Le chef de file du Parti travailliste au Parlement, Arvin Boolell, réclame du Premier ministre, Pravind Jugnauth, des preuves financières qu’il détient de ses acquisitions immobilières à Angus Road et d’affirmer si celles-ci sont Legally Compliant.
Cette démarche est adoptée dans le cadre des réclamations de dommages de Rs 25 millions logées par le Premier ministre contre l’ancien leader de l’opposition. Ce dernier avait fait état publiquement de malversations alléguées sur l’acquisition par le couple Jugnauth des terres appartenant à Bel-Air Sugar Estate dans cette région de Vacoas.
Arvin Boolell ne compte pas lâcher prise et demande au Premier ministre de prouver que ses transactions financières en vue des acquisitions foncières d’Angus Road étaient Legally Compliant. Il insiste pour que le PM vienne prouver ses dires que « the acquisitions of his properties at Angus Road, Vacoas has been made in compliance with the Law » et que le paiement des Rs 20 millions a été fait par lui et son épouse Kobita Jugnauth. Il se pose des questions au sujet des affirmations du leader du MSM selon lesquelles l’acquéreur des terres d’Angus Road n’avait fait aucun paiement à la compagnie sucrière Bel-Air Sugar Estate en 2002. Le document légal d’Arvin Boolell, rédigé Me Hiren Jankee (avoué), met en avant le fait que ses commentaires dans le cadre de la controverse d’Angus Road Saga étaient d’intérêt public et in all good faith.
Arvin Boolell soutient qu’en étant une personnalité publique et un homme politique chevronné depuis 1987, ayant été élu à de nombreuses reprises pour siéger à l’Assemblée nationale, il est bien trop conscient de la portée, de l’étendue et de l’ampleur de ses déclarations. Il souligne que sa position est régie par le principe fondamental selon lequel le public ne peut et ne doit pas être écarté de la vérité ainsi que des actes et faits du Premier ministre.
Il avance également que, puisque la liberté d’expression, telle qu’elle est inscrite dans notre Constitution, constitue le fondement même d’une société démocratique, l’actuel PM a un devoir ou une obligation d’agir avec la plus grande transparence chaque fois qu’il fait l’objet d’un examen minutieux pour toute transaction présumée douteuse ou louche, bien que cela relève de sa vie privée.
Il explique que Pravind Jugnauth, étant une personnalité publique politique, est responsable devant le public de ses actes, d’autant plus qu’il est payé des fonds publics. Il précise que ses commentaires avaient pour but d’alerter l’opinion publique quant au rôle de l’Independent Commission Against Corruption (ICAC) sur certaines transactions effectuées par le PM. Il affirme qu’il est de son devoir, en tant que citoyen respectueux des lois, d’alerter l’ICAC que personne n’est au-dessus de la loi, y compris le chef du gouvernement et que l’ICAC doit non seulement agir, mais aussi être perçue comme agissant avec diligence dans l’intérêt public. Il estime aussi que la démocratie parlementaire a été bafouée dans la mesure où des déclarations trompeuses ont été faites à l’Assemblée nationale sur l’affaire Angus Road.
Arvin Boolell nie fermement l’affirmation du PM selon laquelle il l’aurait diffamé. Il ajoute que puisqu’il n’y a pas de Freedom of Information Act qui aurait défini les paramètres de ce qui peut être diffusé ou dit, il dit croire qu’il ne peut être contraint ni empêché de faire la déclaration contestée dans l’intérêt public.
Pour sa part, Pravind Jugnauth déclare à plusieurs reprises dans sa plainte n’avoir jamais effectué un quelconque paiement à Bel-Air Sugar Estate Limited en 2002, concernant tout achat de bien immobilier. Il reproche à Arvin Boolell d’avoir fait des déclarations fausses, visant à ternir sa réputation, notamment qu’il aurait payé illégalement Rs 4 millions en 2002 pour l’acquisition d’un terrain.
Cette bataille juridique avait été engagée après la polémique de l’étalage des reçus au nom de Pravind Jugnauth faits entre le 19 février 2002 et le 28 novembre 2002 par Bel-Air Sugar Estate Ltd pour des paiements en cash de Rs 500 000 et de Rs 1 million pour un total de Rs 4 millions. Après la réplique d’Arvin Boolell aux arguments du PM, l’affaire devrait être prise sur le fond l’année prochaine.