Le 29 février est une date spéciale dans le calendrier, et pour cause : elle ne revient que tous les quatre ans, soit durant les années bissextiles comme c’est le cas en cette année 2024. Cela revêt d’ailleurs un caractère spécial pour les personnes (anonymes comme célèbres) nées à cette date, puisqu’elles fêtent leur anniversaire une fois tous les quatre ans. Une date qui interpelle, qui passionne, qui fait aussi peur. Surtout aux mamans qui donnent naissance à cette date peu commune. Jeudi dernier pourtant, plusieurs bébés sont nés. C’est sans doute dans les hôpitaux publics que l’on recense le plus de naissances. Dans le privé, il semble qu’on a un peu chômé. Quoi qu’il en soit, il y a eu pas moins de 31 naissances le 29 février à Maurice, dont parmi des jumeaux. Week-End est allé à la rencontre de ces bébés du 29 février 2024.
Le record des naissances pour ce 29 février, c’est à l’hôpital Jeetoo avec 14 bébés arrivés jeudi dernier. Parmi, 10 sont nés par césariennes et quatre par accouchement normal. À l’hôpital Bruno Cheong, on recense cinq naissances le 29 février. Deux naissances par voie normale et trois par césariennes. À l’hôpital Jewarallal Nehru, l’on compte deux césariennes. À l’hôpital Candos, ce sont huit naissances au total enregistrées le 29 février. Quatre petits garçons et quatre filles. Parmi, deux césariennes, dont une pour des jumeaux.
Des mamans toutes heureuses
C’est à l’hôpital Candos que nous avons rencontré ces mamans toutes heureuses de la venue de leur bébé. Malgré la douleur de la césarienne qu’elle a effectuée jeudi, Stacey S. sourit. Elle regarde le berceau avec un coeur attendri. C’est son deuxième enfant. Après quatre ans. « Un garçon. 3,2 kg, comme son aîné », précise-t-elle. Et puis, dans un rire, elle explique : « Pa ti atann. Mo ti krwar lemwa prosin. » D’ailleurs, elle s’était préparée pour la fin du mois de mars. Mais le petit K. S est arrivé avec un mois d’avance. Mais à terme. Sans doute une erreur de calcul, dit Stacey. L’habitante de Résidence Kennedy indique qu’elle était au travail lorsqu’elle a commencé à ressentir des douleurs il y a trois jours. Pour elle, c’était de simples crampes. Mais lorsqu’elle est arrivée pour son rendez-vous mardi matin, on l’a fait admettre, car son col était déjà dilaté, lui apprend-on.
Dans sa tête, Stacey pense que son accouchement serait sans doute en fin de semaine. Vendredi 1er mars, pense-t-elle. C’est ainsi sans appréhension qu’elle passe toute la journée de mardi, puis celle de mercredi en salle de repos. Mais jeudi matin, très tôt, les douleurs sont plus fortes. Il est 7h du matin. Stacey est conduite en salle de travail. Elle n’a pas le temps de penser à la date. Aucune importance pour elle, car c’est la santé de son bébé qui prime. Le coeur du bébé bat trop lentement, il faut provoquer la césarienne. C’est ainsi que son petit K. S est le premier bébé né à l’hôpital de Candos, ce 29 février. Un vrai bonheur pour Stacey et son époux.
« Enn sans to pa gagn bebe le 29… »
Ce n’est qu’après l’accouchement que le couple réalise que l’enfant est né le 29 février. Pourtant, en décembre dernier, lorsque Stacey a fait sa dernière échographie, son mari lui avait dit « enn sans to pas gagn bebe le 29… » Mais voilà, il ne croyait pas si bien dire. Pour Stacey, aujourd’hui qu’elle pense à la date, « ce n’est pas un drame. » Bien au contraire, son bébé vient faire le bonheur de la famille. Pour les anniversaires, « on va faire avec », dit-elle. « On va devoir trouver une date. Cela ne passera pas inaperçu. Laz-la pou ogmante li. Pa pou kapav atann 4-an ! » poursuit-elle. Certainement, son fils aura quelque chose de particulier, car être né le 29 février n’arrive que chaque quatre ans. Mais avant tout, quelle que soit la date d’anniversaire, le plus important c’est que l’enfant soit en bonne santé. Pour ce qui est de son avenir, Stacey voit loin. Elle espère que le petit K. S aura le même parcours exemplaire que son père.
Cette joie exprimée par Stacey S., Rishta. K la ressent également. Elle a aussi mis au monde, une petite fille, le 29 février. L’habitante de route Bassin, Quatre-Bornes, ne s’y attendait pas non plus. « Je pensais que ce serait en mars. Dans deux trois semaines », dit-elle. Mais le bébé est arrivé avant, pour le bonheur de Rishta et de son époux, qui sont fiers d’accueillir leur premier enfant. Si pour l’heure le prénom de la petite fille n’a pas encore été choisi, Rishta pense déjà que son enfant aura un avenir particulier.
« Li pou amenn boukou boner »
« Mo sir li pou amenn boukou sirpriz pou nou. Bokou boner », dit-elle. Pour cause, déjà la grossesse de Rishta était une belle surprise. « Aster so dat nesans ousi », sourit-elle. En effet, c’est lorsqu’elle est venue à son rendez-vous à l’hôpital jeudi matin aux alentours de 8h30 que la jeune femme a appris qu’elle allait être admise. Elle a d’ailleurs eu à subir immédiatement une césarienne, car son col était déjà dilaté. Si elle a pensé qu’il était ce jeudi, le 29 février, elle a d’abord pensé à la santé de son bébé. « Pa kapav dir non nou pa la. Lasante bebe pli importan. Erezma tou inn pas bien », dit Rishta.
3 anniversaires le même jour
Certes, au lendemain de la naissance, on pense à la date. Mais pour Rishta, « cela n’a pas d’importance. Peut-être même que ce sera un plus », dit-elle. D’autant qu’il est évident pour elle que les anniversaires de sa petite fille seront célébrés, hormis le 29 février chaque quatre ans, chaque 1er mars tous les ans. « Dans la famille, nous avons deux anniversaires le 1er mars. Celui de mon frère et celui de ma belle-soeur, la soeur de mon mari. Dorénavant, nous allons fêter trois anniversaires le même jour », dit-elle toute heureuse de son aînée qui, elle est sûr, va encore et toujours la surprendre.
Un peu plus loin, dans l’autre salle de maternité, Rachelle attend la visite de son époux. Il est au téléphone avec elle, et s’impatiente des heures de visite, où il pourra prendre sa petite fille dans ses bras. Le papa, un policer, est tout aussi heureux de la venue de la petite Marika Loéline Naëlya Céline. Un heureux événement, survenu le 29 février, auquel Céline ne s’attendait pas. « Je pensais que j’allais accoucher pour la fête de l’indépendance. Sans doute le 11 ou le 12 », dit Rachelle. Mais la petite Loéline était pressée de voir le monde. C’est en se rendant à son rendez-vous mardi que Rachelle a appris que son accouchement était éminent. Son col était déjà dilaté, lui a-t-on dit en l’admettant en salle. Mais elle a dû prendre son mal en patience et attendre jusqu’à jeudi pour mettre son enfant au monde. Si la jeune secrétaire à People’s Turf Club a déjà deux enfants, elle redoutait tout de même un peu l’accouchement. « Cela fait cinq ans quand même depuis mon dernier accouchement. Donc, j’avais un peu d’appréhension », explique la maman.
« Bannla dir mwa atann… »
Pour se donner du courage, elle parle à ses proches. C’est eux qui lui disent qu’il sera le 29 février, une date rare sur le calendrier. « Bannla dir mwa atann, pa gagne. Pa akouse le 29. Kot kapav ? » dit-elle en souriant. Le papa, lui, avait hâte d’accueillir sa petite fille, peu importe la date. Certainement, on ne peut pas aller contre les douleurs de l’accouchement. Vers 11h ce jeudi 29 février, les douleurs sont très fortes. Et Rachelle sait qu’elle va accoucher. Si elle pense au 29 février, elle se dit : « On va faire l’anniversaire le 1er mars. » La petite Loeline est arrivée à 14h45 par voie normale.
Posant des yeux attendrissants sur son bébé, Rachelle sourit et dit : « Ce sera une petite princesse. » L’avenir de son enfant, elle le sait, est déjà tracé. Et ce qui est sûr, dit cette maman heureuse, « c’est que si le 29 est une date en moins sur le calendrier, l’enfant aura, lui, sans doute quelque chose en plus. »
Des bébés très calmes
Comme les mamans dans la salle de maternité, l’Acting Charged Nurse, Mme Cheong, est souriante. Elle adore travailler dans cette salle, remplie de bonheur. Une salle où on ne chôme pas d’ailleurs. Car les allées et venues sont multiples. Même le 29 février. « Pour nous, c’était un jour normal », dit l’infirmière. Cependant, par expérience, le personnel de santé sait que le 29 février est une date assez angoissante pour certaines mamans. « Il y a celles qui y pensent, et celles qui n’y pensent pas. Mais là encore, lorsqu’elles entendent parler les autres femmes de la date du 29 février, qui est tout de même particulière, certaines d’entre elles angoissent », dit Mme Cheong.
C’est alors que les infirmières entrent en jeu pour rassurer ces mamans qui ont besoin d’un encouragement, de mots réconfortants. « Pour nous, le travail est le même. Les infirmières sont là pour appui psychologique. On explique aux patientes que peu importe la date de l’accouchement, le plus important c’est de voir leur bébé en bonne santé et qu’elles soient aussi en bonne santé. On trouve les mots pour les réconforter », dit-elle. Pour les anniversaires, c’est une autre histoire, dit la Charged Nurse. « On peut fêter l’anniversaire la veille, ou le lendemain. Ou à minuit », rigole-t-elle.
Dans tous les cas, c’est la santé de l’enfant qui prime. D’ailleurs, au niveau de cette maternité, tous les bébés sont en bonne santé. Ceux nés le 29 février ont fait une nuit parfaite ce jour-là. « On a eu des bébés très calmes », dit Mme Cheong, indiquant qu’en raison de la césarienne, les bébés sont placés dans la warm-room le jour de leur naissance, car les mamans ont besoin de repos. Ce sont les infirmières qui s’occupent d’eux. « Ces bébés du 29 février sont adorables. Pas un bruit. C’était super cool. On leur a donné à boire. On a changé les couches chaque 4h. Et ils ont dormi, tranquilles », dit-elle.