WORLD AIDS DAY – PILS – Stigma Index 2023/24 : Robert Hungley : « Discriminations et stigmas ont des conséquences bien graves sur les personnes »

• Dr Fayzal Sulliman (CEO – NADC) : « We need to work together – GM and the people - and break the silence NOW ! »

C’est une cérémonie empreinte de beaucoup d’émotions à laquelle PILS (Prévention, Information et Lutte contre le Sida) a convié ses membres et bénéficiaires, ainsi que des invités, en ce lundi 1 er décembre marquant la Journée Mondiale de la maladie. Autour de la dissémination de son rapport The People Living with HIV – Stigma Index 2023/24, l’ONG en a profité pour présenter une vidéo axée sur Malini Veeramalay, unique Mauricienne qui a, à ce jour, déclaré publiquement qu’elle vivait avec le virus. Malini est décédée en juin 2005, dans des circonstances très tristes. Malgré son courage, son optimisme et sa joie de vivre, elle était marquée par l’exclusion sociale, le rejet familial… Au final, elle a eu le cœur brisé par ces discriminations dont elle avait été victime. L’occasion était ainsi propice pour dénoncer les attitudes discriminatoires, les gestes et paroles de ceux qui refusent toujours de comprendre, en 2025, que le sida ne se transmet pas comme la grippe.

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Plusieurs personnalités étaient conviées pour l’occasion, nommément le vice-président de la république, Robert Hungley ; Gavin Glover, Attorney General ; Caroline Desvaux de Marigny, présidente de l’Equal Opportunities Commission ; Me Melany Nagen, vice-présidente de la National Human Rights Commission ; Dr Fayzal Sulliman, Chief Executive Officer de la National Agency for Drug Control ; et Nilen Vencadasmy, vice-président de PILS.

D’emblée, R. Hungley donna le ton : « le rapport sur le stigma de PILS reflète des réalités très difficiles que vivent les Personnes vivant avec le VIH (PVVIH). Stigma so bann konsekans lor dimounn li byen grav ! Plutôt que de subir la honte, les palabres et rumeurs, et le rejet, de nombreux malades optent pour le silence, s’enferment dans l’invisibilité au lieu d’aller vers les centres de soins et d’avoir accès à des traitements. Le dépistage, c’est prendre la responsabilité de sa vie tout autant que celles des autres. » Il a mis l’accent sur le fait que « la transmission du sida par voie sexuelle représente, d’après les chiffres recensés, une nouvelle menace. Surtout auprès des jeunes de 15 à 35 ans ; soit l’avenir du pays, la force ouvrière. »

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LIl a salué « l’engagement pris par la National Agency for Drug Control (NADC) par le biais de son CEO, le Dr Sulliman, d’inclure le rapport de PILS sur les stigmas dans leurs actions à venir. « Il y a un énorme besoin, grass root level, de reconstituer des cellules de travailleurs sociaux et tous les partenaires dans cette lutte, y compris l’état et la population. Ce n’est qu’ensemble que nos efforts porteront des fruits. » Sur ce même point, Robert Hungley devait aussi louer les efforts du ministère de la Santé « qui organise, régulièrement, des ateliers de travail avec des ONG dont PILS, parmi les efforts conjugués par l’État. Maurice est en retard sur les objectifs mondiaux de 2030. »

À l’instar d’autres intervenants ce 1 er décembre, Robert Hungley a émis ses inquiétudes quant au retrait du Fonds Mondial et les coupes de financement découlant des mesures prises par le président américain Donald Trump. Le VP de la république s’est voulu rassurant, déclarant que « L’état mauricien prendra le relais. Les défis qui nous guettent sont énormes et multiples. Mais nous n’avons pas le droit de baisser les bras. »

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Ces symboles vivants…

Le premier symbole vivant de cette lutte qu’il mène avec acharnement et assiduité depuis 30 ans est Nicolas Ritter. Il n’était pas présent ce 1 er décembre; car souffrant. Chacune de ses sorties, surtout dans le cadre de la World AIDS Day, durant ces trois décennies, a été marquée par ses coups de cœur et coups de gueule. Car l’homme n’est pas de ceux à avoir sa langue dans sa poche.

Mais la surprise réservée par PILS était à la hauteur des coups de sang que réserve habituellement Nicolas Ritter, membre fondateur il convient de le rappeler, de l’ONG. Il s’agit du document « Mwa Malini », réalisé par cette même ONG pour rendre hommage à cette grande dame, à ce jour, seule et unique Mauricienne à avoir avoué publiquement vivre avec le virus.

Ses mots simples, son sourire spontané et sa franchise avaient convaincu les acteurs dans cette lutte, quand le 1 er décembre 2004, elle fit, à la grande surprise générale, son Coming Out, déclarant publiquement, qu’elle était porteuse du virus. Sur la scène du Centre de Conférences de Grand-Baie, qui accueillait l’événement national, ce jour-là, Malini Veeramalay avait pris toute l’assistance de court !

Elle laissa parler son cœur, alors qu’elle interprétait une chanson, accompagnée par le groupe Abaim. L’émotion l’emportant, très probablement, cette jeune femme qui ressemble à tant d’autres Mauriciennes par sa gentillesse et sa bonté déclara tout simplement « Mo pe vinn dir zot mwa osi monn gagn viris la… » Et comme l’a relevé judicieusement Jacques Achille, directeur de communication stratégique de PILS, et journaliste à l’époque, « quand Malini ouvrit son cœur, les dirigeants politiques avaient déjà quitté la salle… » Hélas !
Car le geste, audacieux et courageux, empli de bravoure et de simplicité, de la jeune Malini, à ce moment précis dans la lutte contre le virus, avait tout pour donner le la à un élan national pour faire tomber les préjugés, les barrières stigmatisantes et les rejets… C’est ce que vécut, malheureusement Malini, malgré tout son optimisme et l’immense force qu’elle mit à combattre ces fléaux. Malini mourut, davantage de chagrin et d’un cœur brisé que de causes liées au VIH.

Depuis qu’elle a quitté ce monde, le 17 juin 2005, combien d’autres Malini Maurice a-t-il perdu et continue de perdre ? Combien d’autres Malini préfèrent mourir en silence, loin des regards et des jugements portés à la hâte ? Pour cause d’ignorance. Par indifférence. Par manque d’humanité.

Les invités de PILS ont tous, sans exception, été émus aux larmes par le témoignage de Malini Veeramalay. Tous, Robert Hungley, ont pris l’engagement d’œuvrer pour un changement de mentalité. « Je suis fermement convaincu que l’État, avec le soutien des ONG, de la société civile et des Mauriciens, développera une synergie nouvelle de par laquelle nous parviendrons, tous ensemble, à améliorer le quotidien de nos PVVIH. En leur donnant le respect qu’ils méritent, l’empathie et les aidant à accéder aux soins pour vivre une meilleure vie. »

F. Sulliman (NADC) : « We need to break the silence NOW ! »

Le CEO de la National Agency for Drug Control (NADC) était l’un des invités de PILS. Dans une intervention très ferme, celui qui a œuvré aux côtés du centre Idrice Goomany de la Plaine-Verte auprès des toxicomanes, et qui compte un parcours important au sein du United Nations Office on Drugs & Crime (UNODC), a expliqué que « la NADC représente un nouveau paradigme pour le pays dans le contexte actuel. Notre engagement est politique. Nous sommes ici, aujourd’hui, pas seulement pour commémorer, mais pour évaluer. Nous sommes ici pour mesurer l’écart entre nos capacités scientifiques et les réalités de notre société. »

Évoquant l’étroit lien de l’épidémie du sida à Maurice avec la prise de drogues injectables, le CEO de la NADC a poursuivi : « Nous ne pouvons gagner la guerre contre le virus si nous menons une guerre contre les personnes qui en sont atteintes ! Aujourd’hui, PILS publie le Rapport sur l’indice de stigmatisation 2023-2024. Ce document n’est pas qu’un simple recueil de statistiques destiné au secteur des ONG. Pour la NADC, ce rapport constitue un dossier de renseignements crucial. Il met en lumière les saboteurs silencieux de notre stratégie nationale de lutte contre la drogue : la stigmatisation, la discrimination et l’exclusion. »

De même, a insisté le Dr Sulliman, « la stigmatisation n’est pas seulement une violation des droits humains ; c’est un dysfonctionnement opérationnel pour le NADC. Chaque acte de discrimination décrit dans ce rapport alimente le trafic de drogue, accroît les taux de transmission et compromet l’efficacité de nos investissements en santé publique. »
Il a lancé un vibrant appel un Call for Unity à tous les Stakeholders – état, agences étatiques, société civile, administrations régionales, et surtout, toute la population, nous travaillons tous ensemble, avec une même cohésion : « We need to break the silence NOW ! »

Le CEO de la NADC a poursuivi, énumérant les objectifs de cet organisme nouvellement créé par le gouvernement, pour ce qui est de la lutte contre les discriminations envers les PVVIH : « les données contenues dans le rapport de PILS indiquent que nous sommes confrontés à une syndémie, soit, une épidémie synergique où convergent toxicomanie, troubles de santé mentale et VIH, exacerbée par les inégalités sociales. Le rapport souligne que la stigmatisation intériorisée constitue un obstacle majeur. Il s’agit d’une prison psychologique où les individus croient mériter leurs souffrances.

« En tant que PDG de NADC, je vous assure que nous allons tout mettre en œuvre, car aucun citoyen mauricien ne mérite de mourir par honte de ne pas avoir demandé d’aide ! » D’autre part, il a indiqué que « le rapport met également en lumière la stigmatisation institutionnelle, c’est-à-dire les obstacles qui persistent au sein même des structures censées apporter de l’aide. C’est inacceptable ! L’état ne peut pas dépenser des millions de roupies en méthadone et en antirétroviraux pour ensuite constater que le mécanisme de distribution – le contact humain – échoue à cause des préjugés ! »

Il a exhorté les différents partenaires, dont le corps médical, à adopter « une attitude qui, en elle-même, sera une partie du traitement des patients. Votre approche fait partie de la guérison des malades. »

 

 

 

 

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