— Dr Fayzal Sulliman (CEO) : « Au-dessus de la NADC, il y a un mini-cabinet, présidé par Navin Ramgoolam et Paul Bérenger, siégeant avec 16 ministres »
— La dépénalisation du gandia envisagée, mais selon des critères bien définis
Sam Lauthan, président de la National Drug Control Agency (NADC), et le Dr Fayzal Sulliman, CEO de cette nouvelle entité, ont tenu leur première rencontre avec les membres du board hier. À l’issue de cet exercice, ils ont rencontré la presse pour expliquer le fonctionnement de la NADC et ses objectifs immédiats. Au titre des priorités, il déclare « nou bizin souy bann larm bann mama, papa, granparan ek sa kantite fami ki pe soufer akoz zot zanfan inn tom dan ladrog ! Nous devons tout mettre en oeuvre, par le biais de la prévention et l’éducation, pour protéger nos jeunes et les empêcher de dire “oui” aux drogues ! Nous avons la volonté politique : ce gouvernement s’est engagé dès son élection et a été aussi rapide que possible en légiférant pour que la NADC soit enfin concrétisée. »
Il a ensuite mis l’accent sur l’importance de la mise en place de deux Hotlines. Une à l’intention des parents, mamans, papas, grands-parents, proches qui sont en détresse parce que l’un ou plusieurs de leurs enfants consomment des drogues. Et une deuxième destinée aux dénonciations et whistleblowers. « Nous avons une solide équipe avec laquelle nous travaillons, comprenant non seulement des représentants de plusieurs ministères, mais aussi des agences gouvernementales, comme la police, les gardes-côtes, les douanes, entre autres », poursuit-il.
Le CEO de la NADC, le Dr Fayzal Sulliman, soiutient sur cet aspect, que « bien sûr, il y aura des paramètres très solides et quasi inviolables pour protéger ceux qui viendront de l’avant pour dénoncer des trafiquants. Nous n’allons évidemment pas négliger la sécurité de ces personnes qui prennent de tels risques ! » Parlant de son expérience en tant que consultant attaché à l’UNODC (United Nations Office on Drugs & Crime), il fait état de « méthodes, applications et équipements modernes qui permettent de protéger la confidentialité de telles interventions. »
Le CEO de la NADC a souhaité « bien faire comprendre que la NADC n’est pas une autre agence de plus, comme je le lis souvent ces derniers jours sur les réseaux sociaux. Ou ankor enn lot Natresa. We mean business ! La situation de la drogue dans notre pays est alarmante et cruciale. D’où la décision de ce gouvernement de s’attaquer au problème dans sa globalité et aussi avec beaucoup de professionnalisme. Au-dessus de notre board, il y a un mini-cabinet sous la responsabilité de Navin Ramgoolam et de Paul Bérenger. 16 ministres seront aux côtés de ces derniers. Sous notre board, il y a plusieurs Sub-Committees et des Technical Working Groups (TWG). Le fonctionnement n’est pas que les Orders partent d’en haut. Mais le contraire ! »
Sur ce point, Sam Lauthan a indiqué que « nous avons déjà des Resource Persons et nous allons, en parallèle, assurer la formation des formateurs. L’idée est d’avoir un réseautage dans tous les quartiers du pays avec des forces vives qui ont eu une formation basique. » Dans le même souffle, il a aussi parlé de création de quelques centres de traitement pour venir appuyer ceux qui existent déjà, mais qui ne sont pas assez nombreux. « Nous sommes bien conscients que le nombre de consommateurs de drogues est en hausse exponentielle. J’ai déjà commencé à échanger avec Anil Bachoo, ministre de la Santé et nous travaillons en ce sens », concède-t-il.
Le Dr Sulliman a passé en revue les instances, soit une unité dédiée à la Prevention and Public Awareness ; une autre axée sur le traitement et la rehabilitation des consommateurs de drogues ; un HIV & AIDS and Care Coordination Committee ; un groupe consacré aux mesures de reduction des risques (Harm Reduction) de même que d’autres concernant les aspects plus techniques et ayant trait au trafic.
Sur la question de traitement des usagers de drogues, Fayzal Sulliman a souligné que « le traitement à base de la méthadone est, selon l’OMS, le Golden Standard en matière de soins pour ceux qui prennent des opiacés. Pourtant, Maurice est le seul pays au monde où ce traitement ne jouit pas de cette aura ! Il y a donc quelque chose qui cloche quelque part. »
En 2006, quand fut lancé ce programme à l’intention des usagers de drogues injectables (UDI), Dr Sulliman, alors attaché au ministère de la Santé, s’était vu confier cette mission. « Hélas ! en cours de route, de nombreux critères pour assurer le bon fonctionnement n’ont pas été respectés. Je pense ici au suivi psycho-social, qui est capital, par exemple. Par ce manque de rigueur et d’application, nous nous retrouvons aujourdhui avec des trafics de méthadone ! Tout cela sera revu et corrigé. Nous avons déjà engagé les discussions et le travail nécessaires avec nos partenaires de la Santé. Et nous viendrons avec de nouveaux paramètres pour un bon service », fait-il ressortir.
« Dans ce souci que la NADC sur laquelle reposent d’énormes attentes, puisse deliver, nous avons aussi demandé que le National AIDS Secretariat (NAS), revienne sous l’égide du PMO, comme cela avait été, à l’origine, permettant, de cette façon, une supervision et un monitoring adéquat et efficace », ont déclaré Sam Lauthan et et le Dr Sulliman. « L’objectif premier c’est d’établir un état des lieux réel de la situation sur le terrain sous tous les aspects. Et tout travail qui sera entamé par la NADC devra absolument être evidence based. Nous n’allons certainement pas encourager l’amateurisme et le manqué de professionnalisme pour un problème aussi majeur ! »
Gandia : dépénalisation envisagée
« J’ai toujours été et je demeure résolument contre la légalisation du gandia ! Seki anvi sa pou bizin marse lor mo kadav ! » Sam Lauthan a été direct sur la question qui a suscité une grosse polémique. Cependant, le Chairman de la NADC nuance : « En revanche, je partage l’avis que la dépénalisation du gandia a des avantages. Et que cela peut aider, effectivement, mais moyennant une structure bien établie et rôdée, et des critères bien établis. Nous allons en parler avec le gouvernement, et nous prendrons les décisions qu’il faudra, une fois que tout le monde aura donné son avis sur la question. »
Pour sa part, le Dr Sulliman a mentionné le fait qu’ « avec la mise en opération du Drug Users Advisory Panel (DUAP), qui est une des recommandations du rapport Lam Shang Leen, la dépénalisation est déjà d’actualité. Mais nous avons compris que, là aussi, y a des manquements. Nous avons déjà démarré des rencontres avec les partenaires concernés pour mieux comprendre où le bât blesse et comment y remédier. »