Plateau des Mascareignes – Exploration d’hydrocarbures dans l’OI : Eco-Sud dénonce un discours contradictoire

L’ONG : le gouvernement ne peut réclamer des fonds de justice 
climatique, tout en explorant en parallèle des ressources fossiles

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La 29e réunion de la commission conjointe de la zone de gestion conjointe du plateau des Mascareignes, Maurice-Seychelles, a eu lieu la semaine dernière. Parmi les sujets au menu : l’exploration des hydrocarbures. Réagissant à cette information, l’ONG Eco-Sud estime que cette démarche est inappropriée, alors même que le gouvernement a signifié son intention de soutenir la résolution du Vanuatu à l’ONU, suivant l’avis consultatif historique de la Cour Internationale de Justice de mercredi dernier.

Pour Eco-Sud, le discours contradictoire est devenu une habitude à Maurice. « Il est fréquent d’entendre nos responsables politiques marteler que Maurice n’est pas responsable du dérèglement climatique mondial et que nous sommes parmi les premières victimes de ses effets dévastateurs (…) Or, ce narratif, s’il est partiellement vrai, masque une réalité que nos décideurs refusent de regarder en face : nous faisons partie intégrante d’un système mondialisé basé sur l’exploitation des énergies fossiles », indique l’ONG dans une communication.
Eco-Sud fait ressortir que Maurice est une société de consommation dépendante à 80 % de ses importations alimentaires, et fortement contributrice – indirectement – à une économie globale polluante. « En sus de cela, nous ne sommes pas innocents. Et surtout, nous avons la responsabilité de transformer notre modèle au plus vite », poursuit le communiqué.
Alors même que le ministre de l’Environnement, Rajesh Bhagwan saluait avec enthousiasme l’avis consultatif historique de la Cour Internationale de Justice sur les obligations climatiques des États, à un autre niveau, l’exploration des énergies fossiles sur le territoire était abordé. « Le ministre évoquait la nécessité d’intégrer les conclusions de cet avis dans la Climate Change Act, de se positionner au sein de l’AOSIS et du Groupe africain des négociateurs, et d’agir dans un esprit de solidarité pour faire face à un défi pour la civilisation humaine », note Eco-Sud.
Nodules marins
Ainsi, se demande Eco-Sud : « comment concilier l’adhésion à un cadre juridique international ambitieux avec une volonté affichée par le ministère des Fisheries et le department for Continental Shelf d’exploiter du pétrole ou de se lancer dans l’extraction de nodules marins? » L’ONG fait ressortir que ces activités vont radicalement à l’encontre de la réduction mondiale des émissions de Co2 et mettent en péril les écosystèmes marins déjà fragilisés.
Eco-Sud appelle ainsi à davantage de cohérence de la part des dirigeants. « Ce n’est pas dans l’intérêt du peuple mauricien – ni des générations futures – de s’enfermer dans une logique extractiviste dépassée, dictée par les appétits de quelques promoteurs et industriels. » De même, il est estimé que ce n’est pas non plus « honnête de réclamer des fonds de justice climatique, comme cela a été fait à l’UNOC3 à Nice, tout en explorant en parallèle les ressources fossiles sous-marines du plateau des Mascareignes. »
L’ONG invite à passer de la parole aux actes, soit de mettre en œuvre les engagements pris dans le programme gouvernemental. À savoir, la création d’une Just Transition Commission pour explorer et soutenir les alternatives socio-écologiques concrètes. « Une structure qui permettrait de penser collectivement notre sortie des énergies fossiles en plaçant la justice sociale et écologique au cœur du processus. » De même qu’un amendement constitutionnel pour reconnaître les Droits de la Nature. « Une réforme pionnière qui permettrait de protéger les écosystèmes marins et terrestres comme de véritables alliés dans la lutte contre les dérèglements climatiques », poursuit Eco-Sud.
Eco-Sud est d’avis que Maurice pourrait donner l’exemple, au lieu de suivre des logiques destructrices. « Maurice pourrait entraîner les Seychelles dans une vision commune d’avenir : abandonner la piste des hydrocarbures et de l’exploitation minière sous-marine pour construire un modèle économique résilient, basé sur la sobriété, la protection de la biodiversité et la coopération régionale. » L’ONG ajoute que « le plateau des Mascareignes n’est pas une mine à ciel ouvert, mais un bien commun fragile à préserver ».
Ressources pétrolières
Si les dirigeants actuels n’ont pas le courage d’initier cette transition, ajoute Eco-Sud, alors ce sera à la société civile, aux communautés côtières, aux jeunes, et aux écologistes engagés de monter au front.
Depuis 2012, un traité a été signé entre Maurice et les Seychelles pour la gestion conjointe du plateau des Mascareignes. Ce plateau continental étendu, couvre environ 400 000 kilomètres carrés. Par ailleurs, Maurice dispose depuis 2021, d’une Offshore Petroleum Act, destinée à l’exploration des ressources pétrolières. Rezistans ek Alternativ était l’un des fervents opposants à ce projet de loi et avait même organisé une marche pacifique à Port-Louis.

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