Face à une inflation persistante et à l’érosion du pouvoir d’achat, la Confédération des Travailleurs du Secteur Privé (CTSP) maintient, dans un mémoire, sa proposition de compensation salariale pour 2026. L’organisation syndicale estime qu’une intervention urgente s’impose, alors qu’environ 70 % de la main-d’œuvre mauricienne perçoit aujourd’hui le salaire minimum dans les secteurs formel et informel.
Depuis janvier 2024, le salaire minimum légal est fixé à Rs 16 500. Mais ce montant ne correspond pas à un revenu garantissant une sécurité alimentaire de base, souligne la CTSP. Les conclusions de la dernière édition du Household Budget Survey (HBS), publiées en décembre 2023 après six ans d’attente, font état d’un budget mensuel moyen de Rs 39 960 pour un ménage comprenant deux adultes et deux enfants. Ainsi, le salaire vital (Living Wage) calculé pour janvier 2024 s’établissait à Rs 28 542.
S’appuyant sur ces données, la CTSP réclamait alors un salaire minimum de Rs 20 000. Pour atteindre ce niveau sans fragiliser davantage les entreprises, le gouvernement avait instauré une Rémunération Minimale Garantie, incluant un soutien financier d’environ Rs 3 500 via l’allocation CSG (Contribution Sociale Généralisée).
Le nouveau gouvernement, en janvier 2025, a annoncé la suppression graduelle de l’allocation CSG sur quatre ans (2025-28). Or, cette mesure concerne prioritairement les salariés rémunérés à hauteur de Rs 30 000, soit les travailleurs les plus vulnérables.
Bien que tous les employés aient reçu une compensation forfaitaire de Rs 610, représentant une hausse de 3,5 % basée sur le salaire minimum, ce même montant a été déduit de l’allocation CSG, fait ressortir la CTSP. Résultat: gel du revenu net pour l’ensemble des travailleurs gagnant Rs 30 000 ou moins. La CTSP estime que “cette mécanique d’offsetting, appelée à se répéter jusqu’en 2028, a déjà entraîné un appauvrissement des catégories les plus fragiles. Les dépenses mensuelles moyennes d’un ménage (projetées pour décembre 2025): sont estimées à Rs 45 030: le taux d’Inflation est projeté pour 2025 est de 3,8 %.
Sur cette base, la CTSP formule les demandes suivantes : compensation minimale de Rs 855 pour tous les salariés afin de préserver leur pouvoir d’achat. Le syndicat déplore par ailleurs l’inefficacité du Stabilising Fund, doté de Rs 10 milliards. Malgré une allocation de Rs 2 milliards au secteur privé pour maintenir ses marges, le fonds n’a pas permis de stabiliser les prix par l’importation de produits essentiels, rôle qu’il était censé assumer. Le gouvernement a opté pour « la facilité » en distribuant de l’argent public au secteur privé.”
La CTSP appelle l’État à ne pas déduire la compensation de la perte de pouvoir d’achat de l’allocation CSG ni des dispositifs de soutien salarial destinés aux travailleurs obtenant Rs 30 000 par mois. Pour le syndicat, cette catégorie subirait sinon une perte nette cumulée de Rs 1 555 depuis janvier 2024 — soit Rs 700 déjà perdues, auxquelles s’ajouteraient Rs 855 de compensation annulée. La confédération prévient : préserver le revenu des travailleurs les plus précaires est indispensable pour éviter toute montée de tensions sociales dans le pays.

