Non loin du réservoir de Mare-aux-Vacoas, s’étend, sur 411 arpents, un magnifique massif boisé appelé Plaine Sophie. Conçu comme un jardin très dessiné et peuplé de conifères et d’essences endémiques, il abrite un musée consacré à l’exploitation forestière de cette petite zone des Plaines Wilhems, tout en rendant hommage au métier de forestier. Conçu comme une charmante petite cabane, le musée présente des outils anciens utilisés par les bûcherons ainsi qu’une petite collection de morceaux de troncs d’arbres représentant différentes essences communes et endémiques. Avec les connaissances acquises, le visiteur peut suivre la promenade du Sophie garden ponctué d’un bassin, de ruisseaux, de kiosques, également d’un arboretum pour aller à la découverte de cet espace naturel où s’est développée une collection d’arbres.
Rien de tel qu’un passage au Visitors’ centre dont la première vocation est la pédagogie – dès son arrivée, le visiteur est informé sur l’importance des forêts et de la vaste faune et flore endémiques de Maurice à travers des panneaux pédagogiques – puis au Forest Museum qui retrace le métier forestier de nos ancêtres. Ceci, afin de se préparer à une promenade dans ce paisible Sophie garden.
Dans cette charmante petite cabane abritant le musée, le visiteur apprend que Plaine Sophie fut acquis de Mons R. Méradon le 16 mai 1916 pour la somme de Rs 25,000. Il peut lire que : « Le gouvernement, en plus du prix de vente, donna en échange une partie du crown land à Carbonel Bridge, Curepipe. La région était couverte d’une forêt indigène dense de type végétation des hautes terres. Les vestiges se trouvent au Perrier Nature Reserve située à l’extrémité nord de Plaine Sophie. L’étude de la végétation et les efforts pour sauver les plantes endémiques dans leur habitat naturel ont été menés par les défenseurs de l’environnement dans les années 1940-1943. L’un des pionniers était le Dr Vaughn. Le changement drastique de la couverture végétale forestière autour de la Mare-au-Vacoas à la Plaine Sophie a commencé lorsque le working plan de la plantation de pins est entré en vigueur le 1er janvier 1944. Par la suite, la plupart des forêts indigènes ont été coupées et remplacées par des essences exotiques comme le Pin, le Cèdre et l’Eucalyptus qui sont considérés comme des arbres à croissance rapide par rapport aux arbres indigènes. Le passage du cyclone de l’année 1945 a favorisé la plantation d’espèces exotiques autour de la Plaine Sophie car le relogement de la population dans des constructions en bois et des poteaux pour les écuries se faisait fortement sentir et était très demandé. »
Pour honorer le dur labeur des anciens forestiers
Le Forest Museum, qui ressemble à un atelier de bûcheron, abrite une petite collection d’outils et de machines agricoles anciennes, ce qui permet de comprendre la façon de travailler des anciens forestiers. Avant de laisser la place au développement d’un outillage plus performant, l’outillage à main est resté pendant longtemps d’un usage quotidien.
On y trouve des morceaux de troncs d’arbres : Bois d’olive, Eucalyptus rouge, Bois colophane, Bois de cerf, etc. Ainsi qu’une collection d’outils et des machines anciennes pour le travail de bois, certains accrochés au mur en pierre de taille, d’autres posés au sol. Le visiteur découvre la fonction de ces outils d’hier à travers des panneaux explicatifs. Ainsi, le palan à rocher est cet outil de levage équipé de deux cordes ou de deux chaînes en métal liées à deux poulies, conçues de manière à permettre un mouvement plus souple, que la scie est cette longue lame dentelée d’un côté sur toute sa longueur, qui s’accomode avec une poignée en bois de chaque extrémité, que la scie de brousse est cette longue lame mince de scie fermement tenue aux deux extrémités par un arc métallique, que la faux est cet outil formé d’une lame métallique légèrement recourbée et fixée à un long manche que l’on manie à deux mains pour couper l’herbe, que le Jack bill est cet outil constituant de trois pièces en métal forgé, se reliant entre eux et formant un équipement robuste de levage, que la fourchette à plan est un outil agricole en métal forgé avec quatre fourchons reliés à une longue manche en bois, que le rateau à niveler est cet outil agricole en métal forgé portant 10 fourchons reliés à une longue manche en bois, et que la fourchette à pic est cet outil agricole en métal forgé avec 7 fourchons reliés à une longue manche en bois. Des essences de bois au bûcheronnage, le Forest Museum sauvegarde un patrimoine artisanal des anciennes générations.
Dans ce jardin paisible qui invite à une promenade oxygénante, le visiteur découvre les différents espaces qui le composent. Ceux-ci sont bien entretenus. Plusieurs itinéraires parcourent de petits sentiers et explorent chaque partie de la zone boisée. À son rythme, le visiteur suit la promenade à travers les panneaux indicatifs, tout en profitant d’un environnement exceptionnel. Le Sophie garden est un havre de paix, pour se promener, prendre un bain de forêt, ou simplement observer la faune et la flore. Un lieu pour se ressourcer ou se perdre. Le jardin est serpenté par un petit cours d’eau se terminant dans un bassin. Les panneaux qui balisent le circuit permettent de mieux appréhender la variété de la flore locale.
Des essences protégées
Au pied des grands arbres, le promeneur prend le temps d’admirer les différentes espèces végétales environnantes. Arbres fruitiers tel que le mandarinier ainsi que toutes sortes de plantes et de fleurs se disputant les premières notes. Se dévoilent ensuite, autour d’une belle haie, des essences et arbustes en bosquets. Plus loin, dans l’espace arboretum, les grands arbres se succèdent. Le pin se reconnaît de loin grâce à son écorce ocre-rouge, l’arbre produisant peu de pommes de pins en cette période de l’année. Celles que l’on trouve sont encore fermées. Ces petits cônes aux écailles épaisses abritent des graines dont les oiseaux sont très friands.
Par endroit, les pins sylvestre et autres conifères donnent l’impression d’être dans une grande forêt. Ils prennent toute leur ampleur et leur élégance. Ces arbres majestueux, qui tiennent une place prépondérante dans cette zone boisée, jalonnent la promenade aux côtés d’Eucalyptus ou autres arbres enveloppés par le lierre qui grimpe à la recherche de la lumière. Le lierre ne nuirait et ne gênerait aucunement l’arbre colonisé. Il ne prend rien de la sève des arbres, pas plus qu’il ne les étouffe ou abîme leur écorce. Cette plante grimpante offre au contraire une aide précieuse aux arbres en abritant, sous ses feuilles lobées, une multitude de petits organismes qui permettront à l’arbre de lutter contre des parasites gênants. C’est ainsi que sous les feuilles du lierre vivent de nombreuses araignées qui débarrassent l’arbre d’un certain nombre d’insectes qui peuvent lui être nocif. La faune auxiliaire qu’il abrite est ainsi utile à l’arbre lui-même, ainsi qu’à de très nombreuses espèces. Comme le lierre a besoin de lumière pour fleurir, sa tendance naturelle est – comme chez un grand nombre de plantes – à s’élever vers le soleil. Il n’est pas à proprement parler une plante grimpante, il peut très bien jouer un rôle de couvre sol là où il ne trouve aucun support pour s’élever, jouant alors à merveille son office de plante rampante. Au pied d’autres arbres s’épanouissent d’autres lianes grimpantes. Elles tapissent le sol comme une moquette épaisse vert foncé. Chaque jour, les amoureux de la nature arpentent ces allées et flânent dans ce jardin verdoyant qui offre une belle balade, appréciable loin du tumulte du quotidien.