Reportée plusieurs fois, la modernisation du marché central de Port-Louis, sis dans la zone tampon de l’Aapravasi Ghat, connaît un coup d’accélérateur. Le Lord-maire Mahfooz Moussa Cadersaib a annoncé, cette semaine, que le ministère des Arts et du Patrimoine culturel s’est plié aux recommandations de l’UNESCO visant à proposer un concept d’architecture qui n’aura pas d’impact sur la conservation et la protection du site classé patrimoine mondial. Ce n’est qu’une question de jours avant que le dossier, présenté avec le concept design orchestré par l’architecte Gaëtan Siew, ne soit déposé au comité patrimoine de l’UNESCO. Voyons à quoi ressemblera le nouveau bazar à la fin des travaux au coût de Rs 90 millions.
Le bazar et ses murs en pierre, datant de 1839, accueille encore les visiteurs se frayent un chemin dans les ruelles pavées de ce survivant de l’ère britannique. En dépit de deux incendies et autant de travaux de rénovations menés au cours du siècle dernier (voir plus loin), l’authenticité du lieu est toujours préservée et n’est pas prêt de changer, à en croire Gaëtan Siew, l’architecte qui été désigné par le gouvernement en 2019 pour peaufiner la modernisation du bazar : « Certes, des travaux préliminaires avaient démarré en 2019 mais l’UNESCO avait mis son veto car le bazar se situe dans la zone tampon de l’Aapravasi Ghat.
C’était finalement un mal pour un bien car, après presque deux décennies d’existence, il fallait présenter une architecture beaucoup plus adaptée à notre temps, le marché étant devenu désuet. Beaucoup de Mauriciens sont réticents à y acheter de la viandes et autres produits frigorifiés à cause des risques sanitaires. J’ai donc orchestré un nouveau design qui va de pair avec les exigences de l’UNESCO, tout en gardant l’authenticité du lieu. »
Au préalable, le site du bazar autour de la zone tampon de l’Aapravasi Ghat avait fait l’objet d’une étude par des experts sud-africains mandatés par l’UNESCO qui a culminé sur des propositions et des recommandations faites au ministère des Arts et de la Culture afin que le projet de moderniser le bazar ne menace pas la valeur universelle exceptionnelle de l’Aapravasi Ghat. Selon Gaëtan Siew, « les choses étaient mal engagées car lesdites recommandations étaient loin de faire l’unanimité parmi les autorités mauriciennes qui sont revenues à de meilleurs sentiments après que je leur ait présenté l’architecture finale. »
« Accessible aux handicapés »
Ce nouveau concept fera la part belle à des stands gastronomiques aménagés dans des espaces aérés et verts. « La municipalité n’a-t-elle pas fait une demande pour que Port-Louis fasse partie du réseau des villes créatives de l’UNESCO dans le domaine de la gastronomie ? Ce sera l’occasion de faire nos preuves en aménageant des espaces sains 100% cuisines mauriciennes à partir du passage réservé aux produits viandes vers la rue Farquhar », souligne Gaëtan Siew, qui ajoute que pour des raisons de sécurité, « il était grand temps que le bazar soit aux normes des risques incendies et qu’il soit accessible aux handicapés, ce qui n’est pas possible en l’état actuel. »

Le Lord-maire Mahfooz Moussa Cadersaib abonde dans le même sens : « Je suis plus qu’optimiste concernant le feu vert de l’UNESCO. Celles qui seront concernées par cette rénovation sont les sections où sont entreposées et vendus du bœuf du mouton du porc ou du poulet et poisson. C’est un grand pas en avant et nous allons faire en sorte que tout le monde continue à travailler durant la rénovation qui se fera en plusieurs phases, si nécessaire. »