Naufrage du MV Wakashio – Les énièmes incohérences des officiers de la NCG

Relevés téléphoniques à l’appui, le panel accule le PC Emambux et somme le sergent Jean-Claude de produire des copies certifiées des entrées

La Court of Investigation qui vise à faire la lumière sur le naufrage du MV Wakashio a repris cette semaine après une trêve de deux mois.  Comme ça a souvent été le cas depuis le début des audiences en janvier, les témoignages des représentants de la National Coast Guard (NCG) ont relevé leur lot de contradictions et d’incohérences. Le PC Mahboob Enambux et le sergent Jean-Claude ont tous deux déclaré à la barre qu’ils croyaient que le vraquier était un bateau de pêche illégale et qu’ils ne l’avaient aperçu qu’au moment du naufrage. Or, si l’on se réfère aux précédents témoignages de leurs collègues, c’est la première fois que la thèse de la pêche illégale a été évoquée à la barre. Le panel composé de l’ancien juge Abdurafeek Hamuth, et ses deux assesseurs Jean Mario Geneviève et Johnny Lam Kai Leung ont épluché les relevés téléphoniques du poste de la NCG de Mahebourg, où opèrent les deux témoins, pour en avoir le cœur net. Force est de constater qu’ils n’ont nullement été convaincus par leurs arguments.

Il faudra encore patienter pour le démarrage des audiences par visioconférences. Le panel peaufine les derniers détails avant de convoquer les témoins étrangers dont les membres de la Salvage team et les propriétaires du vraquier, la firme  Nagashiki Shipping. Des officiers de la NCG ont de nouveau été appelés à la barre pour la reprise, à l’ancienne Cour suprême, des témoignanges avec comme toile de fond les appels téléphoniques qui ont été enregistrées la nuit du naufrage. Des représentants de Mauritius Telecom (MT) et d’Emtel ont produit documents qui attestent un total de 17 appels effectués au poste de commande de Mahebourg.

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Le premier témoin, le PC Emambux a souligné qu’il avait pris ses fonctions à 8h30 le jour du naufrage et avait pour tâche d’effectuer des patrouilles. « Il n’y avait aucune patrouille en mer ce jour-là compte tenu du mauvais temps », a soutenu le témoin qui a été confronté à l’appel téléphonique de Marion de la Haye, une habitante de Goodlands qui est première personne à avoir signalé la présence du vraquier japonais à la NCG. Lors de son audition le 25 août dernier, cette dernière avait avancé qu’elle a dû s’y prendre à deux fois pour convaincre la NCG qu’un navire était drossé dangereusement au large des côtes de Point d’Esny. Le PC Emambux a alors répondu que « la première impression était la thèse qu’un bateau de pêche illégale se trouvait au large de nos côtes. The lady told me that there was a big light in the vicinity of Pointe D’Esny. I did not query more. Then I contacted the  NCG of Blue-Bay to let them know of this detail.”

Le naufrage du Wakashio n’a pas fini de faire couler de l’encre

« Vous n’étiez pas à votre poste à ce moment-là »

Le PC Emambux affirme avoir reçu quelques minutes plus tard un appel de l’officier Abacousna qui « m’a demandé si j’avais eu un contact radio avec un navire qui avait pénétré dans nos eaux territoriales. Je lui ai répondu que je n’avais pas établi de contact avec le navire et vice-versa. » L’assesseur  Jean Mario Geneviève a ensuite soumis le témoin à un feu roulant de questions sur les appels téléphoniques de Marion de la Haye. « La dame a témoigné sous serment qu’elle a appelé au poste de la NCG de Mahebourg en deux occasions. Qu’avez-vous à dire sur le deuxième appel ? » Ce à quoi le PC Emambux a répondu que « ce n’est pas moi qui ai décroché la deuxième fois. C’est le sergent Jean-Claude qui a répondu aux autres appels. Je l’ai entendu parler à la dame » Pas convaincu par ses arguments, le président de la Cour Abdurafeek Hamuth a rétorqué à l’officier : « Faux ! Vous n’avez pas décroché la deuxième fois car  vous n’étiez pas à votre poste à ce moment-là contrairement à ce que vous prétendez. » Le PC Emambux a timidement concédé qu’il avait fait une erreur.

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La version des faits du sergent Jean-Claude était donc particulièrement intéressante à suivre. « J’étais dans le Guard Room lorsque j’ai entendu le PC Emambux répondre à un appel téléphonique sur la présence d’un navire. Il m’a ensuite affirmé qu’il s’agirait vraisemblablement d’un bateau de pêche illégale. Or, ce n’est qu’après un appel de la NCG de Blue-Bay cinq minutes plus tard que j’ai su qu’un navire avait fait naufrage au large de nos côtes », a fait ressortir le témoin qui a été confronté aux relevées téléphoniques qui ne corroborait pas avec ses dires, à en croire l’assesseur  Jean Mario Geneviève. Le sergent Jean-Claude devra produire des copies certifiées de toutes les entrées de 17h le 25 juillet 2020 jusqu’au lendemain.

 

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