Il est difficile de compter sur les doigts d’une seule main le nombre de fois où la sempiternelle question du projet fantôme du barrage de Rivière-des-Anguilles s’est invitée au Parlement, à l’occasion d’un exercice budgétaire. Au final et selon l’expression consacrée, la montagne a toujours accouché d’une souris. Les choses pourraient être différentes, ce coup-ci, après l’annonce faite par Navin Ramgoolam et le ministre de tutelle, Patrick Assirvaden, que le dossier connaîtra un coup d’accélérateur dans les semaines à venir.
Mai 2009. Une étude de faisabilité pour la construction d’un barrage à Rivière-des-Anguilles, pour laquelle le gouvernement PTr a déboursé Rs 22,5 millions, est achevée. Les consultants identifient un site autour duquel un barrage, capable de contenir 14 millions de m3. Le gouvernement se fixe pour objectif d’achever le projet de barrage jusqu’à la fin de 2014, afin d’alimenter la région sud et sud-ouest du pays avec un bassin de 27 km2 qui occupera 142 hectares de terres. Personne n’aurait parié, à cette époque, sur le fait que le projet serait toujours au stade embryonnaire en 2024. Beaucoup d’eau a coulé sous les ponts et il devenait de plus compliqué, au fil du temps, de prendre pour argent comptant les promesses liées à ce projet.
À en croire le ministre de l’Énergie et des Utilités publiques, Patrick Assirvaden a soutenu que « le barrage à Rivière-des-Anguilles sera bientôt construit. Seule l’approbation finale des fonds est attendue avant de pouvoir lancer la construction, qui devrait durer 40 mois ». Le ministre avait déjà annoncé la couleur, lors de sa prise de fonction en décembre 2024, en soulignant « un exercice de pré-qualification pour la construction a été lancé le 21 février 2024. 9 candidats ont soumis des propositions, dont 8 ont été présélectionnés suite à un exercice d’évaluation par le Central Procurement Board. » Joe Lesjongard, ancien ministre des Utilités publiques et actuel leader de l’opposition, affirmé, cette semaine, que « tous les travaux financiers et administratifs ont été finalisés sous le gouvernement MSM. L’administration actuelle ne fait que mettre en œuvre un projet déjà préparé. »
Beaucoup experts s’accordent à dire que ce barrage aurait valu son pesant d’or pour soulager des centaines de milliers de villageois résidant dans le sud de l’île. Ladite rivière a la particularité de regorger d’eau propre. D’après des statistiques publiées en octobre 1999, cette rivière peut apporter jusqu’à 1,8 million de m3 d’eau par mois qui se perdent dans la nature et dans la mer.  Le projet est financé par un consortium international composé de la Banque arabe pour le développement économique en Afrique, du Fonds saoudien pour le développement et du Fonds d’Abou Dhabi pour le développement. Il comprendra un barrage, une station de traitement des eaux ainsi qu’une mini-centrale hydroélectrique, contribuant ainsi à l’approvisionnement en eau et à la production d’énergie renouvelable.
