgr Jean-Michaël Durhône, a plaidé pour le respect de la dignité humaine dans le travail. Il a salué la contribution des travailleurs étrangers à la richesse du pays, tout en évoquant ses préoccupations concernant l’exode des jeunes, en quête d’un avenir meilleur, dans d’autres pays.

- Publicité -

En cette Fête du travail, l’Église célèbre également Saint Joseph, patron des travailleurs. La messe du Travail 2024 est la première présidée par Mgr Jean-Michaël Durhône depuis son installation à la tête du diocèse de Port-Louis, en août de l’année dernière. Un hommage spécial a été rendu au père Jocelyn Patient, décédé récemment. Ce dernier a été très actif au sein de la Ligue Ouvrière de l’Action Catholique (LOAC) et aumônier de la Commission diocésaine du monde ouvrier (CDMO). Mgr Durhône a également fait un petit historique de la Fête du travail à Maurice et au sein de l’Église.

Le travail permet le développement du pays et contribue à la richesse du pays, a fait ressortir l’évêque de Port-Louis. « Toutefois, la plus grande richesse d’un pays, ce sont ses travailleurs, ses ressources humaines », s’est-il appesanti. Il a cité le pape Saint Jean-Paul II, qui avait dit que l’humain doit rester le sujet du travail. « Tout travail doit considérer l’humain avant tout. Les travailleurs ne sont pas des robots, même si de nos jours, dans certains pays, il y a des robots qui sont utilisés pour certaines tâches. Le robot ne remplace pas l’humain. Demain, si on veut se marier, on ne va pas choisir un robot », a-t-il fait ressortir dans son style propre à lui,

« Le travail doit respecter la dignité de chaque personne », affirme Mgr Durhône, qui ainsi salué l’initiative du salaire minimum, qui, selon lui, permet aux salariés de vivre plus dignement. « À une époque, il y avait des gens qui ne touchaient que Rs 3 000. Quelle était leur dignité ? Aujourd’hui, avec le salaire minimum, il y a plus de dignité, on peut améliorer sa qualité de vie », avance-t-il. Toutefois, a-t-il souligné, il ne faut pas mettre l’accent uniquement sur l’aspect matériel. « C’est l’amour qui doit primer au sein des familles », exhorte-t-il.

De même, il a salué la contribution des travailleurs étrangers dans l’économie du pays, tout en déplorant certaines conditions difficiles, comme les lieux d’hébergement, auxquelles ils doivent faire face, parfois. Il a indiqué que le diocèse de Port-Louis compte dorénavant, un bureau d’accueil pour les travailleurs étrangers, sous la responsabilité du diacre Josian Labonté. Ce dernier a d’ailleurs, proclamé l’Évangile, lors de la messe. Des travailleurs étrangers regroupés au sein de la Pastorale des migrants, ont également participé activement à la célébration.

Tout en faisant part des préoccupations des enfants, des jeunes et des adultes, par rapport au travail, Mgr Durhône s’est félicité des initiatives comme l’octroi de deux bourses pour la filière HSC Pro, permettant de reconnaître l’intelligence multiple, donnant ainsi une chance aux jeunes n’empruntant pas le parcours académique classique. Il a fait également de la conversion du collège technique Saint Gabriel en un lycée professionnel, ouvrant aux jeunes une nouvelle filière d’épanouissement, soit celle de décrocher un Brevet de Technicien Supérieur (BTS) et même plus.
Cependant, Mgr Durhône n’a pas caché ses préoccupations concernant l’exode des jeunes. « Aujourd’hui, beaucoup de jeunes vont chercher un avenir meilleur ailleurs. C’est dangereux pour notre main-d’œuvre. Il y a aussi des jeunes qui vont faire des études à l’étranger et ne reviennent pas. Peut-être qu’il est temps que les ambassades réunissent ces jeunes à l’étranger pour voir comment on peut valoriser leurs compétences ici », suggère-t-il.

Beaucoup d’adultes également, quittent le pays pour, pour émigrer dans des pays où ils disposent de meilleurs salaires. « Certains ont des postes de responsabilités ici. Cet exode des cerveaux peut avoir des conséquences pour le pays. Il faut comprendre pourquoi tous ces départs, qui ne sont jamais faciles, puisqu’on quitte sa famille, ses amis… Il y a des enfants qui aujourd’hui, vivent avec les grands-parents ici, parce que les parents sont partis travailler à l’étranger. Il y a des papas qui sont partis et ne sont jamais revenus… Ce sont autant de choses qui affectent les enfants », fait-il ressortir.

L’évêque de Port-Louis a plaidé pour la reconnaissance des valeurs et des qualités de tout un chacun. Il a regretté que le travail, lieu de partage et de rencontre des cultures, peut aussi être un lieu de discrimination et de communalisme. Il a également abordé le cas des sportifs et des artistes, contraints de chercher d’autres débouchés professionnels, car leurs activités sportives ou artistes, ne suffisent pas pour assurer un minimum dans la vie de chaque jour.

- Publicité -
EN CONTINU

l'édition du jour

- Publicité -