Les mesures budgétaires et les Budget Estimates liées au volet patrimoine, le parent pauvre de l’action gouvernementale, comme on a coutume de le dire, ont été disséquées par l’ONG SOS Patrimoine en Péril qui, par le biais de son président Arrmaan Shamachurn, qui fait ressortir qu’« aucune des annonces faites lors de cet exercice n’est en ligne avec nos recommandations. » S’il salue que divers projets de restauration, à l’instar de l’aqueduc de Canal Dayot, de la tour de l’ancien Moulin à Poudre à Pamplemousses et de la Batterie de L’Harmonie aux Salines, ont été évoqués par le Grand Argentier, Arrmaan Shamachurn soutient que des macadams entourent leurs concrétisations. Il s’insurge que certains projets annoncés dans les précédents budgets ont été reportés aux calendes grecques ou carrément balayés d’un revers de la main, à l’image de l’ancienne station de police de Trou-Fanfaron.
« SOS Patrimoine has done its share of sending its proposals to the Ministry once again this year but none have been taken on board. Thus, legitimately so, we find the budget disappointing and at the end of the day the cultural heritage sector remains l’enfant pauvre du budget », fait ressortir l’ONG dans son analyse qui met en relief l’absence de mesures urgentes pour mettre un frein à la décrépitude, voire à l’effondrement de ces magnifiques bâtiments en bois ou en pierre taillée que nous ont légués nos aïeux. Zéro annonce et zéro budget consacré à la rénovation d’une aile importante des Casernes centrales (1740) ravagée par un incendie il y a presque deux ans. Et quid du bâtiment abritant l’ancienne station de police de Trou-Fanfaron, à Port-Louis (1770) ? Classé patrimoine national en janvier 1951, soit sous l’ère coloniale, par le gouverneur britannique sir Hillary Blood, l’édifice avait également été la proie des flammes, le 14 août 2017.
SOS Patrimoine en Péril a pris note de l’engagement pris par l’État de développer un quartier de patrimoine culturel à l’Aapravasi Ghat World Heritage Property pour célébrer la riche histoire mauricienne, promouvoir l’échange culturel et améliorer l’expérience des visiteurs. L’ONG regrette cependant que « the Rice Store Building, forming part of the Military Hospital, is still awaiting restoration to house a Galerie d’Art National and from information received, amidst this delay, the site has recently been subject to larceny of cut stones and other objects. » Arrmaan Shamachurn ne mâche pas ses mots en ce qu’il s’agit des zones d’ombre entourant la rénovation du musée naval de Mahébourg : « We again see a ridiculous sum of Rs1 million allocated for the Project Preparation for the Renovation of National History Museum, Mahebourg, which is now going on for almost 10 years, a delay which is contributing to the deterioration of the building. »
Comme si ça ne suffisait pas, le wagon des gouverneurs britanniques, un symbole d’élégance durant l’époque de son usage jusqu’en 1955, est sur le point de s’effondrer sous un hangar sis à l’arrière dudit musée. La preuve, s’il en fallait une, du mépris des autorités pour tout ce qui touche à la genèse coloniale.
Des éclaircissements
sur La Citadelle
Arrmaan Shamachurn souhaite des avoir des clarifications au sujet de la déclaration de Renganaden Padayachy selon laquelle des investissements privés dans le développement de l’industrie de la création, incluant de salles de concerts et de théâtres, pourront bénéficier d’un Premium Investor Certificate assorti d’incitations en matière de fiscalité : « It is still needs to be clarified whether the Economic Development Board (EDB) is also promoting the renovation of cultural heritage sites and other activities related to tangible cultural assets as a key area of investment or whether projects such as the recent Call for Expression of Interest regarding La Citadelle is only a one-off. » L’autre question qui taraude SOS Patrimoine en Péril demeure le retard dans la complétion des travaux de rénovation du théâtre de Port-Louis. L’ONG souhaite que les autorités se prononcent sur le financement de ce projet drapé d’approximations.
Malgré leur bien-fondé, les mesures relatives aux projets de restauration de l’aqueduc de Canal Dayot, de la tour de l’ancien Moulin à Poudre à Pamplemousses et de la Batterie de L’Harmonie aux Salines sont prises avec des pincettes par SOS Patrimoine en Péril. « Allocation of funds for the renovation of cultural heritage sites is always good but this selective approach should be reviewed and instead a more holistic one should be adopted. It seems no consideration is given to the appeal of stakeholders from the civil society. We again maintain that his approach is bound to fail and this is illustrated by the fact that funds for the restoration of the Tower of Old Powder Mill and the Batterie de L’Harmonie were already voted under the 2017/2018 Budget, but still the projects failed to materialise. Again allocation of funds does not provide any guarantee that these sites will indeed be restored in absence of a concrete national policy for our cultural heritage. Moreover, it is to be noted that the Tower of Old Powder Mill forms part of a vast area of a site which needs to be preserved as a whole and same goes for the Canal Dayot Aqueduct », souligne Arrmaan Shamachurn.
