Période festive : « Les bruits intenses provoquent un stress aigu chez les animaux »

Le Nouvel An rime avec festivités et rassemblements en famille ou entre amis. Mais si les pétards et feux d’artifice participent à l’ambiance, ce spectacle est loin d’être une fête pour les animaux. Pour eux, ces explosions sonores constituent une véritable source de stress.

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À l’approche des célébrations, les propriétaires d’animaux sont appelés à redoubler de vigilance quant au bien-être de leurs compagnons. Des vétérinaires contactés par Le Mauricien livrent leurs conseils sur les précautions à prendre durant cette période, tout en alertant sur les signes de stress et d’anxiété que peuvent manifester les animaux.

Jowad Timol, de Vétérinaire Mauritius, explique que les animaux disposent généralement d’une ouïe beaucoup plus fine que celle des humains, ce qui amplifie l’impact sonore des pétards et feux d’artifice. « Ces bruits soudains et inhabituels peuvent provoquer un stress aigu », souligne-t-il. Les animaux présentent alors divers symptômes physiologiques et comportementaux, notamment une accélération du rythme cardiaque, une respiration rapide accompagnée de halètements, des tremblements, une hypersalivation, des allers-retours frénétiques, des comportements destructeurs tels que griffades ou morsures d’objets, ainsi qu’une incontinence urinaire ou fécale.

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Dr Jowad Timol

Afin de limiter le stress lié aux nuisances sonores, le vétérinaire recommande de fermer fenêtres et volets, tout en veillant à ce que les animaux ne puissent s’échapper par des portes ou ouvertures non sécurisées. Pour atténuer les bruits extérieurs, il est également conseillé de diffuser une musique douce ou de laisser la télévision allumée. Jowad Timol précise qu’il ne faut jamais forcer un animal à se rapprocher de son maître, mais plutôt lui aménager une « pièce refuge », avec des couvertures et des odeurs familières.

Les fugues peuvent avoir de lourdes conséquences, surtout lorsqu’elle s’effectuent sur de longues distances. Les animaux risquent de se perdre, de ne plus retrouver leur foyer et s’exposent à des accidents de la route, des chutes ou diverses blessures, telles que des griffures, entorses ou fractures. Ils peuvent également se retrouver coincés dans des lieux dangereux. Dans les cas extrêmes, une crise de panique peut entraîner un arrêt cardiaque. Pour les petits animaux, notamment lapins, rongeurs ou oiseaux, un stress intense lors d’une fugue peut s’avérer fatal.

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En amont d’une soirée de feux d’artifice, Jowad Timol recommande une longue promenade avant la tombée de la nuit afin de fatiguer l’animal. Il est également conseillé de le nourrir plus tôt, le stress pouvant entraîner une perte d’appétit. Même pour les animaux habituellement gardés à l’extérieur, il est préférable de les installer à l’intérieur, dans un espace sécurisé, une niche ou une caisse de transport. Le vétérinaire insiste par ailleurs sur le fait qu’il ne faut jamais attacher un chien à l’extérieur, en raison du risque de pendaison en cas de panique . » Vous pouvez essayer d’habituer progressivement votre animal aux bruits par désensibilisation sonore avec des enregistrements à faible volume au début, » ajoute le vétérinaire, afin de familiariser l’animal à des bruits externes et inhabituels.

Pour apaiser l’anxiété, des alternatives non médicamenteuses peuvent être envisagées, telles que des phéromones apaisantes, des jeux à mâcher ou à lécher, ainsi que des compléments alimentaires à base de plantes. Toutefois, Jowad Timol met en garde contre l’administration de calmants sans avis vétérinaire. Certains médicaments destinés aux humains sont toxiques pour les animaux et, dans certains cas, peuvent paradoxalement accroître l’agitation ou provoquer la panique.

Un surdosage peut entraîner un coma, une détresse respiratoire, voire la mort. Il est donc impératif de consulter un vétérinaire avant toute médication, même jugée  « légère « , et en cas de doute.

En cas de blessure légère et visible, le vétérinaire recommande de désinfecter la plaie à l’aide d’un produit adapté, comme l’iode ou la Bétadine. Pour éviter que l’animal ne se lèche, l’usage d’un collier vétérinaire est indiqué. Si la blessure est grave ou si l’animal présente des signes de choc, il faut contacter immédiatement un vétérinaire. Des cliniques vétérinaires d’urgence sont opérationnelles à travers l’île, y compris durant les périodes de fête. L’animal doit être transporté calmement, enveloppé dans une couverture ou placé dans une caisse, en évitant de manipuler les zones douloureuses et en s’assurant qu’il respire normalement.

Après toute fugue, une consultation de contrôle est recommandée, même en l’absence de blessure apparente, le stress pouvant entraîner des complications cardiaques ou digestives.

Après avoir détaillé les effets physiologiques et psychologiques du stress chez les animaux, l’attention se porte également sur la manière dont cette peur se manifeste concrètement et sur les risques encourus par les propriétaires. Le Dr Vicky Ruhee, chef vétérinaire à la Vetocare Clinic, rappelle que les chiens et les chats perçoivent les détonations soudaines comme une menace immédiate.

Dr Vicky Ruhee

« Il ne s’agit ni d’un simple inconfort ni d’un caprice, mais d’une réaction biologique naturelle », explique-t-il.

Cette perception déclenche chez l’animal une peur intense, parfois difficilement maîtrisable. Les signes à surveiller sont multiples : agitation inhabituelle, halètement excessif, vocalisations anormales, tentatives de fuite, agressivité ou changements soudains de comportement. Selon le Dr Ruhee, ces manifestations traduisent une détresse réelle et indiquent que l’animal se trouve face à une situation qu’il perçoit comme une menace immédiate.

Chaque année, de nombreux animaux sont blessés ou disparaissent après avoir fui sous l’effet de la panique. Accidents de la route, fractures ou blessures diverses figurent parmi les conséquences fréquemment observées en clinique vétérinaire. Ces incidents rappellent l’importance pour les propriétaires de rester vigilants et de prendre conscience que le stress provoqué par les feux d’artifice peut avoir des effets graves, parfois irréversibles.

Le vétérinaire insiste par ailleurs sur un point crucial : l’administration de calmants ou de médicaments destinés aux humains, sans avis vétérinaire, peut s’avérer extrêmement dangereuse, voire fatale. Cette mise en garde souligne la nécessité de consulter un professionnel avant toute intervention.

En cette période festive, anticiper les réactions de l’animal et demeurer attentif aux signes de détresse constituent les meilleurs moyens de prévenir les accidents et de protéger ses compagnons à quatre pattes.

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