La Financial Crimes Commission (FCC) semble avoir ouvert une véritable boîte de Pandore après la perquisition menée dans les bureaux de Sattar Hajee Abdoula (66 ans), à Port-Louis et à Ébène aussi bien qu’à sa résidence de Phoenix en marge de l’opération Maradiva, Lakaz Mama – Sezon II. Outre le dossier de la compagnie aérienne nationale, Air Mauritius, la Commission s’intéresse au sexagénaire pour son rôle en tant qu’ancien Chairman de SBM Holdings Ltd. Il avait présenté sa démission après la défaite du gouvernement de Pravind Jugnauth aux élections générales de novembre 2024 et quitté officiellement ses fonctions en avril. Toutefois, la commission s’interroge sur la présence, parmi les documents saisis à son bureau, de dossiers relatifs aux opérations de la State Bank of Mauritius portant sur des « toxic loans » accordés par la banque.
Or, les documents des clients sont considérés comme confidentiels et ne peuvent légalement demeurer en possession d’un ancien responsable de la banque. Sattar Hajee Abdoula devra donc fournir des explications au sujet de l’usage qu’il comptait faire de ces informations.
Parallèlement, la Financial Crimes Commission mène déjà une enquête sur les prêts toxiques accordés par la SBM sous l’ancien régime. Les enquêteurs ont sollicité l’avis du département légal afin de déterminer s’ils sont autorisés à examiner les documents saisis chez Grant Thornton. En principe, seul le client concerné ou une ordonnance de la Cour peut permettre l’examen de ces documents bancaires sous les dispositions de la Banking Act. Cependant, ces dossiers ayant été obtenus à la suite d’une perquisition légale, les officiers souhaitent obtenir des éclaircissements sur la procédure à suivre pour éviter toute irrégularité ou toute violation du secret bancaire.
S’agissant des autres cas de Toxic Loans à l’étude au niveau du Réduit Triangle, certains dossiers retiennent particulièrement l’attention. Parmi eux figure un ensemble de prêts d’un montant total d’environ Rs 1,5 milliard, octroyés à une compagnie indienne opérant principalement au Kenya. Cette entreprise avait décroché un contrat du gouvernement kényan portant sur la fourniture de denrées alimentaires et de matériaux de construction. Confrontée à des difficultés financières fin 2017, elle s’était tournée vers la SBM, en présentant des documents attestant que l’État kényan lui devait plusieurs milliards de roupies.
Le retard de paiement du gouvernement kényan avait fortement fragilisé la société. Un accord avait alors été conclu avec la SBM : la banque avançait les fonds, lesquels devaient être remboursés dès réception du paiement du gouvernement. Toutefois, un point majeur suscite aujourd’hui des interrogations : ces prêts ont été accordés sans aucune garantie solide.
Un autre dossier concerne une société d’investissement basée à Dubaï, active dans le secteur médical et dont la majorité des opérations se déroulent à Abu Dhabi. Là encore, les prêts dépassent Rs 1,2 milliard. Au total, l’enquête sur les « toxic loans » porte sur plus de Rs 7 milliards de crédits considérés comme particulièrement à risque.
Dans un volet distinct, l’ancien Chief Executive Officer de la SBM, Premchand Mungur, a été provisoirement inculpé pour le délit de Fraud by Abuse of Position au profit de la société Dhyanavartam Ltd, gestionnaire de l’hôtel Maradiva du clan Ramdenee/Jugnauth. Cette affaire concerne des prêts d’environ Rs 470 millions. Son arrestation, menée par la Financial Crimes Commission en juin, fait suite à des éléments laissant entendre que ces financements auraient été accordés sur la base d’informations erronées, s’apparentant à une falsification de documents. Cette manœuvre aurait permis aux propriétaires de Maradiva d’éviter de justesse une liquidation par une autre banque commerciale, auprès de laquelle ils s’étaient retrouvés en défaut de paiement.

