Nouvelle génération de phares led/hid : Éclairage puissant mais aveuglant !

l Osman Mahomed : « De nouvelles normes verront le jour en 2026, sous l’impulsion du permis à points »
l Barlen Munusami : « Le ministère du Commerce doit interdire l’importation et la  commercialisation de ces produits à Maurice »

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Vous l’avez sans doute déjà remarqué, les phares des voitures sont de plus en plus puissants. La raison est liée à nouvelle génération de phares LED/HID développée depuis plusieurs années par les constructeurs automobiles. Ce système d’éclairage a comme principal avantage d’être plus efficace en matière de précision que les phares traditionnels à l’halogène. Toutefois, il s’avère que son intensité pose un sérieux problème, provoquant un éblouissement excessif et dangereux pour les conducteurs arrivant en sens inverse. Ce type d’ampoule peut avoir « de graves conséquences », dit Barlen Munusami, ex-sergent de police à la Traffic Branch, qui plaide pour que le ministère du Commerce interdise l’importation et la commercialisation de ces produits. Le ministre des Transports, Osman Mahomed, confie qu’« on serrera la vis des contrevenants sous l’impulsion du permis à points. »

Nos yeux étant très sensibles aux longueurs d’onde, le phénomène d’éblouissement est donc décuplé, en particulier la nuit. «Souvent, je peste après tous ces conducteurs qui roulent en plein phare et qui m’éblouissent, au point où je ne vois absolument rien. Au fil du temps, je me suis rendu compte que c’était ces fameux phares LED puissants qui m’aveuglaient. Le pire, ce sont quand ils prennent des dos-d’âne. Je me retrouve facilement éblouie, au point de ne parfois plus voir les balises fluorescentes dans les virages »,témoigne un conducteur résidant à Albion. Les phares HID et LED ne sont pas totalement identiques. Les phares HID utilisent une ampoule remplie de gaz qui produit de la lumière grâce à un arc électrique. En revanche, les phares à LED utilisent des diodes électroluminescentes pour générer de la lumière. Les deux technologies sont désormais systématiquement utilisées sur les phares des nouvelles voitures.
Sous l’effet de leur généralisation dans le secteur de l’éclairage, de nombreux constructeurs automobiles ont rapidement fait grimper la puissance lumineuse de leurs phares. Sauf que cette lumière intense, bien que très efficace, devient un véritable fléau pour de nombreux automobilistes, présentant un risque pour la sécurité routière. Aveuglées par ce faisceau extra lumineux et concentré, les personnes âgées en sont particulièrement affectées. Pour les motocyclistes, la position plus basse expose davantage leurs yeux au faisceau des SUV, tandis que les reflets sur la visière ou l’asphalte amplifient la perte de visibilité.
Le barème : 75 watts
Quid des lois en vigueur à Maurice ? La Construction & Use of Vehicule Regulation 2010 de la Road Traffic Act fait mention des règlements sur l’éclairage et l’utilisation des phares des véhicules routiers.  Pour être légale, une ampoule doit remplir une première condition : sa puissance ne doit pas dépasser 75 watts. Or, à en croire l’ex-sergent de police Barlen Munusami, « la Trafic Branch ne disposant pas de luxmètre— un capteur permettant de mesurer l’éclairement dans le spectre visible —, il n’est pas possible, pour l’instant, pour les forces de l’ordre de dresser des contraventions envers ceux ne respectant pas ce barème de 75 watts. Sont-ils capables à l’œil nu et de manière approximative de jauger la puissance ? J’en doute fort.  En revanche, lors des contrôles techniques (fitness)des véhicules, les examinateurs disposent d’appareils pouvant jauger l’intensité des lumières émises par les systèmes d’éclairage et agir en conséquence. Il y a un hic : les contrôles techniques effectués dans les centres se font tous les sept ans et entre-temps il y a un laisser-aller. »
Pour des raisons évidentes, les policiers ont les coudées franches en ce qu’il s’agit de l’application des lois régissant les couleurs légales pour les phares de voiture : (blanche, jaune et ambre). Conformément à aux sections 51(2) et (3), chaque véhicule équipé d’une ampoule doit émettre une lumière :
White in colour towards the front
Amber in colour in the case of a front direction indicator or a warning beacon lamp
Amber in colour towards either side of the vehicle
Red in colour towards the rear
Amber in colour in the case of a rear direction indicator
White in colour in the case of a registration plate lamp or a reversing lamp.
Toujours est-il que les automobilistes sont nombreux à s’arroger le droit d‘apposer une pellicule bleue ou verte sur leurs phares LED ou d’utiliser une ampoule de ces mêmes couleurs afin d’obtenir un effet particulier…, mais contraignant pour les yeux. Beaucoup d’entre elles ont une teinte blanc bleuté bien plus prononcée que le blanc jaunâtre des phares halogènes. À en croire une source à la Trafic Branch, on dénombre 2 350 contraventions dressées pour ce type d’infraction depuis le début de l’année, même si « on peut être flexible sur la teinte des phares, tant que cela n’affecte pas la norme niveau de luminosité. »
L’intensité des feux n’est pas le seul facteur responsable du péril qui guette la nuit. Le positionnement des phares est aussi en cause. Les feux des SUV étant placés de plus en plus haut, les conducteurs de berlines se retrouvent de plus en plus éblouis par l’intensité lumineuse des lampes LED/HID.  « C’est là où le bât blesse. Lorsque les phares HID des SUV visent directement les rétroviseurs des berlines, ça fait des étincelles ! Il y a le mauvais réglage : un décalage d’un seul degré projette la lumière 30 mètres trop haut sur la voie d’en face », affirme Barlen Munusami.
« Les ampoules LED adaptables pullulent
sur internet »
Les phares à LED sont omniprésents sur nos routes, éclairant chaque trajet avec une puissance inégalée. Au Royaume-Uni, ce phénomène est pris très au sérieux. D’après une étude commandée par le ministère britannique des Transports, 97% des conducteurs interrogés sont régulièrement ou parfois éblouis. Autre statistique intéressante : 33% des automobilistes indiquent moins rouler la nuit, voire pas du tout, à cause de la luminosité des phares. Face à ces chiffres, les autorités britanniques ont décidé de mettre en place une nouvelle réglementation qui imposera un système de réglage automatique des phares. Elle doit entrer en vigueur en 2027. Le ministre des Transports, Osman Mahomed, annonce que « le futur système du permis à points intégrera les phares à LED trop éblouissants, non-conformes et trafiqués. Une contravention équivaudra à 3 points. Au-delà de 15 points, le permis sera retiré. »
Au-delà des lacunes dans la loi que le gouvernement devra corriger, Barlen Munusami souligne que le ministère du Commerce a un rôle à jouer dans ce processus. « Il y a l’importation et la commercialisation des ampoules traditionnelles imitant la lumière bleutée des phares haut de gamme. Il faut les interdire. Les ampoules LED adaptables pullulent sur internet, souvent plus puissantes que l’origine, sans homologation.» Notre interlocuteur soutient également que « les constructeurs automobiles doivent se conformer aux lois mauriciennes, comme c’est le cas pour d’autres pays qui n’acceptent pas de voitures équipées de cette nouvelle génération de phares LED sur leur sol.  Les voitures dotées de crash-bars, produites en Afrique du Sud, ne sont-elles pas interdites à Maurice ? Il faut s’en inspirer »

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ANDY SERVIABLE

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