Questions au nouveau président de la National Human Rights Commission Satyajit Boolell : « Ce sont les despotes qui 
crachent sur les droits humains »

Nommé à la présidence de la National Human Rights Commission — aux côtés de Touria Prayag (dont la nomination est contestée par le leader de l’opposition Joe Lesjongard), Vijay Ramanjooloo, Jean-Marie Richard et Mélany Nagen —, Satyajit Boolell SC poursuit son engagement en faveur des libertés fondamentales. Ancien Directeur des Poursuites publiques (DPP) pendant quatorze ans, juriste chevronné, Senior Counsel chez Temple Law et président de l’ONG Dis-Moi, il plaide pour une démocratie plus transparente et un véritable respect des droits fondamentaux garantis par la Constitution. Dans cet entretien, il revient sur les dérives institutionnelles, les limites de l’accès à la justice, et la nécessité de restaurer la confiance dans les institutions républicaines.

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l Satyajit Boolell, vous avez longtemps incarné le rôle de Directeur des Poursuites publiques. Comment passe-t-on de la poursuite à la protection des droits ?
Voyez-vous, je suis déjà actif au sein de l’ONG Dis-Moi, qui milite pour les droits humains. Le passage a déjà été réalisé. Cela dit, c’est un transit naturel, puisque les deux thèmes sont concordants, d’une part la poursuite protège la société en s’assurant qu’il n’y ait pas une culture d’impunité et protège les droits des victimes tout en contribuant à la réhabilitation des criminels. Et je dois ajouter rendre justice aux victimes. La protection des droits implique le respect des droits fondamentaux garantis par le Chapitre II de notre Constitution, un paramètre vital pour toute poursuite pénale.

l Quelle est selon vous la plus grande menace actuelle aux droits fondamentaux à Maurice ?
À Maurice, c’est le non-respect des droits du citoyen, la dérive vers l’arbitraire, l’opacité dans les affaires, les sous-entendus communalistes. Et puis, le recours à une réparation, une justice se heurte à plusieurs obstacles, notamment le coût de la justice, le risque de se faire ostraciser, etc.

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l Avez-vous l’intention de renforcer les pouvoirs d’enquête ou d’intervention de la Commission ?
Pour pouvoir dénoncer les abus les plus odieux, il faudrait le faire sur des informations fiables, et cela se réalise après une enquête fiable.

l Comment comptez-vous restaurer la confiance du public dans les institutions, notamment la police et la justice ?
Les droits humains sont bien ancrés sous le Chapitre II de notre Constitution. L’île Maurice est signataire de plusieurs conventions internationales des droits humains, qui font partie de notre arsenal légal, des obligations qu’on devrait respecter. D’ailleurs, l’État mauricien est régulièrement convoqué par les comités respectifs des droits de l’homme établis en vertu de ces conventions internationales pour s’assurer des progrès accomplis dans l’incorporation de ces droits dans notre arsenal législatif. Ce sont les despotes qui crachent sur les droits humains.

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l Quel dossier ou chantier prioritaire souhaitez-vous ouvrir dès votre prise de fonction ?
À ce stade, je préfère rencontrer la Commission.

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