Le sociologue et observateur politique Malenn Oodiah est décédé ce vendredi. Figure intellectuelle reconnue, il a marqué de son empreinte la réflexion citoyenne à Maurice à travers ses écrits et ses engagements.
Chroniqueurs de l’hebdomadaire Week-end pendant de longues années et plus récemment collaborateur de la page Forum du quotidien Le Mauricien, il s’était imposé comme une plume critique et exigeante, soucieuse de nourrir le débat public. Ses analyses, toujours argumentées, invitaient à une lecture lucide de l’actualité nationale et internationale.
Au-delà de ses contributions journalistiques, Malenn Oodiah avait initié plusieurs projets citoyens et culturels. Parmi eux, Lakaz Flanbwayan à Bambous, un espace d’échanges artistiques et de cohésion sociale, où il conjuguait art, photographie et mémoire collective.
Créé pour soutenir la scène locale, ce lieu offrait aux artistes et aux photographes une vitrine pour présenter leurs travaux. Des journées portes ouvertes y étaient régulièrement organisées, favorisant la rencontre entre créateurs et public.
L’un de ses derniers projets, Mai 75, organisé le 18 mai 2025 Lakaz Flanbwayan à Bambous, avait réuni plusieurs témoins et acteurs autour du souvenir d’événements marquants de l’histoire du Mai 75. Passionné d’agriculture, il entretenait également une pépinière et expérimentait la plantation de semences dans ce qu’il appelait affectueusement son “drôme bleu”.
Auteur engagé, il a publié plusieurs ouvrages, dont Up-Close (2017), un livre de photographies, Pour une Révolution Tranquille, et plus récemment le Manifeste de l’Avenir (2024), un document de référence proposant des réformes structurelles et un pacte social renouvelé pour une gouvernance plus inclusive.
Bien qu’il n’ait jamais brigué de mandat électif ni appartenu à un parti, Malenn Oodiah avait choisi une autre forme d’engagement politique : celle de la réflexion et de la proposition citoyenne. À travers son initiative Projet de Société et ses ouvrages, il appelait à une gouvernance plus transparente et à une vision durable du développement. Ses interventions, tant dans la presse que lors de conférences, traduisaient une conviction forte : la politique ne se limite pas aux institutions, mais doit aussi se vivre dans la société civile, par le débat d’idées et la construction collective.
Avec sa disparition, Maurice perd une voix respectée du monde académique et citoyen. Ses écrits et ses engagements continueront d’inspirer et de nourrir la réflexion collective sur les grands enjeux de société.
lemauricien.com présente ses condoléances à son épouse Adi ainsi qu’à toute sa famille et tous ceux endeuillés par sa perte.
