(Wakashio) Robert Van Gelder : « Impossible d’éviter la catastrophe en l’absence de remorqueurs conformes »   

L’assesseur Jean Mario Geneviève conteste la stratégie et certaines décisions prises par  l’équipe néerlandaise

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Les travaux de la Court of  Investigation instituée pour faire la lumière sur le naufrage du MV Wakashio se sont poursuivis, jeudi. Le président de la Cour, Abdurafeek Hamuth, et ses deux assesseurs, Jean Mario Geneviève et Johnny Lam Kai Leung, ont, pendant plus de deux heures, auditionné le Salvage Master néerlandais Robert Van Gelder par visioconférence depuis Londres. Ce dernier a tenté de justifier l’échec de son équipe à éviter que ne se produise la catastrophe écologique du oil spill, en s’appuyant sur l’absence à Maurice de bateaux et de remorqueurs conformes pour stabiliser ce type de vraquier et effectuer correctement l’exercice de pompage. Son récit corrobore ainsi avec le témoignage de son collègue Chris Bos qui avait affirmé, le 25 novembre dernier, que « si les deux remorqueurs, qui ont des tirettes de borne de 200 tonnes, étaient là dès le premier jour, le MV Wakashio aurait certainement été renfloué. »

L’Inspecteur Nundlall, de la National Coast Guard (NCG), était le dernier protagoniste mauricien à s’être présenté à la barre de l’ancienne Cour suprême, le 14 janvier. Les travaux par visioconférence, par contre, se sont poursuivis cette semaine avec le témoignage du deuxième Salvage Master de la compagnie néerlandaise SMIT Salvage, Robert Van Gelder depuis le bureau de son avocat, Me Richard Gunn. Le témoin a fait ressortir que le 25 juillet 2020, il a été informé par sa compagnie de déplacement à Maurice pour prêter main forte aux autorités locales. « Le 30 juillet, je suis arrivé dans l’île, soit deux jours après le naufrage, avant de rejoindre le Sud-Est et le vraquier le lendemain », dit-il.

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Après avoir produit deux rapports, notamment le Salvage Plan Wakashio Bundle et le Naval Architect Report, Robert Van Gelder s’est appesanti sur les premières actions prises après sa rencontre avec  le capitaine du Wakashio et son adjoint à bord du navire: « Notre mission était de sauver le navire, les vies et de faire en sorte qu’il n’y ait pas de pollution marine. Certes, la situation était on ne peut plus critique, vu que le navire bougeait constamment, mais rien ne laissait présager un oil spill. » À une question du président Abdurrafeek Hamuth, le témoin a soutenu que « ce n’est que vers le 5 août, quand la situation s’est détériorée, qu’on a tiré la sonnette d’alarme sur les risques réels d’une marée noire dans la mesure où, avant cette date, nous n’avions détecté aucune fissure structurelle. »

« Les mouvements auraient dû être jaugés avec plus de minutie »
Revenant à la charge, l’ancien juge a invoqué le fait qu’il ne faut pas s’attendre à ce que n’apparaissent des fissures, compte tenu du positionnement du navire, pour détecter l’imminence d’une catastrophe. Ce à quoi Robert Van Gelder a répondu que « pour extraire les hydrocarbures des cales du MV Wakashio, il fallait avoir recours à un type spécial de bateau pour effectuer l’exercice de pompage. Celui-ci n’était, toutefois, pas disponible à l’époque. Aussi, en l’absence d’un remorqueur de calibre, il était impossible pour nous de stabiliser le navire sur le fond marin. L’équipe a dû inonder une des salles du vraquier. Sauf qu’à ce-moment-là, on a eu une rupture en alimentation électrique et ça a compliqué considérablement notre tâche car on ne pouvait plus opérer automatiquement. »
Vu qu’ils ne pouvaient s’inscrire dans cette démarche automatiquement, le témoin affirme qu’« on a alors mis à contribution une pompe manuelle, mais le remplissage était très lent. » Affichant une moue dubitative, l’assesseur Jean Mario Geneviève a contesté certaines décisions prises par la SMIT Salvage depuis le départ, dont celle concernant les mouvements du navire: « Le navire étant déjà dans une position compromettante. Les mouvements auraient dû être jaugés avec plus de minutie car vous aviez affaire à un vraquier qui avait déjà fait naufrage depuis plusieurs jours. » Robert Van Gelder s’est montré très peu loquace en réponse à une question de  l’ancien juge Hamuth sur les raisons du retard (le 7 août 2020) quant à l’envoi de son rapport d’évaluation des risques. La prochaine audience aura lieu le 10 février prochain.Démantèlement de la poupe
7 000 tonnes d’acier enlevé

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7 000 tonnes d’acier. C’est ce qui a été enlevé lors du démantèlement de la poupe du Wakashio à Pointe d’Esny qui avait démarré en février 2021 et qui devait durer 20 jours, mais c’était sans compter les mauvaises conditions météorologiques. L’annonce a été faite lors une réunion spéciale du National Crisis Committee qui s’est réuni le 26 janvier sous la présidence du Vice-PM et ministre des Collectivités locales et de la gestion des risques de catastrophes, Anwar Husnoo. La poupe a été  transportée par des barges vers la rade de Port-Louis en plusieurs parties et le métal récupéré ensuite acheminé vers Midlands pour être recyclé.
L’objectif de cette réunion était de passer en revue  l’enlèvement complet de la poupe ainsi que les mesures à prendre avant que l’accès autour de l’ancienne épave, où la pêche et autres activités nautiques ne sont pas autorisées, ne soit rendu public. Actuellement, dans cette zone, des bouées sont toujours sur place pour délimiter la région car les autorités procèdent à l’analyse de la qualité de l’eau. Des ONG, dont Reef Conservation et la Mauritius Wildlife Foundation, ont ainsi participé aux discussions.
Rappelons que la proue a été sabordée à 14 milles des côtes de Maurice, le 24 août 2020, peu de temps après la marée noire. Peu de temps après, environ 40 dauphins d’Electre ont été retrouvés morts sur les côtes du Sud-Est, même si les autorités ont affirmé qu’il n’y avait aucun lien entre ce drame et le sabordage de la proue.

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