Post-Budget – Dr V. Gujadhur : « des mesures qui me semblent très inadéquates »

L’ancien directeur des services de la Santé, le Dr Vasantrao Gujadhur, ne cache pas ses inquiétudes. « J’ai beau parcourir ce dernier discours du Budget, dans la partie consacrée à la Santé, je trouve une foule de projets, d’injections de capital pour des travaux de rénovation et d’amélioration, et même des constructions. Tour cela est bien. Mais qu’en est-il de la main-d’oeuvre ? Quand il y a prévision d’amélioration des prestations, il va sans dire qu’il faut du personnel qualifié et formé pour répondre aux attentes croissantes du public. Où parle-t-on de recrutement et de formation ? » se demande-t-il.

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Dans la même veine, poursuit le médecin, « une chose est totalement absente : la question de Public Health ». Or, dit-il, « Maurice a signé des conventions et des accords avec l’OMS en ce sens, et doit donc respecter son cahier des charges ».
Vasantrao Gujadhur poursuit : « Le budget mentionne une fois encore le projet e-Health. Mais quid du personnel qui va s’en occuper ? Aucune mention à ce propos ! Même affaire pour les Primary Health Care Facilities. Il est question de constructions de telles aménités. C’est bien joli tout ça, mais qui va travailler dedans ? »

L’ancien patron de la Santé retient : « Pour les 13 bureaux sanitaires qui existent aux quatre coins de l’île, dans la plupart d’entre eux, les officiers sont contraints de travailler dans des conditions déplorables, avec des bâtiments vétustes, manque d’aération et d’équipements, entre autres. They are buildings that are below standards ! » Ce qui préoccupe surtout le médecin : « Ces centres agissent comme des unités de surveillance de proximité pour les maladies émergentes. Or, l’on sait, depuis l’avènement du Covid-19, et avec les autres maladies qui frappent le monde, que notre île est loin d’être à l’abri ! »

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Le médecin fait par ailleurs remarquer : « Avec le changement climatique, nous voyons que dans le monde comme à Maurice, des épidémies de fièvre Dengue et d’autres pathologies donnent du fil à retordre. Il y a donc tout un travail de réflexion, de formation et d’anticipation à faire pour nous préparer et pour ne pas que des épidémies nous explosent en pleine face ! Nous devons nous préparer convenablement. Maurice n’est plus isolée quand il s’agit de maladies transmissibles qui frappent d’autres pays : nous avons des personnes qui viennent au quotidien des quatre coins du globe ! C’est une des raisons pour lesquelles je reviens toujours sur l’importance d’avoir une Negative Pressure Ward dans nos services hospitaliers pour parer à cela. »

Ce qui amène notre interlocuteur également sur la question du Public Health Emergency Operations Command (PHEOC). « Maurice est signataire de multiples accords et conventions. Qui plus est, le rapport du Joint External Evaluation of IHR Core Capacities, pour Maurice, date de novembre 2018. Dans ce Mission Report, l’OMS recommande clairement la création et mise en opération de plusieurs laboratoires et unités afin de renforcer la capacité du pays pour ce qui est des Communicable Diseases. Sur ce point également, pas un mot dans le discours ! » Cet aspect, insiste encore Vasantrao Gujadhur, est primordial. « Et pourtant, nous n’avons, jusqu’ici, que des CDCU en état plutôt déplorables. Ce rapport de l’OMS demande clairement de ‘‘strengthen the capacities of PHEOC expert officers’’ et conseille le recrutement et la formation d’officiers qualifiés. »

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Un autre aspect qui lui tient très à cœur : le ‘‘disposal of medical waste’’. « J’ai des informations confirmées que tous les incinérateurs dans les hôpitaux nationaux ne fonctionnent pas. Alors, où se débarrasse-t-on de ces éléments ? J’espère que ce ne sont pas dans des sites d’enfouissement ou ailleurs. Car dans ces ‘‘medical waste’’, il y a des ‘‘biohazard elements’’, et donc, des produits toxiques pour les humains. C’est exposer les personnes à des dangers importants que de ne pas respecter les normes en ce sens. »

Le Dr Gujadhur poursuit en rappelant que le budget « mentionne le fait que Rs 1,7 milliard de l’enveloppe de Rs 17,2 milliards allouée à la Santé sont destinés aux infrastructures ». Pour autant, selon lui, « ce sont davantage des redites et des répétitions des précédents exercices budgétaires ».

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