La traditionnelle messe du travail, organisée chaque 1er mai, s’est tenue cette année, en l’église Notre-Dame-des-Anges, à Mahébourg. Le thème était Travayer anou kontign louvraz Bondie. Dans son homélie à cette occasion, l’évêque de Port-Louis, Monseigneur Jean-Michaël Durhône, a déclaré que le travail donne sa dignité à l’être humain. Il a également plaidé pour que les travailleurs étrangers trouvent le respect et la dignité à Maurice.
« Kan Bondie travay, so louvraz bon ek zoli. Ek dan louvraz Bondie, ena nou, bann imin, ki linn kree pou enn mision bien presi : kontign travay so kreasion. Bondie fer nou vinn so pli pros kolaborater. » C’est en ces termes que l’évêque de Port-Louis s’est adressé aux fidèles, dont de nombreux travailleurs étrangers, rassemblés à cette occasion.
Il a avancé que l’être humain a été créé pour poursuivre l’œuvre de Dieu et transformer ce qu’il nous a donné. Faisant référence à l’Évangile, il a mis en exergue que les habitants de Nazareth reconnaissaient Jésus comme le fils du charpentier. « Le Fils de Dieu est venu sur la terre comme un humain et comme tout humain, il a travaillé de ses mains. Le travail a une grande valeur aux yeux de Dieu. Comme le disait le Pape François, notre dignité passe par notre travail », exhorte l’évêque.
Mgr Durhône a laissé entendre par ailleurs que ce n’est pas parce que « nous avons besoin d’un travail qu’il nous faut accepter toutes sortes de conditions qui ne respectent pas notre dignité. Continuer le travail de Dieu, c’est aussi refuser que les travailleurs soient exploités, que nos frères et sœurs venus de l’étranger soient traités comme des outils ou des machines. »
S’adressant aux travailleurs étrangers en anglais, il a précisé que tous méritent le respect et ont leur dignité, au même titre que les travailleurs mauriciens. Il a affirmé prier pour eux et leurs familles pour leur donner du courage.
Tout en reconnaissant que les travailleurs doivent être traités avec dignité et respect, a ajouté Mgr Durhône, il faut se rappeler que le pape Jean-Paul II avait aussi dit qu’il faut accomplir son travail avec sérieux et avoir la conscience professionnelle. « Par notre travail, nous assurons les besoins de notre famille et nous pouvons aussi nous montrer solidaires avec les démunis de la société », devait-il mettre en exergue.
De même, a indiqué Monseigneur Durhône, il est important d’être motivé à effectuer son travail : « Parfwa travay-la, nou pa anvi fer li. Nou pa anvi get figir patron. Patron osi pa anvi get nou figir », laisse-t-il entendre dans son style propre à lui. Il a ajouté qu’il faut reconnaître que des entrepreneurs, des employeurs, poursuivent eux aussi le travail de Dieu, en créant la richesse et l’emploi. « Dans l’œuvre de Dieu, employeurs et travailleurs doivent vivre la solidarité, des relations vraies et fraternelles », a avancé l’évêque de Port-Louis.
Malheureusement, a déclaré Mgr Durhône, dans certains cas, le travail ne poursuit pas l’œuvre de Dieu. Il a cité comme exemple, le harcèlement moral, verbal et sexuel qui pousse des personnes à dégoûter leur travail. Parfois, cela peut aller jusqu’au suicide, a-t-il fait ressortir. « Kan kominalis inflians bann rekritman dan enn travay. Kan konpetans pa rekonet, me get ou nom, kot ou sorti ou bien ki ou kiltir, nou pa pe kontign travay Bondie. Se bann realite morisienn. Ti ena enn sante ki ti dir Kouler ek nom ki divan », dit-il encore.
Il a salué le travail de toutes les associations qui sensibilisent les travailleurs au respect de leurs droits et leur dignité. « Il est important d’avoir des formations sur les lois du travail à Maurice afin que les gens connaissent leurs droits et leurs devoirs », a-t-il fait ressortir.
L’évêque de Port-Louis a également ciblé les développements qui ne respectent pas l’environnement : « La région de Maurice, Rodrigues et Agalega est en danger du point de vue écologique. Les inondations, la sécheresse, la destruction de l’environnement peuvent avoir des répercussions très graves. » Il a évoqué l’épisode de la marée noire du MV Wakashio et à quel point de nombreuses personnes n’ont pu travailler pendant des mois.
L’environnement est étroitement lié au monde du travail. Il a cité le texte Laudato Si du pape François, qui invite à un développement qui respecte la nature. « Il faut également sensibiliser la population au traitement des déchets pour éviter un deuxième Mare-Chicose. » Et ce, avant de mettre l’accent sur les initiatives comme l’aménagement des Tiny Forests, qui permettent de reconstruire l’écologie. « Le travail doit aussi prendre en considération la santé des travailleurs », suggère-t-il.
Depuis le 1er mai 1955, l’Église catholique célèbre Saint Joseph comme patron des travailleurs. Mgr Durhône a précisé que le Pape Pie XII avait pris cette décision pour rappeler que Saint Joseph gagnait sa vie comme charpentier. « Par Saint Joseph, tous les travailleurs reconnaissent que leur travail est sacré. Dieu nous a donné l’exemple de Saint Joseph qui a bien fait son travail, de par son humilité, son honnêteté, son dévouement pour sa famille et sa fidélité envers Dieu », indique-t-il.
Mgr Durhône s’est appesanti sur le point que le travail devient parfois difficile à cause de l’injustice, de la destruction de la nature, le manque de considération ou les arrière-pensées.
D’autre part, l’évêque de Port-Louis a eu une pensée spéciale pour ceux qui sont prisonniers de l’enfer de la drogue et ne peuvent exercer un métier, parfois, en dépit de leurs diplômes en compétences.