« Revitaliser le Khadafi Square et ses environs ». Certes, cet ambitieux projet consacré à ce lieu mythique de Plaine-Verte est toujours au stade embryonnaire, mais il mérite qu’on s’y intéresse. Présentée aux conseillers municipaux, il y a quelques semaines, par le député de la circonscription Shakeel Mohamed, l’esquisse dévoile la situation du futur bâtiment moderne supplantant le bazar désuet, son volume, les espaces verts qui l’entourent, les places de parkings, ainsi que comment s’intègre le projet dans son environnement existant composé du jardin public. À en croire le Lord-maire Aslam Hossenally, « il sera important de tâter le pouls des habitants et des commerçants avant de lancer ce projet faramineux qu’on entend orchestrer sous un public-private partnership. »
Plaine-Verte est riche de ses commerces et regorge de témoignages de la vie passée. Ils s’articulent autour de ses places marchandes et commerciales, accessibles à toutes les bourses. Produits de consommation courante, marchés de fruits et légumes, fast food, chaussures, vêtements, bijoux, etc. Autour du Khadafi Square, le folklore est omniprésent et la débrouillardise est de mise. Sous la caresse insistante du soleil, on s’embarque dans un périple vers des gens qui se débattent, bon an mal an, pour faire vivre ce quartier. Sous l’ombre d’un grand manguier, dans une atmosphère gorgée de sensations, le briani cuit en plein air sur un feu de bois. Sur une étagère, des pots contenant différentes épices vous chatouillent les narines.
La morphologie assez souple de ce quartier, héritée de plusieurs décennies d’histoire, a quand même offert, au fil du temps, des possibilités originales de reconversion et de transformation pour les activités commerciales, toujours concentrées dans les mêmes espaces urbains. Certes, on y trouve encore quelques façades qui sont négligées et qui mériteraient d’être rénovées. Il n’en demeure pas moins que le bâti s’est renouvelé et modernisé en profondeur depuis la dernière décennie. Les formes anciennes du commerce ont aussi été remodelées pour bénéficier du dynamisme économique. Derrière chaque nom de quartier, se cachent une anecdote, un personnage, ou tout simplement d’une inspiration de la nature. Le long pan de verdure serpentant Plaine-Verte – rendez-vous pour ceux qui veulent être coupés un instant de la pollution sonore et de la fumée des véhicules – semble interminable et témoigne des efforts consentis par nos aïeux pour conjuguer durabilité environnementale, qualité de vie et inclusion sociale.
Allier modernité et tradition
Allier modernité et tradition dans des espaces encore plus verdoyants et écologiques. Voilà l’objectif que s’est fixé le ministre des Terres et député de la circonscription, Shakeel Mohamed, à travers ce projet de revitalisation du Khadafi Square (et ses environs). « J’ai toujours voulu apporter des changements structurels fondamentaux à ma circonscription de Plaine-Verte, Roche-Bois et Baie du Tombeau. Cela fait partie de ma vision. Je travaille dur pour que le rêve se réalise », souligne le ministre sur sa page Facebook. Il pourra compter sur le soutien du Lord-maire, Aslam Hossenally. « Lorsque j’étais à la tête de la mairie, entre 2012 et 2013, j’étais en contact avec des investisseurs pakistanais pour qu’un projet du même acabit voit le jour. Il aurait eu comme toile de fond la construction d’un marché moderne entouré d’espaces verts. Le projet est resté au point mort, mais en voyant la maquette dévoilée par Shakeel Mohamed et ses officiers, je ne peux que me réjouir », dit-il.
En effet, au début des années 2010, un projet de redéveloppement de grande envergure avait été envisagé à Plaine-Verte. Il aurait été financé par un consortium pakistanais, au coût de Rs 200 millions, et visait à transformer le Qaid-e-Azam Muhammad Ali Jinnah Market, inauguré en 1964, en un complexe moderne comprenant des espaces commerciaux, un food court, un hôtel trois étoiles, un parking, et un musée dédié à Muhammad Ali Jinnah, premier gouverneur général du Pakistan (1947-1948).  Â
 Des places de parking aux étages…
 Le projet a été renvoyé aux calendes grecques, mais ce n’est que partie remise. « Ne brulons pas les étapes, en revanche. La meilleure formule serait que le projet prenne forme sous un public-private partnership. L’actuelle place du marché connaîtra une métamorphose en faisant la part belle à des emplacements commerciaux au rez-de-chaussée et dans l’un des nombreux étages du bâtiment qui devrait répondre aux attentes de la société en matière d’écologie de la construction qui se traduira par l’implémentation d’espaces verts tout autour du site. Un food court sera aménagé. La maquette désigne également la présence d’une centaine de places de parking aux étages et en contrebas. L’aménagement d’appartements est envisagé, mais rien n’est décidé. Le jardin public fera l’objet d’un programme d’embellissement et de réhabilitation », souligne le Lord maire.
Si ce projet modernisera à coup sûr l’infrastructure urbaine, il pourrait aussi engendrer son lot de conséquences. Le réseau routier, déjà sous pression, pourra-t-il s’adapter à cette nouvelle configuration ? « Outre l’aménagement d’une passerelle piétonnière surplombant la route et donnant accès au futur centre commercial, on envisage de supprimer les trottoirs longeant le parcours de santé et le jardin public. L’objectif est simple. Supplanter les trottoirs par des places de stationnement et des taxi stands pour éviter la cacophonie qui y règne bien souvent. Avec la réhabilitation du jardin, les piétons auront un espace dédié pour déambuler », soutient Aslam Hossenally.
ANDY SERVIABLE