Manoj Seeburn a interpellé le Premier ministre, Navin Ramgoolam, au sujet de la dépréciation de la roupie de ces dernières années. Le Premier ministre a d’abord fait une incursion dans le passé, lorsque son gouvernement est entré en fonction en novembre de l’année dernière. Il a avancé que le marché des changes était dans un état de chaos. La roupie suivait une pente fortement descendante, se dépréciant rapidement vis-à -vis de toutes les devises, en particulier par rapport au dollar américain, alimentant ainsi les pressions inflationnistes dans l’économie et érodant rapidement le pouvoir d’achat de la population.
Il a ajouté que de décembre 2014 à octobre 2024 la roupie s’est dépréciée. « Certains disent volontairement, de 46 % par rapport au dollar américain et de 21 % par rapport à la livre britannique. Pour aggraver les choses, l’ancien gouvernement s’est même livré à un assouplissement monétaire, imprimant plus de Rs 180 milliards, dans le but de donner une fausse impression de prospérité », dit-il.
Cela a accentué l’excès de liquidité dans le système bancaire, ce qui a encore alimenté les pressions inflationnistes. Dans ce contexte, a ajouté le Premier ministre, il n’est pas étonnant que les prix à la consommation aient augmenté de façon spectaculaire de 43,3 % entre décembre 2014 et octobre 2024, et que les prix à l’importation aient grimpé de 63 %. « Les chiffres parlent d’eux-mêmes », rajoute-t-il.
La chute spectaculaire de la valeur de la roupie a eu des effets négatifs profonds sur l’économie, touchant les ménages, les entreprises et la confiance globale dans le système. « L’une de nos premières priorités en accédant au pouvoir a été de corriger cette gestion désastreuse du précédent gouvernement. La Banque de Maurice a agi d’urgence pour stabiliser la valeur de la roupie et freiner les pressions inflationnistes par le biais de sa politique monétaire », a-t-il mis en avant.
La BoM a ajusté son taux directeur en février 2025. Elle a également donné des instructions aux banques pour que les opérations à terme soient valorisées de façon équitable et conforme aux fondamentaux du marché. De plus, la Banque de Maurice a vendu environ 244 millions de dollars américains sur le marché entre novembre 2024 et le 4 décembre 2025.
Au niveau du gouvernement, des efforts ont été consentis pour accroître l’offre de devises sur le marché en imposant qu’au moins 85 % des recettes provenant de la vente de villas dans le cadre du Property Development Scheme soient payées en roupies. De même, dès le présent exercice financier, toutes les entreprises qui perçoivent au moins 50 % de leurs chiffres d’affaires annuels en devises étrangères, paient désormais leurs impôts en devises étrangères. La taxe touristique de 3 € par nuit et par touriste, en vigueur depuis le 1 er octobre de cette année, génère également des devises supplémentaires.
« La Banque de Maurice m’informe qu’entre le 3 janvier 2025 et le 4 décembre 2025, la roupie s’est appréciée de 3,4 % par rapport au dollar américain, alors que durant la même période en 2024, elle s’était en réalité dépréciée de 5,5 %. Sur la même période, la Banque Centrale a également réussi à réduire la tendance à la dépréciation face à la livre britannique, de 6 % à 3,6 % », fait-il ressortir.
Les mesures prises pour stabiliser le taux de change ont contribué à la baisse de l’inflation globale à Maurice. Les prix à l’importation ont, en effet, diminué de 4,4 % entre le troisième trimestre 2024 et le deuxième trimestre 2025. Le taux d’inflation global est estimé à 3,5 % en novembre 2025, soit dans la fourchette cible de 2 à 5 %.
Pour Navin Ramgoolam, « il est clair aujourd’hui que l’abandon de l’opacité du régime précédent, des décisions ad hoc et d’une impression monétaire excessive a redonné un sentiment de prévisibilité et de discipline à notre gestion économique. La roupie est désormais plus stable. Nous avons pu réduire l’inflation qui s’élève désormais à 3,5 % en novembre 2025. »
Le Premier ministre a aussi fait ressortir que des amendements relatifs à  Statistics Mauritius ont été introduits dans la Finance Act 2025 afin de restaurer la crédibilité et l’indépendance de cette institution.

