Cette plateforme sera expérimentée sur une base pilote en 2026
Un accompagnement personnalisé destiné aux élèves du primaire, à partir de Grade 3 et du secondaire
Mauritius Telecom a mis en place une plateforme pédagogique alimentée par l’intelligence artificielle. Baptisée mytGPT, cette plateforme est destinée à l’apprentissage individuel, au rythme de l’enfant. Un Memorandum of Understanding a été signé avec le ministère de l’Éducation pour cela. Le projet sera lancé sur une base pilote dans quatre écoles primaires et quatre collèges, en 2026.
Offrir un contenu sécurisé, adapté au curriculum national, et responsabiliser. Tels sont les objectifs du projet mytGPT, élaboré par la Digital Factory de Mauritius Telecom. Pour Veemal Gungadin, le CEO, cette démarche vise à préparer la jeune génération à maîtriser cet outil de manière utile et responsable. « Nous parlons tous de l’intelligence artificielle de nos jours, mais il n’y a pas beaucoup de personnes qui la maîtrisent vraiment. C’est pour cela que nous devons investir dans l’acquisition des compétences pour les générations futures. »
Myt GPT, ajoute-t-il, est un projet qui lui tient à coeur. Avec cet outil, le but est de toucher les écoliers de l’Upper Primary et les collégiens. L’idée étant d’équiper les étudiants, pour qu’ils puissent utiliser l’IA pour leur éducation et se préparer pour le monde du travail. « À Mauritius Telecom, nous imaginons un avenir où chaque enfant à Maurice dispose d’un accompagnateur pédagogique virtuel capable de soutenir son apprentissage et d’éveiller sa curiosité. Le projet pilote mytGPT for Education incarne l’une des transformations les plus marquantes en cours dans le secteur de l’éducation », poursuit Veemal Gungadin.
La formation des enseignants a déjà démarré. Très bientôt, ce sera au tour des recteurs. Les parents seront aussi impliqués dans le projet. « Aujourd’hui, tous les étudiants utilisent Chat GPT pour leurs devoirs. Mais nous n’avons aucun contrôle dessus. Avec Myt GPT, nous voulons offrir un accès sécurisé à l’intelligence artificielle. Et aussi, nous assurer qu’il y ait une utilisation responsable. »
La période d’essai permettra d’étudier l’impact de la plateforme sur les élèves, sur les enseignants et sur le système lui-même. « C’est pour cela que nous avons aussi un partenariat avec le ministère de l’Enseignement supérieur, qui pourra nous aider pour cette étude. Cela nous permettra de rectifier là où il faut. Nous pourrons par la suite, à partir de 2027, étendre l’utilisation de myT GPT, à l’ensemble des écoles et collèges.»
Si cet essai se révèle concluant, ajoute Veemal Gungadin, Maurice pourrait être le premier pays au monde où chaque élève aura accès à un tuteur personnel virtuel. « L’éducation est déjà démocratisée à Maurice. Nous allons l’emmener à un autre niveau. Nous verrons par la suite, si nous pouvons exporter cette technologie. Pourquoi pas à d’autres pays africains? »
Pour le CEO de Mauritius Telecom, grâce à myt GPT, nous pourrons peut-être transformer l’éducation à Maurice. Il cite en exemple, la manière d’évaluer les acquis d’un élève, qui pourrait être appelé à évoluer. Le matériel scolaire pourrait également être revu. « Mauritius Telecom est un facilitateur dans ce processus. C’est pour cela qu’il est important que tout le monde travaille ensemble. Il y a trois ministères impliqués dans ce projet. Nous entrons dans cette phase pilote avec l’esprit ouvert. »
Barrières linguistiques
Quant à savoir si l’utilisation de l’anglais ne pourrait pas représenter une barrière pour certains élèves, Veemal Gungadin précise qu’il n’y a pas de restriction à ce sujet. « La première fois que nous avons expérimenté ce projet, c’était à Rodrigues, au collège Maréchal. Nous avions, entre autres, montré aux élèves, comment ils pouvaient apprendre Physics. À un moment, il y a un petit groupe qui a commencé à communiquer en kreol avec l’outil. Et ils ont eu des réponses en kreol, sur Physics. Donc, c’est pour cela que nous parlons de démocratisation. Un enfant pourra apprendre différents concepts, dans la langue qui lui convient. »
Le ministre de l’Éducation, Mahend Gungapersad explique pour sa part, que mytGPT apportera un plus dans l’apprentissage. « Mauritius Telecom a mis en place une plateforme, où les élèves auront droit à un accompagnement personnalisé, pour différentes matières. Avec l’aide de la technologie, ils pourront poser des questions, faire des révisions et ainsi de suite. Ce sera un plus.»
Quatre écoles et quatre collèges sont impliqués dans la phase pilote. Soit, une école et un collège dans chacune des quatre zones éducatives. « Nous verrons, avec l’aide des techniciens et des enseignants, comment l’améliorer, au fur et à mesure, avant de l’étendre. Il s’agira surtout d’un apprentissage individualisé, d’après l’apprenant. »
Contrairement à la méthode d’enseignement traditionnel, où il y a une instruction commune, pour tout le monde, au même rythme, dans la classe, avec mytGPT, chacun apprendra à son rythme, précise Mahend Gungapersad. « Cela ne se fera pas nécessairement pendant les heures de classe. Il pourra utiliser l’outil après les heures de classe ou pendant le week-end. Il pourra ainsi revisiter les différentes leçons à son rythme, pour les différentes matières. »
Des guidelines sont prévus dans le Memorandum of Understanding, pour savoir où commence et où s’arrête l’utilisation de l’intelligence artificielle. « Il y a plusieurs plateformes qui sont utilisées actuellement, sans que nous ayons éduqué nos enfants à ce sujet. Avec la plateforme, nous allons prendre les mesures nécessaires, pour qu’il n’y ait aucune dérive. »
Dans un premier temps, l’anglais et le français seront utilisés comme langue de communication. « Le kreol morisien pourra être intégré dans un deuxième temps. Mais il faut savoir que pour certaines matières comme les mathématiques, il est plus facile de suivre les instructions en anglais que dans la langue maternelle. Cela va prendre du temps mais nous sommes flexibles à ce sujet. »
Il ajoute que grâce à la technologie, les enfants mauriciens pourront également apprendre d’autres langues, au-delà de l’anglais, du français ou des langues orientales. « Car nous demeurons un pays à vocation touristique avant tout. Il faut voir comment nous offrons une ouverture à nos enfants, surtout à travers la technologie. »
Un travail en amont a déjà commencé, concernant la formation des enseignants pour l’utilisation de la plateforme. Les recteurs seront aussi en formation bientôt. « Les directeurs des zones sont très impliqués également. Ils pourront ainsi faire le suivi dans les écoles où le projet pilote est appliqué. »
AI Strategy
Pour le ministre des Technologies de l’information, de la Communication et de l’Innovation, Avinash Ramtohul, si quelqu’un ne maîtrise pas l’utilisation de l’intelligence artificielle aujourd’hui, il sera dépassé par les autres. « Cela s’applique aussi aux entreprises et au pays. Nous travaillons sur le Blueprint, pour une AI-Ready Nation. Il faudra plusieurs mesures pour accompagner cela. L’une d’elles est l’intégration de l’IA dans l’éducation. À commencer par l’école primaire. »
Le ministère enclenchera bientôt une campagne de sensibilisation sur l’intelligence artificielle destinée au grand public. « Le but est d’aider les gens à comprendre ce qu’est exactement l’IA et comment l’utiliser à bon escient. Car il faut savoir quels en sont les avantages et les désavantages. Le ministère a déjà travaillé sur le projet déjà et nous allons l’exposer au public. Je ne parle pas uniquement des jeunes. Cela concerne tout le monde. Nous avons une approche inclusive. »
Le ministre Ramtohul insiste sur le fait que la transformation digitale doive prendre en compte l’ensemble des citoyens de la République. « Chacun doit trouver sa place dans une île Maurice digitale. Pour cela, nous travaillons beaucoup avec le secteur privé, ainsi que des représentants de la société civile et des consommateurs. »
La première ébauche de l’AI Strategy du ministère est prête et sera lancée en janvier prochain. « Il est important d’avoir les infrastructures nécessaires pour cela. Tant en matière d’outils informatiques que d’information. Au niveau du gouvernement, il faudra savoir comment nous allons stocker les informations, pour qu’elles puissent être utilisées pour les besoins de l’IA. »
Avinash Ramtohul insiste également sur la nécessité de travailler ensemble : « À travers ce projet, nous amenons plusieurs ministères et départements à collaborer. Il faut décloisonner et travailler ensemble pour une seule vision. Il faut pouvoir faire plus, avec les ressources que nous avons. »
Le ministère des Technologies de l’information, de la Communication et de l’Innovation lancera également bientôt, un livret sur l’intelligence artificielle, destiné au grand public.
Ht
Fracture numérique
Ordinateurs reconditionnés pour ceux qui n’en ont pas
Il s’agit là d’un projet cher au ministre Avinash Ramtohul : réduire la fracture numérique en permettant à ceux qui n’en ont pas les moyens, d’avoir un ordinateur. « J’étais triste de constater que les ordinateurs arrivant à la fin de leurs cycles, étaient mis dans un coin ou dans un store. Il faut d’ailleurs payer les contracteurs pour les stocker. Avec la situation financière dans laquelle nous sommes, il faut être plus efficient. »
Ces ordinateurs, en fin de cycle, explique-t-il, peuvent être reconditionnés et remis dans le circuit pour utilisation. « Nous voulons ainsi aider les familles ayant des difficultés à acquérir un ordinateur pour leurs enfants. Cela permettra de faciliter l’accès à la technologie et réduire la fracture numérique. En même temps, nous protégeons notre environnement. »
L’idée est de mettre sur pied un pool de compétences en matière de technologie, qui pourra aider pour ce projet. Des équipes sont déjà en train de travailler pour définir une stratégie.

