Les constructeurs ont mis à jour la liste des véhicules concernés par le rappel des airbags de la défunte firme japonaise Takata en proie à des dysfonctionnements relatifs à des défauts de fabrication, avec en toile de fond la détérioration du nitrate d’ammonium. Certaines marques se voient imposer des « Stop Drive ». Ce qui impose aux propriétaires concernés de ne plus utiliser la voiture tant que l’airbag n’a pas été changé. À Maurice, environ 3 000 véhicules sont concernés avec BMW, Honda, Mitsubishi, Toyota, Volkswagen et Jaguar en première ligne. Selon un communiqué émis par la National Land Transport Authority (NLTA), ces airbags peuvent représenter un risque important pour la sécurité des conducteurs et des passagers.
Aux grands maux, les grands remèdes. Alors que l’affaire mondiale des airbags Takata continue de faire parler, la pression monte d’un cran sur les constructeurs automobiles. Les airbags défectueux de l’ex-société Japonaise Takata est l’un des plus vastes rappels de l’histoire automobile. BMW fait partie des constructeurs concernés, et des milliers de véhicules doivent impérativement être inspectés et réparés pour garantir la sécurité des occupants. Les airbags présentent un défaut de fabrication pouvant entraîner une explosion inopinée du gonfleur d’airbag en cas de déploiement. Ce dysfonctionnement est dû à une détérioration du nitrate d’ammonium, le propulseur utilisé dans ces dispositifs. Lors d’un accident, l’airbag peut projeter des fragments métalliques à haute vitesse, causant des blessures graves, voire mortelles.
Les airbags Takata ont fait des dizaines de morts dans le monde et des centaines de blessés, principalement aux États-Unis et en France, dont dans certains de ses départements des outre-mer (voir plus loin). L’affaire a commencé en 2008 aux États-Unis au sein du constructeur japonais Honda. La firme automobile s’aperçoit alors de dysfonctionnements liés aux airbags Takata, son fournisseur. Certains accidents se révèlent mortels pour les conducteurs, mais l’administration américaine tarde à réagir. Jusqu’en 2014, le scandale des airbags défectueux va lentement prendre de l’ampleur. Chez Takata, le président Stefan Stocker est contraint d’abandonner son fauteuil… remplacé par le petit-fils du fondateur, Shigehisa Takada. À l’aube de 2015, 24 millions de véhicules ont été rappelés dans le monde pour changer leurs airbags.
Faillite de la firme en 2017
En 2015, le constructeur japonais Nissan fait revenir au garage 1,56 million de véhicules dans le monde. De son côté, un autre constructeur nippon, Toyota, lance le rappel de 5 millions d’automobiles. Mais c’est un autre acteur, Honda, qui est le plus durement touché : la firme est obligée de rappeler 12 millions de véhicules à l’échelle du globe. Le scandale, marqué alors par la mort aux États-Unis de 5 personnes roulant en Honda, emporte le directeur général de la marque, Takanobu Ito, qui doit laisser sa place. La firme est commandée à une amende par le NHTSA, l’agence de sécurité routière américaine: 70 millions payables immédiatement en cash et 130 millions d’euros supplémentaires en cas de non-respect de la décision de l’administration américaine. Acculée par 8 milliards d’euros de dette, l’entreprise nipponne dépose finalement le bilan en juin 2017.
Huit ans plus tard, le spectre Takata ressurgit de plus belle. Un rapport commandé par le ministère des Transports en France sur les airbags Takata, rendu public la semaine dernière, conclut par cette phrase glaciale : « À ce jour, il est impossible de garantir que les airbags Takata ne causeront aucun autre décès ! » À Maurice, une campagne de rappel est en cours concernant des airbags défectueux installés dans plusieurs milliers de véhicules, notamment des BMW, des Honda, des Mitsubishi, des Toyota et des Jaguar. Tous les propriétaires de véhicules fabriqués entre 2001 et 2017 sont fortement encouragés à vérifier si leur véhicule est équipé d’un airbag Takata. Plusieurs véhicules à risque ont été identifiés, dont environ 800 ont déjà été réparés, laissant encore de nombreux véhicules dangereux en circulation. Le ministre du Transport, Osman Mahomed, confie que son ministère collabore avec la MVDA (Mauritian Vehicle Dealers Association) et la NLTA pour identifier, contacter et sécuriser ces véhicules.
Le remplacement est gratuit
La tâche est herculéenne. L’heure est donc à la mobilisation générale. Communiquer tous azimuts, sur tous les supports, dans tous les lieux, pour que les automobilistes prennent conscience du danger et vérifient que leur voiture n’est pas équipée d’airbags Takata. Cette vérification peut être effectuée en consultant le site officiel de leur concessionnaire automobile respectif ou en conduisant directement leur véhicule chez ce dernier pour une inspection ainsi que le remplacement des airbags si nécessaire, sera effectué gratuitement.
C’est le branle-bas chez Leal. « Il y a environ 2 700 véhicules de différents modèles sont concernés par le changement d’airbags. Nous avons déjà fait le nécessaire pour plus de 800 véhicules. Il y a de nombreux modèles concernés. En ce qui concerne Mitsubishi, nous parlons d’environ 1 800 véhicules. En plus de ces campagnes sur les réseaux sociaux, nous contactons nous-mêmes les clients concernés en envoyant des lettres recommandées et en relançant notre site web pour vérifier les campagnes de rappel pour BMW. ll suffit d’entrer le numéro d’identification du véhicule (VIN) sur le site https://www.bmw.lealcars.com pour vérifier si un véhicule est concerné par une campagne de rappel. Si tel est le cas, le propriétaire est invité à fournir ses coordonnées et, pour les airbags Takata, il sera contacté dans 24 heures pour prendre rendez-vous », souligne le concessionnaire.
Accentuer sa campagne sur la toile
Même son de cloche chez Axess : « Depuis le début de cette campagne de rappel, Axess a contacté les clients ayant acquis ces véhicules, et ce à plusieurs reprises par lettres recommandées ou appels téléphoniques. De plus, un vérificateur a été mis en place sur notre site internet www.axess.mu/recall. Les utilisateurs doivent indiquer leur Vehicle Identification Number (VIN) dans le champ indiqué pour savoir si leur véhicule est concerné par ce rappel. Ils peuvent également contacter le service clientèle au 206 4300. » Axess ne donne pas les détails des modèles concernés, mais souligne que les véhicules sont des Citroën, DS, Jaguar et Ford.
E.A.L Man Hin & Sons, concessionnaire de la marque Honda, entend accentuer sa campagne sur la toile dans une tentative de ratisser large. Il précise que sept modèles fabriqués entre 2001 et 2013 sont concernés : « Certains véhicules ne figurent pas dans notre base de données en raison de l’âge du véhicule et du changement de propriétaire. On travaille avec les autorités locales de la circulation routière pour obtenir les coordonnées actuelles des clients concernés, afin que la réparation puisse être effectuée. Honda Maurice a également mis à disposition sur son site web un outil de vérification pour que les clients puissent vérifier si leur véhicule est concerné pour prendre rendez-vous. »
Le concessionnaire CFAO Mobility souligne que les Volkswagen Passat, Polo et Golf, fabriquées entre 2005 et 2018, doivent passer en atelier pour un remplacement d’airbag
Liste des BMW concernées par le rappel
•Série 1 (E81/E82/E87/E88) produits entre le 06/04/2004 et le 29/07/2013
•Série 1 (F20/F21) produits entre le 07/02/2011et le 08/11/2017
•Série 2 (F22/F23) produits entre le 10/07/2013 et le 08/11/2017
•Série 2 Active Tourer (F45 et F46) produits entre le 16/06/2014 et le 8/11/2017
•M2 (F87) produits entre 24/08/2015 et le 23/06/2017
•Série 3 (E46) produits entre le 13/11/1997 et le 17/08/2006
•Série 3 (E90/E91/E92/E93) produits entre le 19/10/2004 et le 9/09/2013
•Série 3 (F30/F31/F34) produits entre le 17/10/2011 et le 17/01/2018
•M3 (F80) produits entre le 05/02/2014 et le 28/06/2017
•Série 4 (F32/F33/F36) produits entre le 14/05/2013 et le 08/11/2017
•M4 (F82/F83) produits entre le 04/12/2013 et le 27/06/2017
•Série 5 (E39) produits entre le 01/09/2000 et le 27/10/2003
•Série 5 (F07/F10/F11) produits entre le 08/07/2009 et le 23/02/2017
•Série 6 (F12/F13/F06) produits entre le 26/10/2010 et le 13/10/2017
•X1 (E84) produits entre le 13/07/2009 et le 29/06/2015
•X1 (F48) produits entre le 03/09/2015 et le 20/10/2016
•X3 (E83) produits entre le 01/07/2003 et le 23/08/2010
•X3 (F25) produits entre le 02/07/2010 et le 22/08/2017
•X4 (F26) produits entre le 10/03/2014 et le 08/11/2017
•X5 (E53) produits entre le 03/04/2000 et le 30/09/2003
•X5 (E70) produits entre le 27/10/2006 et le 26/06/2013
•X5 (F15) produits entre le 12/02/2013et le08/11/2017
•X5 M (F85) produits entre le 20/11/2014 et le 01/09/2017
•X6 (E71/E72) produits entre le 06/08/2007 et le 08/06/2014
•X6 (F16) produits entre le 28/03/2014 et le 04/11/2017
•X6 M (F86) produits entre le 26/09/2014 et le 28/08/2017
Liste des Toyota concernées :
•Toyota Avensis de 2003 à 2009
•Toyota Corolla de 2001 à 2014
•Toyota Yaris de 2006 à 2012
•Toyota Hilux de 2005 à 2016 concernés
Liste des Mitsubishi :
•Mitsubishi L200
•Mitsubishi Lancer
•Mitsubishi Pajero.
Liste des Honda :
•Honda Accord de 2003 à 2012
•Honda Ballade de 2012 à 2013,
•Honda City de 2004 à 2013
•Honda Civic de 2001 à 2011
•Honda CR-V de 2002 à 2010
•Honda Insight de 2011 à 2012
•Honda Jazz/Fit de 2001 à 2013.
Liste des Volkswagen
•Passat, Polo et Golf, fabriquées entre 2005 et 2018
Deux morts et plusieurs blessés à La Réunion
Plus de 38 000 véhicules sont concernés à La Réunion par le problème des airbags défectueux de la marque Takata. Différents modèles de différentes marques, construits entre 1998 et 2019, doivent faire l’objet du remplacement de leurs airbags. Certains se révèlent dangereux, voire mortels. Si on ne dénombre pas de morts ou de blessés à Maurice, 15 personnes sont décédées suite à l’explosion d’un airbag de marque Takata en France. 14 de ces victimes vivaient en outre-mer. Dont deux à La Réunion. Le dernier accident remonte au 31 janvier dernier.
À en croire les médias réunionnais, le premier décès lié à l’explosion d’un airbag de la marque nipponne remonte au 20 septembre 2021. Emmanuelle Sauger, une mère de famille de 39 ans, perdait la vie après au cours d’un banal accrochage survenu à La Saline-les-Bains. Depuis, alors que l’enquête piétine, sa mère et sa sœur se sont investies au sein d’une association de victimes des airbags. Le scandale fait rage depuis plusieurs années. Le 31 janvier 2025, un homme de 37 ans, établi à La Réunion depuis une douzaine d’années, a payé de sa vie la présence d’un airbag Takata, logé dans le volant de sa Honda Jazz de 2003.
Dorian Hamel circulait sur la NRL au niveau de La Grande Chaloupe quand il a perdu le contrôle de son véhicule. Selon les premières constatations des enquêteurs et les résultats de l’autopsie, il a été tué par des projectiles à la suite de l’explosion de son airbag. Réputé pour sa joie de vivre, le loueur de voiture, qui avait créé sa petite entreprise à La Possession en 2012, ignorait manifestement que son véhicule acheté d’occasion faisait l’objet d’un rappel de la part de Honda. Par contre, le constructeur savait depuis 2009 que l’équipementier Takata, avec qui il avait noué des relations d’affaires étroites, fabriquait des airbags potentiellement dangereux. Ses Honda Civic et Jazz de 2003 ont d’ailleurs fait l’objet d’une campagne de rappel massive à l’issue de leur divorce en 2015, y compris en France
Sébastien : « Comme une grenade qui éclate »
Le 6 mai 2020, Sébastien, un Portois de 35 ans, s’est grièvement blessé au volant de sa BMWSérie 3 à l’occasion d’une sortie de route à Bérive au Tampon. Le père de famille, qui exerce le métier de grutier, ne se souvient plus de rien quand il se réveille sur son lit au CHU de Saint-Pierre. Devant le miroir de sa chambre d’hôpital, le jeune homme n’en croit pas ses yeux : « J’avais un gros bandage imbibé de sang sur la tête, une sonde et une perfusion. Je n’arrivais pas à ouvrir la bouche. » Frappé « d’amnésie totale », comme lui a dit le médecin, il a sans doute été protégé d’un choc psychologique encore plus sérieux que celui qui l’a frappé ce jour-là.
Il existe d’autres cas empreints de la même gravité. Le 30 novembre 2022, l’avant de la Citroën C3 d’un Saint-Paulois de 55 ans s’est froissé après un brusque ralentissement au niveau de la Ravine-des-Cabris, avant l’explosion de l’airbag. Le malheureux a reçu une pièce métallique de 4 centimètres carrés en plein visage. Sa bouche était comme un champ de ruines, le projectile rond et dentelé percutant la partie gauche de son visage avant de transpercer sa lèvre inférieure et sa joue, emporté au passage un bout de sa langue, brisé sa mâchoire en deux et fait voler en éclat une quinzaine de ses dents. Des voix, comme celle de l’Association de Défense des Victimes AirBags (ADVAirBag), s’élèvent d’ailleurs pour réclamer une commission d’enquête parlementaire.