À quelques semaines des Championnats du monde handisport prévus en Inde du 27 septembre au 5 octobre, l’incertitude plane sur la délégation mauricienne. Le Mauritius Paralympic Committee (MPC) affirme être toujours dans l’attente du financement du ministère du ministère de la Jeunesse, des Sports et des Loisirs, tandis que ce dernier aurait demandé à « réduire la liste » des athlètes à envoyer, faute de moyens. Une situation dénoncée par le MPC, qui parle d’injustice pour des sportifs déjà sacrifiés par le passé. Alors que 12 athlètes mauriciens ont déjà réalisé les minima internationaux et ont été enregistrés auprès de l’International Paralympic Committee, le ministère aurait demandé au MPC de « faire un choix » parmi eux.
Le président du MPC, Jean-Marie Malépa ne cache pas sa colère face à la situation. Selon lui, demander à l’instance de « faire un choix » parmi les sportifs n’est pas seulement injuste, mais aussi destructeur pour le mouvement paralympique.
« Nos athlètes se sont entraînés pendant des mois et ont décroché leur qualification par leurs performances. Ils ont même renoncé à des compétitions cette année, certains pour mieux se préparer en vue de ces Championnats du monde et d’autres, toujours par faute de moyens. Aujourd’hui, on nous demande d’en laisser certains de côté sous prétexte de budget. C’est inacceptable. Ce serait une injustice pour les athlètes et une atteinte à la crédibilité du sport paralympique mauricien », a-t-il déclaré.
« On part ou pas, nous devons payer ! Les règles sont claires et tout le monde est au courant. Nous ne pouvons pas attendre une semaine avant la date limite pour décider ! Ces athlètes font beaucoup de sacrifices pendant longtemps pour y prendre part. Comment leur expliquer qu’on ne les enverra pas ? »
Il alerte aussi sur les conséquences directes d’une absence : Perte de classement mondial pour les athlètes, Risque de perdre la “High Level Allowance”, ce soutien financier vital pour leur préparation, Retard dans leur progression sportive.
« Ce ne sont pas des amateurs ! Chaque rang compte, tout compte, ce qui se passe tout le long de l’année est une chaîne ! (…) On ne peut pas nous dire à la dernière minute : faites un choix sur 12 athlètes qualifiés », martèle-t-il.
Pour la MPC, la question dépasse le simple aspect budgétaire. « Il ne s’agit pas seulement de chiffres ou de moyens, mais de respect pour nos athlètes et pour leur travail. Ils ont déjà beaucoup donné. Les priver de ce Championnat du monde, c’est ruiner des années d’efforts », s’exclame le président.
Enfin, il regrette un manque de considération politique : « Après la mise en place du nouveau gouvernement, il n’y a pas eu de réunions pour s’enquérir des projets et compétitions des handisportifs. Pas un mot non plus du ministre sur le poids des 8 médailles d’or et les médaillés d’argent et de bronze aux Jeux de la CJSOI ! Il évoque les grands événements, mais pas le Championnat du monde qui se tient ce mois-ci ! »
La secrétaire du MPC, Hewlett Nelson, secrétaire du MPC, abonde dans le même sens. « Nous avons respecté toutes les procédures, inscrit nos athlètes dans les délais fixés par le Comité international paralympique, et organisé la préparation en fonction de ce calendrier. Ce n’est pas maintenant, à quelques semaines de l’événement, qu’on peut remettre en cause leur participation. »
Le ministère demande de « faire un choix »
Lors d’une récente réunion entre des officiers du ministère et le comité, la consigne aurait été donnée de sélectionner uniquement certains athlètes pour limiter les dépenses. Les officiers du ministère invoquent des contraintes budgétaires et demandent de sélectionner « des potentiels médaillés ».
« Nous avons déjà enregistré 12 athlètes, 12 qui ont acquis les minima pour être qualifiés. Ils se sont tous entraînés pour l’atteindre et avoir une chance d’entrée ! Maintenant on nous demande de choisir ? Comment on peut choisir un athlète qualifié ? », s’indigne Hewlett Nelson.
« Nous avons l’impression que nous devons toujours lutter, malgré nos handicaps ! (…) Nous évoquons même une discrimination, surtout que nous, nous ramenons tout le temps des résultats », dénonce-t-elle, en rappelant que Maurice a décroché sa première médaille paralympique l’an dernier et que ses athlètes sont régulièrement médaillés sur la scène internationale, avec même une championne du Monde et une vice-Championne du monde.
Elle rappelle que le MPC est le guichet unique pour l’inscription des athlètes paralympiques auprès du Comité International Paralympique (IPC). Contrairement au mouvement olympique, où les fédérations sportives décident et le Comité Olympique Mauricien (COM) valide les inscriptions, le système paralympique est centralisé et géré uniquement par le MPC.
La secrétaire du MPC, de son côté, a mis en avant les implications administratives d’un tel retard. « Nous avons déjà soumis les inscriptions auprès de l’International Paralympic Committee (IPC), comme l’exigent les règlements. La date limite pour les entrées est déjà passée, et l’IPC facture sur cette base. Aucun remboursement n’est possible après ce délai, et aucun retrait n’est autorisé, sauf cas très précis », explique-t-elle.
La section 11 stipule en effet que les seules exceptions concernent des situations de force majeure (par exemple, une blessure grave ou une situation indépendante de la volonté de l’athlète). Dans tous les autres cas, l’engagement reste ferme, et le paiement doit être honoré.
« Si nous ne procédons pas au paiement, ce n’est pas seulement la participation de nos athlètes qui sera compromise, mais aussi notre crédibilité future auprès de l’IPC, surtout que de petits problèmes ont déjà eu lieu sur le plan financier dans le passé, comme l’année dernière où il a fallu que nous payions Rs 100 000 du compte du MPC, car le ministère avait donné l’argent directement aux athlètes. Le problème étant que des frais n’avaient pas été pris en compte et il nous a fallu régler le problème pour que les athlètes puissent participer. Un problème dont est conscient le ministère, qui nous avait d’ailleurs remboursé l’argent. Dans tous les pays, c’est le National Paralympic Committee qui se charge de tout ça. Même si cette partie reste incomprise au sein du ministère des Sports, ce sont nos athlètes qui sont pénalisés », déclare le MPC. « On ne peut pas se permettre de donner l’impression que Maurice n’est pas sérieux. »
L’instance insiste sur le fait qu’il ne s’agit pas d’une revendication nouvelle. « Nous n’avons jamais caché nos besoins. Le ministère était au courant bien avant les dates limites. Ce n’est donc pas une surprise, et nous ne pouvons pas accepter que ce soient les athlètes qui en paient le prix. »
« On nous met des bâtons dans les roues. Nous emmenons des résultats! Donc, il faut que cela cesse! » Pour le MPC, il s’agit donc d’une bataille de reconnaissance et d’équité.
Selon le site officiel de la World Para Athletics, les principales échéances sont les suivantes :
Type d’inscription |
Délais |
Entry by Number (prélim.) |
Soumission : 17 février – 14 mars 2025 |
Entry by Number (finale) |
Soumission : 2 juin – 7 juillet 2025 |
Période de qualification |
Jusqu’au 3 août 2025 |
Direct Invitation |
Demandes : jusqu’au 4 août / Réponses : le 6 août |
Entry by Name (nominatif) |
Soumission : 8 juillet – 8 août 2025 |
Paiement des frais |
Avant le 8 septembre 2025 (prenant en compte les besoins bancaires et le nombre de jours nécessaires pour les transferts) |
Les entrées sont donc déjà effectuées et un choix n’est plus possible à quelques jours de la date limite du paiement. Passé les dates d’envoies des participants, les NPCs (Comités Nationaux Paralympiques) recevront une facture basée sur le nombre d’athlètes déclarés. Et aucun remboursement ne sera accordé en cas de désistement ou d’absence.