Nécrologie : Décès de Serge Lebrasse

Serge Lebrasse, l’un des pionniers du séga mauricien, s’est éteint aux petites heures ce matin. L’interprète de l’inoubliable Madame Eugène (Ezenn) avait 92 ans. Ses funérailles auront lieu demain. Son corps est exposé à la chapelle ardente d’Élie & Sons.

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« C’est avec une grande tristesse que nous vous annonçons le décès de notre cher papa. Le départ de Serge Lebrasse résume la consécration de la vie d’un homme qui a pleinement vécu sur le plan personnel, professionnel et artistique. » C’est avec ces paroles que Toto Lebrasse a annoncé ce matin, le décès de son père, le grand Serge Lebrasse. Avec sa légendaire chemise fleurie, il était reconnu comme étant celui qui avait permis au séga de « rant dan salon », dit-on.

Serge Lebrasse, né le 25 juin à la rue Prince de Galles, Rose-Hill, découvre le séga en allant travailler comme garde-forestier à Quartier-Militaire. Il y rencontre un certain Alphonse Ravaton, le grand Ti Frer. Serge Lebrasse se laissera gagner par le rythme en dépit du fait qu’il s’agissait d’une musique méprisée à l’époque. Toutefois, c’est alors qu’il est engagé dans l’armée, et en Égypte il chantera pour la première fois dans un micro. Il s’agissait d’une chanson de Jim Reeves, Mona Lisa.

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De retour à Maurice, il fait des petits boulots avant d’être engagé comme instituteur. Plus tard, il chantera de la variété dans un orchestre. Remarqué par le directeur de l’Éducation à l’époque, il est choisi pour suivre des cours de musique avec le maestro Philippe Oh San. C’est lors d’un fancy-fair au collège Saint Joseph que débute sa carrière de chanteur. Il y reprenait « divin tamasa » de Ti Frer. C’est ainsi qu’il est remarqué par M. Damoo, père, qui lui propose d’enregistrer une chanson.

Il compose Mama mo le marie et Eugénie lav sa ver la. Mais le succès n’est pas au rendez-vous. C’est en 1958, dans une compétition de Mr Mauritius au Plaza, que Philippe Oh San demande à Serge Lebrasse d’interpréter une de ses compositions, Madame Eugène. Le succès est inattendu. Le reste de l’histoire, on le connaît par cœur.
Serge Lebrasse n’a jamais quitté la scène depuis. Son « kas kas lerin » inimitable a fait de lui un homme de scène très apprécié. Les succès vont s’enchaîner. Moris mo pei, Per Laval, Mwa mo enn ti kreol, et tant d’autres. Grâce à Serge Lebrasse, les familles bourgeoises finissent pas accepter le séga, qui jusque-là était considéré comme une musique de « cholo ».
Serge Lebrasse a été élevé au rang de Member of the British Empire, reconnaissance de l’État, encore une colonie britannique, à l’époque.
D’après ses proches, il avait rendu visite au cardinal Maurice Piat, le dimanche 26 mars dernier. En octobre 2000, les deux avaient reçu la citoyenneté d’honneur de la mairie de Beau-Bassin/Rose-Hill.
Les funérailles de Serge Lebrasse auront lieu demain. Le lieu et l’heure n’ont pas encore été communiqués. Les Mauriciens peuvent lui rendre un dernier hommage à la chapelle ardente Elie and Sons, à Beau-Bassin, à partir de 11h aujourd’hui.
Le Mauricien présente ses sincères condoléances à son épouse Gisèle, à ses enfants et tous ses proches.

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