MONKEY BUSINESS : Une marche pour dénoncer le flou et l’opacité autour de ce commerce

Après une première marche pacifique à Port-Louis en juillet 2023, l’Ong 4 Tilapat a tenu un nouveau rassemblement le samedi 20 avril dans les rues de Port-Louis. La marche a débuté à 13h devant la cathédrale St Louis pour prendre fin à la Place d’Armes à 14h30. L’objectif étant de dénoncer le silence du gouvernement, la surexploitation des singes et le flou autour de ces animaux utilisés pour des tests de toxicité ou encore, plus récemment sur les 500 singes vendus par la ferme Les Campêches pour la somme de 10m d’euros. D’autres Ong, militants de la cause animale mais également l’avocat Rama Valayden et des scientifiques ont participé à ce rassemblement pacifique où ils attendent, en ce début de campagne électorale, la position des différents partis sur la question…

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Pour Linley Moothien, le président de l’association, le but étant de « garder le public en alerte sur le sujet « . Il explique que si les défenseurs de la cause animale mènent ce combat, c’est pour mettre fin au monkey business.
 » Nous avons déposé une plainte à la police contre la compagnie Biosphere, nous avons également porté plainte à la Mauritius Society for Animal Welfare (MSAW) contre cette même ferme avant de loger une injonction contre elle. Nous avons aussi rencontré le ministère de tutelle à ce sujet, soumis un rapport sur la situation du monkey business à Maurice et servi une mise en demeure à Airports of Mauritius Ltd (AML) pour l’arrêt de l’exportation de ces macaques », affirme-t-il.

 » Stand sur la question « 

Linley Moothien avance qu’à l’approche des élections générales, il est important que tous les partis politiques donnent leur position sur la question. « Ils ont le devoir d’informer la population de leur stand autour de cette question. Et si oui ou non ils statueront pour la fermeture des fermes une fois au pouvoir. Cette question d’exportation de singes sera l’un des points forts de la prochaine campagne électorale « , dit-il.
L’activiste propose des solutions concrètes. Parmi elles  :  » Ne conserver qu’une infime partie de singes destinés pour la recherche, rendre l’activité non lucrative et gérée par des personnes compétentes, avec l’aide de l’Etat, car il s’agit là d’un bien commun. Ensuite, que des refuges du style La Tanière en France prennent en charge ces singes et ceux qui ont été « bred « . Des sanctuaires où la finalité n’est pas la torture et la mort mais bien la vie. Ensuite, que tous ceux qui ont d’une façon ou d’une autre contribué au torture des singes ne restent pas impunis. Que la justice fasse son travail car nul ne peut nier les atrocités commises. Que les présents travailleurs de ce secteur soient redéployés dans ce secteur de conservation et de réhabilitation de nos macaques. En enfin, que ceux qui ont fauté mettent la main à la poche. Ils ont bien profité de nos ressources –  ce commerce leur a rapporté des milliards – pendant que les défenseurs de la cause animale se sont ruinés pour sauver des vies. Puisse la balance se retablir. Une fois pour toutes « , a t-il déclaré.

Présent pour soutenir les activistes de la cause animale, Me Rama Valayden a déclaré que « Il s’agit d’un gros business. Faire croire que ces primates non humains utilisés dans la recherche médicale et l’expérimentation aident à l’avancement de l’humanité n’est que foutaises. De même, les classer comme étant des nuisibles, faire croire qu’ils représentent un danger, qu’ils s’attaquent aux humains et quils détruisent la végétation. Tout cela n’est que manipulation. C’est une stratégiede communication manipulée par ceux qui exportent ces singes ».

 
Mansa Daby, présidente de la plateforme Monkey Massacre in Mauritius était également présente à cette marche. Pour elle, bien que les activités du mouvement soient axées sur la collaboration avec les organisations internationales pour le bien-être des animaux afin d’agir comme chiens de garde, l’action collective permet à mieux conscientiser la population locale sur ce commerce.

Monkey Massacre in Mauritius a vu le jour avec la découverte des 446 singes à Jin Fei et l’arrivée des reporters de France 2 en juin 2023 pour une enquête sur l’exploitation des singes à Maurice. « Depuis sa création, Monkey Massacre in Mauritius a alerté la population des enjeux de ce commerce, c’est-à-dire de la maltraitance et la cruauté envers ces êtres vivants et sentients, l’opacité et les pratiques illégales autour de ce commerce avec la complicité de certaines autorités, mais également sur les risques sanitaires et les dangers à la santé publique, entre autres », dit-elle.

Elle regrette que « la majorité des Mauriciens ignoraient qu’une telle activité commerciale est pratiquée à Maurice depuis 1985, qu’une de nos ressources naturelles est en train d’être ainsi pillée, surtout par des compagnies étrangères. Nous vous rappelons que depuis décembre 2023, Charles River laboratories est actionnaire de la ferme d’élevage Noveprim, à 90% et que le laboratoire chinois Xexbio est actionnaire majoritaire de la ferme Biosphere, qui se trouve non loin de Grand Bassin et qui a reçu son permis d’expansion en 2021. Avec l’arrivée de ces compagnies étrangères, Maurice est maintenant le plus gros exportateur de macaques à longue queue après le Vietnam et le Cambodge. Surtout que Charles River laboratories ne peut pas exporter des singes du Cambodge vers les États-Unis en ce moment, étant soupçonné de pratiques illégales et sujet de poursuites par les autorités américaines ».

 » Pourquoi 15 000 par an ? « 

Evoquant les campagnes de publicité de l’association Cyno Breeders, Mansa Daby affirme que « Depuis que Monkey Massacre in Mauritius a débuté sa campagne, la Cyno Breeders Association, qui regroupe les compagnies d’exportation de singes, s’est également lancée dans des campagne de pub en faveur de leur activité commerciale dans les médias. Il est regrettable qu’après avoir caché leurs activités à la population mauricienne depuis des décennies, les actants de cette industrie se mettent maintenant à induire les citoyens en erreur en vantant les bénéfices de ce commerce ignoble dans l’avancement de la médecine ».
Pour elle, l’avancement de la médecine se trouve dans le développement d’autres méthodes. « D’ailleurs le Président des États-Unis, Joe Biden, a déjà signé le FDA (Food and Drug Authority) Modernisation Act 2.0 en faveur du développement des méthodes non-animal pour les essais précliniques des vaccins et des médicaments. Xexbio et Charles River laboratories ne fabriquent pas de médicaments ou de vaccins. Ce ne sont que des laboratoires d’essais sous contrat. Environ 90% des médicaments et des vaccins préalablement testés sur les animaux ne peuvent être mis sur le marché. Ce commerce de singes ne fait que soutenir des pratiques dépassées, archaïques, qui entraînent une espèce menacée vers l’extinction, comme cela s’est passé au Bangladesh et au Laos. Une fois que les singes quittent le territoire mauricien, nous ne nous demandons pas ce qui leur arrive. S’ils n’étaient pas tués, lors de ces soi-disant “expériences médicales”, pourquoi aurait-on besoin d’exporter environ 15 000 par an? », affirme t-elle.

L’activiste et grand défenseur des droits des animaux Reda Chamroo était également présent pour déplorer le flou autour de ce commerce. Pour lui, la situation est catastrophique. « Qu’il s’agisse des chiens errants ou de l’exportation des singes, c’est de la maltraitance à grande échelle et ce problème doit être remédié de toute urgence et de façon durable. Ce n’est pas possible qu’une île aussi petite que la nôtre soit connue mondialement comme une île ayant tous ces problèmes. On est aujourd’hui le premier exportateur mondiale de singes vers des laboratoires. Tout comme pour les chiens errants, des solutions avaient été proposées au gouvernement mais il a fallu 10 ans pour qu’ils comprennent que la méthode catch and kill n’est pas efficace pas et qu’il faut se tourner vers d’autres alternatives. C’est pareil pour les singes. Ils ne savent pas grand chose mais continuent de les exporter. »

Pour le membre actif du mouvement Monkey Massacre, le commerce des singes est un « business flou et opaque ». « Nous avons entendu les réponses erronées données au parlement…Ils ne connaissent même pas le nombres de singes mais continuent à les exporter en masse. Pourquoi ne pas rendre public le survey dont parle le ministre Seeruttun et qui a été fait 2017 ? Ils s’appuient sur un survey fait plusieurs années de cela pour justifier l’exportation en masse alors que depuis 2019, toute la donne a changé. Toutes les estimations faites des décennies de cela montre que Maurice abrite une population d’environ 40 000 singes. Et en 2022 et 2021, plus de 6 200 ont été capturés dans la nature et exportés. Donc, plus de 25% ont disparu d’un seul coup « .
Reda Chamroo demande à suspendre immédiatement la capture et l’exportation des singes « aussi longtemps qu’un survey indépendant ne soit pas fait ». Pour lui, une commission d’enquête doit être instituée à Maurice afin d’apporter toute la lumière sur le commerce des singes.  » Nous avons vu récemment que nos singes ont été utilisés dans des tests de toxicité et dans quelle condition ils sont transportés. Cela révèlera si nos singes servent vraiment à des fins de recherche essentielle « , a t-il déclaré. L’activiste affirme que plus récemment, une des compagnies d’élevage, à savoir Les Campêches a vendu 500 singes à des prix rémunérateurs.

Ont également participé à cette marche Christian Bernard et Raouf Khodabacus de Linion Moris, des scientifiques, Senior Medical Laboratory Technologist, pharmacien, Progress Science Mauritius, Pretty Saachi de l’ONG Rescue for Animals in Distress (RAID), Usha Oodit Bawani de Pink Pony Charity Trust et Petra Animal Foundation, entre autres.

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