Noël, avec ses échanges de cadeaux, ses repas en famille et ses foyers illuminés de sapins et de guirlandes scintillantes, symbolise le partage et la convivialité. Mais pour de nombreux étrangers installés à Maurice, cette fête rime aussi avec distance, nostalgie et nécessité d’adaptation. Entre traditions importées et mal du pays, comment traversent-ils cette période ? Constat.
Installé à l’île Maurice depuis deux ans, Mario Fock-So, travailleur étranger originaire de Madagascar, confie que même durant cette fête très attendue de l’année, il doit travailler.
Dans son pays, où la majorité des Malgaches sont chrétiens, le 25 décembre est célébré avec une intensité particulière. Pour apaiser le manque de sa terre natale, Mario écoute la chanson traditionnelle malgache Jangobo, qui le replonge immédiatement dans ses souvenirs.
Le plat incontournable de Noël à Madagascar reste le ravitoto, préparé à base de feuilles de manioc pilées. Fidèle à l’esprit de partage, Mario ne garde pas ce mets pour lui seul ,« Je partage les différents plats malgaches avec mes amis mauriciens », confie-t-il.
Le réveillon de Noël demeure pour lui un moment particulièrement émouvant. Malgré le décalage horaire, il le passe en appel vidéo avec sa famille. « Même si je fais des appels vidéo tous les week-ends avec ma famille, je suis plus ému lors de la fête de Noël », ajoute-t-il.

Célébrer Noël à Maurice n’a toutefois pas modifié la perception profonde qu’il garde de cette fête. Pour lui, elle demeure avant tout un moment de partage et de connexion familiale, même lorsqu’elle se vit à travers un écran.
Olivia Ejionye, étudiante, réside à Maurice pendant un mois et demi et nous confie qu’elle va passer Noël comme en Afrique du Sud. Elle avait l’habitude de passer Noël à la fête foraine ; cette année, elle fera un tour avec sa colocataire dans un centre commercial.
« Maybe the sea makes it much better, with a fresh breeze compared to Johannesburg. It definitely still felt like I was on a vacation. », souligne Olivia. L’atmosphère tropicale de l’île Maurice n’a pas changé sa perception de Noël.
De petites astuces sont mises en place pour célébrer Noël. Elle prévoit de préparer un bon repas fait maison pour sa colocataire. Le riz, le matin de Noël, est toujours un régal et elle trouve aussi que les ingrédients mauriciens sont bons pour préparer ce plat. Même en essayant de reproduire ce plat à Maurice, il n’aura pas la même saveur que celui fait par sa famille sud-africaine. « I just can’t make it like my mom or grandma does. », souligne Olivia.
À des kilomètres de sa famille, le plus difficile pendant cette période pour elle est de voir des photos de Noël publiées sans elle sur les réseaux sociaux. Elle se retrouve alors à regarder d’anciennes photos de famille pour combler ce vide.
Même si Olivia passera des appels vidéo avec sa famille, cela ne pourra pas remplacer les moments partagés en présentiel. « Having video calls can help with the disconnection but not entirely. », ajoute-t-elle.
Afin de mieux s’intégrer et de ne pas se sentir à l’écart à Maurice pendant cette période de fête, elle pense se mêler aux Mauriciens pour vivre une nouvelle expérience, une étape qu’elle qualifie de difficile mais qu’elle souhaite surmonter.

C’est bientôt le deuxième Noël qu’Olivia passera loin de sa famille. Pour compenser cette absence, elle partage ce jour de fête avec sa colocataire, qui devient une figure symbolique de sa famille à Maurice.
Sukdev, originaire du Bangladesh, et Anish, venu du Népal, découvrent pour la première fois l’île Maurice. Bien qu’ils ne célèbrent pas Noël, les deux hommes tiennent à marquer le passage au Nouvel An, qu’ils vivront cette année loin de leurs familles. Après leur journée de travail, ils prévoient d’assister aux feux d’artifice et de partager, comme à leur habitude, des appels vidéo avec leurs proches. Dévoués à leur emploi, ils réservent leurs soirées aux célébrations et aux échanges familiaux, afin de concilier devoir professionnel et moments de convivialité.

Anish affirme ne pas se sentir perdu dans une société multiculturelle comme celle de l’île Maurice. Bien qu’il ne célèbre pas Noël, il estime que le secret d’une bonne fête réside avant tout dans le partage, notamment avec ses amis, mais aussi dans la découverte de son nouvel environnement.

Chez Mamy, le lien avec la patrie reste quotidien.Chaque soir, il appelle sa famille et ses enfants. L’adaptation passe aussi par la cuisine « Les plats mauriciens sont très différents de ceux de chez nous », explique-t-il. À Madagascar, son incontournable reste le Ravitoto sy Henakisoa, un plat de feuilles de manioc pilées et de porc, symbole de réconfort.
Pour recréer un peu de chaleur familiale, Mamy écoute régulièrement de la musique malgache, notamment Chocolat de Wawa. La période des fêtes ravive toutefois la nostalgie, « Noël, chez nous, c’est en famille », ajoute-t-il. « Ce serait bien d’avoir mes proches ici, mais avec le travail, c’est comme ça. »
Rija, lui, parle d’un “esprit de Noël différent”.Depuis son arrivée il y a un peu plus d’un an, il tente de recréer l’ambiance de son île natale en écoutant du Din Rotsaka et en préparant le traditionnel rambon’omby sy tsaramaso, un plat de queue de bœuf mijotée avec des haricots. Même loin des siens, il ne sera pas seul, après avoir appelé sa famille, il rejoindra ses amis malgaches. « Je ne serai pas dans la solitude ».

