Un point de presse s’est tenu hier au bureau du CAB à Nicolay, animé par le ministre du Logement, Shakeel Mohamed, en présence du lord-maire de Port-Louis, Aslam Hosenally, des députés Farhad Aumeer et Eshan Juman, ainsi que de représentants de la force policière. L’objectif : dresser un état des lieux de la prolifération de la drogue dans la capitale et proposer des solutions urgentes et concrètes.
Le ministre a expliqué que cette rencontre faisait suite à une « réunion d’urgence » convoquée avec la police, la Sécurité sociale et le ministère de la Santé, afin de « traiter un problème réel et proposer des solutions applicables sans délai ». Ce dispositif, selon lui, doit permettre de répondre de manière coordonnée à une situation devenue intenable.
Au cours de son intervention, Shakeel Mohamed est revenu sur la descente menée récemment par le député Farhad Aumeer dans une ancienne école abandonnée au Ward 4 de Port-Louis, devenue un repaire de toxicomanes. Il a aussi rappelé que son collègue Eshan Juman avait alerté sur la présence d’individus distribuant de l’argent et des substances illicites dans certains quartiers sensibles de la capitale. Le ministre a insisté : « Ce fléau ne touche pas seulement Port-Louis, mais bien l’ensemble du pays. » Pour lui, la lutte doit donc être nationale, ferme et coordonnée, afin de casser l’élan de la prolifération des drogues.
Shakeel Mohamed insiste que l’objectif premier reste de sauver des vies. Selon lui, « Enn dimounn ki pe konsom ladrog, se avan tou enn malad. Li enn pasian ki bizin gayn enn tretman. Bizin trouv tretman ek rehabilitation pou sa kalite pasian-la. ». Il a tenu à préciser qu’il ne partage pas la position de Sam Lauthan sur la dépénalisation du cannabis. « Je m’aligne davantage sur l’approche adoptée aux Nation Unis. Je ne crois pas que cette orientation soit erronée », a affirmé le ministre.
Quatre priorités immédiates
Afin de donner une direction claire, le ministre a décliné quatre priorités. D’abord, la mise en place de réunions de suivi chaque lundi à 9h30 réunissant le commissaire de police, l’ADSU et la municipalité de Port-Louis, afin d’assurer une meilleure coordination entre institutions et un suivi constant des actions.
Deuxième axe : Plaine-Verte, où la présence d’individus errant autour du jardin public suscite des inquiétudes. Le ministre a évoqué des opérations de « nettoyage » menées conjointement avec la police et les élus, soulignant également l’importance d’implanter un bureau de l’ADSU dans la région pour renforcer la vigilance.
Troisième priorité : la méthadone. Actuellement distribuée dans une medi-clinic au grand mécontentement des riverains, cette pratique crée des tensions. Shakeel Mohamed a reconnu qu’il est impératif de trouver un site plus approprié, sécurisé et accepté par la population, afin que ce traitement soit encadré dans de meilleures conditions.
Enfin, le ministre a abordé la question du poste de police de Plaine-Verte, souvent critiqué par les habitants. Il a précisé qu’il ne s’agissait pas de blâmer, mais de rebâtir une relation de confiance entre forces de l’ordre, députés et habitants : « C’est une condition essentielle pour mobiliser la population dans cette lutte commune. »
Pour sa part, le lord-maire de Port-Louis, Aslam Hosenally, a tenu à rassurer sur l’engagement de la municipalité. Il a salué la bonne collaboration avec la police et rappelé qu’un consensus existe autour de l’implantation d’un bureau de l’ADSU à Plaine-Verte. Selon lui, le Jinnah Market pourrait être un site stratégique et une visite de terrain sera bientôt organisée pour concrétiser ce projet. La municipalité, a-t-il ajouté, s’engage à accompagner pleinement cette démarche.
Le député Eshan Juman a, de son côté, lancé un appel fort à la collaboration de tous les acteurs : ONG, travailleurs sociaux et citoyens. « Ce combat doit être mené sans pitié, et il doit l’être à l’échelle nationale », a-t-il martelé. Pour renforcer le dispositif, il a proposé la mise en place de deux équipes permanentes de police patrouillant régulièrement dans les zones sensibles, afin de rétablir un climat de sécurité et de confiance.
Il a aussi abordé la situation des sans-abris vivant dans le jardin de Plaine-Verte. Une réunion a déjà eu lieu avec le ministre de la Sécurité sociale et un plan est en préparation pour leur relocalisation. Selon lui, des enquêtes sont en cours pour envisager la création d’abris de nuit, afin d’apporter une réponse « humaine et durable » à ce problème social.
Revenant sur le site de distribution de méthadone, Farhad Aumeer a relayé les préoccupations des habitants, particulièrement en raison de la proximité d’une école. La présence de toxicomanes qui restent sur place après avoir reçu leur dose crée, selon lui, un sentiment d’insécurité. « Nous devons assurer un monitoring 24 heures sur 24, surtout dans les zones de Port-Louis où la méthadone est distribuée », a-t-il insisté. Il a rappelé les nombreuses plaintes concernant les activités illicites observées après ces distributions.
Un consensus s’est dégagé lors de la réunion : il faut trouver une solution durable, avec un centre spécialisé pour la méthadone, qui ne gêne ni les écoles ni les résidents et respecte les droits humains.
En conclusion, Farhad Aumeer a adopté un ton résolument ferme. « Time is up. Face aux barons de la drogue, aux consommateurs et au trafic illicite, nous allons agir. Avec la police, l’ADSU et les autorités, nous traquerons ces réseaux. Nous allons remettre de l’ordre et rassurer la population : un changement est en marche dans vos localités. »
Le ministre Aadil Ameer Meea a également déclaré à travers une publication sur sa page Facebook : « Mon engagement dans la lutte contre la drogue demeure total. Aux côtés de mes collègues Shakeel Mohamed et Eshan Juman, ainsi que de tous ceux qui s’investissent avec dévouement, je continuerai à soutenir ce combat essentiel. En mission en Inde avec le Premier ministre, je n’ai pu être présent à la réunion et à la conférence de presse de cet après-midi, mais je serai à la prochaine réunion pour assurer le suivi et contribuer à des actions concrètes en faveur de notre jeunesse et de la sécurité de tous les Mauriciens ».
