Pèlerinage du Père Laval — Mgr Durhône : « Père Laval a accompagné les pauvres dans le respect, sans les juger »

Des milliers de Mauriciens de convictions et de pratiques religieuses confondues entreprennent ces jours-ci le pèlerinage au caveau du bienheureux Père Laval pour marquer l’anniversaire de la mort et de l’arrivée à Maurice de l’apôtre des Noirs. La messe principale célébrée dans la soirée d’hier a été l’occasion pour l’évêque de Port-Louis, Mgr Jean Michaël Durhône, de revenir sur le parcours et la mission exemplaires de cet homme d’église, qui avait quitté sa France natale pour se mettre au service des esclaves nouvellement affranchis à Maurice.

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« Le Père Laval a accompagné les pauvres dans le respect, sans les juger. Per Laval ti ekout bann pli pov. Per Laval ti akey tou dimounn. Dan son kafe pena triaz. Legliz ekout saki lepei pe dir », a affirmé l’évêque dans son homélie avec en parallèle le jubilé des pauvres se déroulant à Sainte-Croix même en cette même période.

« Per Laval li enn sin de Maurice, de la rezion. Mo espere ki biento li vinn enn sin de legliz iniversel », a-t-il souhaité en annonçant que le diocèse de Port-Louis enclenchera bientôt la phase diocésaine menant vers la canonisation du Père Laval. Dépassant le cadre purement religieux, Mgr Durhône a passé en revue la situation dans le pays, avec en première ligne deux aspects préoccupants, en l’occurrence le fléau de la drogue et l’éducation. « Pa kapav indiferan kan zenes pe tonb dan ladrog », s’est-il appesanti tout en revenant sur l’importance de l’éducation. À ce dernier chapitre, il a abordé la question de l’élimination de la promotion automatique dans le cycle primaire. Comme chaque année, la traditionnelle messe du pèlerinage a aussi réuni de nombreuses personnalités du pays, dont le président de la république, Dharam Gokhool, et son adjoint, Robert Hungley.  Dans son homélie, l’évêque de Port-Louis  a mis l’accent sur le sens de l’écoute. Comme Jésus a été à l’écoute des disciples d’Emmaüs et le Père Laval à l’écoute des pauvres, a-t-il fait ressortir, l’Église doit être à l’écoute de ce que dit le pays.

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« Avec Père Laval, soyons pèlerins d’espérance. » Tel était le thème du pèlerinage du Père Laval 2025. Cette année, le pèlerinage coïncide avec le jubilé des pauvres. Monseigneur Jean-Michaël Durhône a souligné que feu le pape François avait lancé l’année jubilaire le 24 décembre 2024 et qu’à Maurice, l’Église a voulu vivre cela avec le Père Laval.

Faisant référence à l’évangile du jour, il a souligné qu’il y a l’espérance, quand Jésus se met à l’écoute des pèlerins d’Emmaüs. « Ils étaient tristes, découragés et Jésus a marché avec eux, dans leur détresse. » De même, a-t-il poursuivi, Père Laval a été à l’écoute des plus pauvres. « Les anciens esclaves vivaient dans des conditions difficiles, ils n’avaient pas trouvé leurs places dans l’église, il y avait aussi une pauvreté spirituelle. Père Laval les a accompagnés, dans le respect, sans les juger. »

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L’espérance, a poursuivi Mgr Durhône, c’est aussi quand l’Église écoute ce que vit le pays. Faisant référence au Jubilé des pauvres, il a fait ressortir que cela a été l’occasion d’être à l’écoute des personnes qui vivent différentes formes de pauvreté. « Le 4 mai dernier, nous avons organisé une journée pour donner la parole aux pauvres. Pour écouter ce qu’ils sont en train de vivre. Nous avons écouté la souffrance des parents, dont les enfants sont dans la drogue, sans juger, sans condamner », déclare-t-il en faisant référence à la mission d’écoute sociale confiée au père Gérard Mongelard.

L’un des points, ayant émergé lors de ces consultations, a été le souhait qu’il y ait un endroit pour accueillir les parents, lorsqu’ils se sentent en danger face aux répercussions de la drogue au sein des familles. Il a également mis l’accent sur le travail entrepris par Lakaz A, qui accompagne les familles dont les enfants sont prisonniers de la drogue, leur donnant ainsi l’espérance. Il a également salué le courage des familles qui se battent, sans baisser les bras, pour sortir leurs enfants de l’enfer de la drogue.

Mgr Durhône a eu une pensée également pour les détenus et la nécessité de faciliter leurs réintégrations. Il a réitéré l’urgence d’une révision du certificat de caractère à ce chapitre. L’évêque de Port-Louis a fait part de sa préoccupation devant le fait que 50% des détenus liés à la drogue sont dans la fourchette d’âge de 18 à 35 ans. Il s’est dit également interpellé par le nombre de suicides en hausse chez les jeunes.

Parlant de l’initiative Anou transform nou landrwa, Mgr Durhône évoque la nécessité de telles activités, afin que certains quartiers ne deviennent pas des ghettos. Il a également parlé de l’espérance dans l’éducation, précisant que l’Église veut collaborer avec le gouvernement et les éducateurs, pour trouver des solutions, afin que tous les enfants qui quittent l’école primaire sachent lire et écrire. Prendre soin de l’éducation des enfants, a-t-il ajouté, est un signe d’espérance.

Jusqu’à fort tard dans la soirée d’hier, « les pèlerins sur les pas missionnaires du Père Laval » ont défilé au caveau de Sainte Croix en toute piété et dans la ferveur. Tel devra être le cas aujourd’hui de même que pendant la durée du jubilé des pauvres jusqu’à la messe de clôture, qui sera célébrée par l’évêque de Port-Louis le dimanche.

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