Ratings contestés : Quand la GRA joue les Ponce Pilate

Le 6 octobre, l’entraîneur Ramapatee Gujadhur a adressé à la Gambling Regulatory Authority (GRA) une demande formelle de révision des Ratings attribués à quatre chevaux : Allez Moris, de son écurie, et Fencing Captain, Wolf Mountain et Superior Force, de l’écurie Paul Foo Kune. Cette démarche s’appuyait sur la Rule 19(b) du Racing Calendar, qui autorise un recours auprès d’un Handicapping Review Panel en cas de désaccord fondé sur l’équité du système.

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Les frais furent acquittés, le dossier complet soumis, et l’enquête enclenchée dans les règles de l’art — du moins en apparence. Mais les conclusions officielles de cette enquête laissent à désirer car si des corrections ont été faites, il semblerait que la GRA ait plus voulu faire plaisir à toutes les parties plutôt que  trancher fortement devant ce qui semble être une politique de handicap de deux poids de deux mesures.

La GRA n’a pas lésiné sur l’apparat institutionnel. Un responsable d’enquête reconnu internationalement, un ex-entraineur et commissaire des courses connu et deux membres de l’équipe de choc des analystes/spécialistes de la GRA qui ont sans doute besoin — sans préjudice à leur connaissance hippique et leur expérience —  encore de quelques galops pour être fin prêt dansent leur nouvelle affectation.

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•Mark Blackman, du British Horseracing Authority, désigné président, gage d’expertise internationale ;

•Hughes Maigrot, membre du Appeal Committee et ancien stipendiary steward.

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•Santosh Ramdin, ancien entraîneur devenu expert à la GRA ;

•Seemadree Ramiah, analyste de la GRA et fin connaisseur du handicapping local ;

Une composition censée inspirer la confiance. Mais si la forme est exemplaire, le fond, lui, reste désespérément vide. Car au terme de la réunion tenue le 13 octobre, aucune décision substantielle n’a été rendue publique — ni ajustement des ratings, ni justification détaillée. La GRA s’est contentée d’annoncer que la décision avait été « donnée le même jour » et que le communiqué l’« enclôt ». Or ce fameux « communiqué » n’en dit rien.

La neutralité comme alibi

Ce silence laisse un arrière-goût d’inachevé. À force de vouloir se montrer neutre, la GRA a fini par donner le sentiment d’une autorité qui évite soigneusement de trancher.
Tout dans la procédure semble avoir été calibré pour désamorcer la tension, non pour rendre justice. L’entraîneur Gujadhur, qui réclamait une révision argumentée et transparente, se retrouve face à une mécanique institutionnelle où la rigueur procédurale tient lieu de résultat.
Les griefs n’ont pas été publiquement reconnus, et le débat sur les biais du système de handicapping — soupçonné d’avantager certaines écuries — est prudemment éludé. Bien que le communiqué ne détaille pas le contenu précis des ajustements ou des conclusions, la GRA souligne que la décision complète du panel a été transmise aux parties concernées et est annexée à son communiqué officiel publié le mardi 14 octobre 2025.

Sous couvert de respect des règles, la GRA a orchestré ce que certains observateurs n’hésitent pas à qualifier d’enquête d’apparat. En mobilisant un expert britannique et des membres chevronnés, elle s’est assuré une image de crédibilité technique. Mais dans les faits, aucun pouvoir coercitif ni aucune sanction n’ont été exercés.
Le Handicapping Review Panel s’est comporté comme un jury sans verdict, laissant la scène intacte, sans corriger ni dénoncer les déséquilibres signalés par Gujadhur.

Un rôle de Ponce Pilate

L’impression générale est celle d’une autorité qui s’est lavé les mains d’un problème gênant, préférant valider la procédure plutôt que d’en assumer la finalité. Le rôle de la GRA dans cette affaire s’apparente à celui de Ponce Pilate : encadrer, écouter, donner forme à la contestation, mais éviter soigneusement d’en tirer les conséquences.
Dans un contexte où la crédibilité du système de handicapping est déjà érodée, ce type de décision molle ne fait qu’alimenter la défiance des professionnels et du public.

Cette enquête aura eu le mérite de la méthode — mais pas celui du courage. La GRA, par excès de prudence ou par calcul politique, a transformé une requête légitime en exercice bureaucratique.

Au final, aucune vérité n’émerge, sinon celle d’une autorité qui, sous prétexte d’impartialité, s’enferme dans une prudence paralysante. Un processus que l’on pourrait qualifier de « neutralité administrative au service du statu quo », ou plus simplement : l’art de trancher sans décider.

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