Pandémie Covid-19 – Le drame de l’hôtel Tamassa : Accablant Cover-Up

Dans le cas des 11 dialysés du NSH, victimes du virus invisible en mars 2021 « Clear Instances » de négligence médicale dans les cas des dialysés Surwon, Beedassy, Unjore et Bissoo Dans les autres cas de mortalité, « the lack of documents and poor recording of events overall stop short of a finding of negligence »

Même si le ministre de la Santé, Kailesh Jagutpal, et de surcroît le gouvernement ne cessent de se féliciter de la gestion de la pandémie du Covid-19, le volet du drame des dialysés du New Souillac Hospital de mars 22, soit 11 au total, continue à hanter les couloirs de la Santé. En effet, si jusqu’ici le ministre, se basant sur les analyses des Top Guns de la Santé, se contente d’avancer que seuls deux cas de négligence médicale ont été confirmés sur les onze décès, un document confidentiel, extrait d’un rapport de 75 pages du Medical Negligence Standing Committee, prend à contre-pied cette affirmation ministérielle. D’abord, il n’y a pas que deux cas de négligence médicale, mais quatre cas sont catalogués dans ce rapport, qui fait état d’un cover-up accablant. Ce document, qui cite les noms de ces quatre patients victimes du Covid-19 va plus loin en laissant entendre que des procédures administratives, notamment un lack of documents, font que des réserves sont exprimées par rapport aux allégations de négligence médicale dans les sept autres cas.

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Les détails de ce document qui circule dans des cercles restreints au QG du ministère de la Santé ne laissent aucun doute que la thèse de deux cas de négligence médicale, colportée officiellement par Kailesh Jagutpal, ne tient nullement la route. Le nombre est nettement plus conséquent, et les circonstances de ces décès, et en général du traitement médical accordé à ces patients sous traitement de dialyse, sont encore plus dramatiques que l’on ne croit.

Face à ces nouveaux détails découlant de l’enquête confiée au Medical Negligence Standing Committee, sous la présidence de Me Lockraj Nuckchady, au ministère de la Santé, l’on se contente de répéter la teneur de la position du ministre à l’effet que deux cas de négligence médicale ont été soumis au Medical Council pour des besoins d’enquête. Et cela, sans aucune indication, même si avec ces deux cas, des mesures disciplinaires, dont des interdictions, sont envisagées à l’encontre des professionnels visés dans le rapport sur les 11 décès de patients du New Souillac Hospital.
Ou encore si les proches des victimes auront été briefed sur les findings de l’enquête du Medical Negligence Standing Committee leur permettant de compléter leur deuil respectif. D’autant que les renseignements parvenus à la rédaction de Week-End confirment que la version du rapport de 75 pages comporte des chapitres consacrés spécifiquement à chacun des onze dialysés du New Souillac Hospital avec des détails précis sur chaque cas. Donc, à ce stade, le ministère de la Santé ne peut plaider l’ignorance du drame se jouant avec la fermeture du New Souillac Hospital dès le 26 mars 2021 sur ordre de la Dr Catherine Gaud, Senior Adviser du ministre de la Santé et Grande Prêtresse déclarée de la lutte anti-Covid-19 à l’Hotel du Gouvernement.

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Toutefois, ce document est catégorique par rapport au nombre de cas de négligence médicale éprouvée, alors que des questions se posent sur la décision du ministère de la Santé de ne retenir que deux cas sans aucune précision publique et en toute opacité sur ces cas retenus. Par contre, le document dont Week-End a pu avoir accès ne passe pas par quatre chemins à ce sujet. Ainsi, tout en retenant le fait que la situation inédite prévalant en mars 2021, avec la deuxième vague du Covid-19, le rapport se montre intraitable à l’encontre des professionnels de la Santé, et à tous les niveaux.

« It is granted that the prevailing situation in March 2021 was unprecedented and those involved in the management of those dialysis cases were operating under severe working conditions. But unfortunately there were also serious failures and omissions with regard to the care and management of several cases under investigations, including in the case late patients Surwon, Beedassy, Unjore and Bissoo where the Committee found clear instances of neglect and poor treatment which may have contributed to a worsening of those late patients’ conditions », note encore le document, qui risque de mettre le ministère de la Santé encore plus mal à l’aise avec la relance de l’enquête de l’Independent Commission Against Corruption (ICAC) sur le scandale de Molnupiravir. Tout semble indiquer que l’ex-Senior Chief Executuve à la Santé, Dalida Allagapen, devrait être entendue de nouveau under warning avec une potentielle inculpation provisoire cette fois-ci.

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Martyre dans les chambres
Mais la conclusion du Medical Negligence Standing Committee ne s’arrête pas seulement aux quatre victimes susmentionnées. Dans d’autres cas de décès au Covid-19 faisant l’objet d’enquête, « there has been a finding of negligence the committee has not been able to attribute for breach of duty of care to named personnel mainly as a lack of documents or poor recording of events overall ». Ce qui veut tout dire sur cette affaire ténébreuse qui risque d’être relancée sur de nouvelles bases encore plus controversables.
Des recoupements d’informations effectués par Week-End indiquent que dans le cas de Habib Unjore, une des onze victimes, l’accusation de négligence médicale est encore plus flagrante et attribuée directement aux membres du personnel hospitalier. En effet, la décision avait été prise en vue de lui faire subir un scan à l’hôpital ENT. Puis, à son retour, il devait être admis sous Intensive Care Unit. Une indication de son état de santé extrêmement à risque. Le taux d’oxygène de ce patient était dramatiquement très bas, avec son SPO ne cessant de se dégrader.

« They collapsed and died alone »
Mais pour assurer le transfert de ce patient à l’ENT dans des conditions idéales, il aurait fallu une ambulance avec des équipements nécessaires, surtout une alimentation en oxygène, en vue de parer à toute éventualité. Or, Habib Unjore a voyagé dans un véhicule de Rapid Response dépourvu d’équipements de secours et d’oxygène. Entre-temps, le taux d’oxygène se dégradait dangereusement sans que le personnel soignant ne puisse être d’un apport quelconque. Les informations de Week-End confirment que ce septuagénaire n’a pu supporter le calvaire du retour et avait poussé son dernier souffle dans le véhicule de Rapid Response.

Mais à ce jour, les proches de Habib Unjore sont encore dans l’attente du moindre détail sur les ultimes épreuves subies par leur proche. Et cela, en dépit des multiples demandes répétées des membres de la famille aux autorités de la Santé, avec le ministre élu de la circonscription de Rivière-des-Anguiles/Souillac (N°13). Pour les cas de Suren Surwon et de Dharlanand Bissoo, qui n’avaient jamais été testés positifs au Covid-19, aucun détail sur leurs décès n’est disponible. Ils ont passé leur martyre en isolement dans leurs chambres respectivement à l’hôtel Tamassa.

Pour ce qui est de Suren Surwon, ce ne fut que dans la matinée du 29 mars, quand le personnel de l’hôtel procédait à la distribution du petit déjeuner, que le décès avait été constaté. Un scénario similaire dans le cas du décès de Dharlanand Bissoo. Pesonne ne peut s’aventurer pour dire si ces deux victimes du Covid-19 à l’hôtel Tamassa, transformé en centre de quarantaine, avaient appelé à l’aide dans la nuit. « They collapsed and died alone during the night and all this went unnoticed », peut-on lire dans des extraits de ce document, se présentant comme un indictment de la gestion de ce volet de la pandémie au niveau du New Souillac Hospital.
Le document poursuit à ce même chapitre que « hence, it does appear that on/about 26 March 2021 those responsible at the level of the Public Heath administration centre were unprepared by the sudden turn of events and the lack of adequate planning resulted in their inability to fully attend to the needs of those sick patients. » Ainsi, dans la nuit du 28 mars 2021, que deux Nursing Officers, qui n’avaient jamais été affectés au New Souillac Hospitals, y étaient de service.

Chronologiquement, dans l’après-midi du 28 avril 2021, ces deux Nursing Officers, en compagnie du Dr Awatar et un autre préposé, étaient responsables de recevoir les patients de dialyse infectés par le virus du Covid-19 du centre de quarantaine de Tamassa de même que de s’occuper des autres patients de la Dialysis Unit. « They did request for more help which was not heeded until around 2 April 2021 when nurses from different hositals were posted to deal with the backlog. »

Cet état de choses pousse à la conclusion que « in the circumstances, it cannot be denied that the standard of medical assistance and nursing care of the several cases under investigation were grossly inadequate and simply lacking for a few of the deceased patients at the New Souillac Hospital. »

Une autre partie des findings du Medical Negligence Standing Committee porte sur les lacunes majeures dans la logistique du transport des patients, la qualité de la nourriture servie ou encore le manque d’informations. Ce n’est nullement un hasard que, d’emblée, cette instance d’enquête dénonce « the dismal and in many cases the total absence of documents/recordings of important information, namely Dialysis Sheets, monitoring sheets. As a matter of fact, there was no report or any record in any way substantiating that monitoring of vitals were actually carried out at Tamassa Quarantine Centre for any of the eleven patients under review. »

Dans la conjoncture, ce qui est sûr, c’est que dès ce matin, les Top Guns à la Santé accentueront la pression pour essayer de retracer le whistleblower sur un dossier aussi crucial avec mort d’homme pour négligence au plus haut niveau…

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