Récuperation d’eaux pluviales : Tous acteurs, tous concernés !

Au nom de la lutte contre le gaspillage éhonté des torrents d’eau se perdant dans la nature

Les pluies torrentielles qui se sont abattues sur l’île la semaine dernière ont certes été bénéfiques aux réservoirs et nappes phréatiques, sauf que le triste spectacle des torrents d’eau se perdant irrémédiablement dans la nature est un mal qui mérite une réflexion profonde centrée autour de la résilience aux pénuries de cette ressource précieuse.

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Au nom de la lutte contre le gaspillage éhonté, une feuille de route claire, accompagnée d’actions, de la part des politiques est indispensable, dont celle visant à promouvoir auprès des ménages, des écoles et des entreprises le captage d’eaux pluviales pour des usages non-alimentaires, à l’instar de l’arrosage des espaces verts et l’alimentation des WC et le lavage des voitures, entre autres.

Pour la récupérer du toit, un simple bidon ou une citerne raccordée à la gouttière font l’affaire. Grâce au soutien du Rotaract de Phoenix, CDL Fabrics Ltd et LLM Management, Le Lycée Mauricien, sis à Phoenix, a donné exemple en installant dans sa cour, en décembre, quatre conteneurs de mille litres.

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« Maurice arrive à capter uniquement 7% à 9% des 4 000mm de pluie qu’elle enregistre par an dans son catchment area. C’est impensable », avait récemment fait ressortir l’ex-directeur de la Central Water Authority (CWA) Prem Saddul dans nos colonnes en pointant du doigt « l’incapacité des décideurs à prendre en charge le run-off, c’est-à-dire les eaux qui partent à la mer. »

Au-delà des débats portant sur l’implémentation du projet de dessalement de l’eau de mer, l’installation de mini-barrages et de mini-stations de traitement le long des rivières pour faire face à la sécheresse, il existe d’autres mesures intelligentes à privilégier à court terme pour faire face au gaspillage des eaux.

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Les pluies abondantes de la semaine écoulée devraient convaincre les autorités sur la légitimité d’implémenter des mesures urgentes comme contribution aux gestions alternatives de la ressource. On pense notamment au système de captage d’eau de pluie et la meilleure façon d’inscrire un programme d’incitation à une telle pratique, d’autant plus économique et écologique, dans les foyers, dans les écoles et dans le fonctionnement des services. Histoire de s’attaquer au problème directement à la source.

La récupération de l’eau pluviale n’est pas aussi nouvelle qu’on pourrait le penser puisqu’elle existait déjà dans des civilisations anciennes, notamment romaines et arabes. Aujourd’hui, on la collecte abondamment dans plusieurs parties du monde, même dans les gratte-ciel à Hong Kong. À Maurice, les moins jeunes se souviennent encore de ces temps où l’architecture des maisons en tôle, au toit en pente et cerné de gouttières permettait de capter l’eau de pluie en plaçant des barriques sous leurs conduits. Chaque pluie les remplissait et permettait de ravitailler les familles en eau pour l’arrosage et certains lavages. Or, cette pratique ne semble pas avoir la côte auprès de la nouvelle génération. Les premières pluies d’été tant attendues qui se sont abattues sur l’île au cours de ces dernières 72h ont pourtant eu le mérite d’éveiller la conscience des Mauriciens sur ces quantités astronomiques d’eau qui finissent en mer sans être captées.

Et quid du projet de Ramano ?
C’est du moins l’impression qui se dégage à la lumière des nombreux témoignages sur les réseaux sociaux regrettant que ces trombes d’eau perdues dans la nature ne puissent être utilisées pour soulager ces dizaines de milliers de familles privées de cette ressource essentielle durant plusieurs semaines toute l’année. Quelle place est accordée au système de captage d’eaux de pluie à Maurice ?

En l’absence de données précises par type d’usage, on s’est penché sur divers projets et subventions implémentés par l’État et le secteur privé, car la CWA a beau tenté, il y a quelques années, de mettre en place un modèle de système de collecte d’eau de pluie visant à encourager les Mauriciens à s’équiper. Le projet a finalement été abandonné.

Kavy Ramano a déclaré, lors du dernier exercice budgétaire, qu’ « au cours des dernières années, mon ministère a mis en place plusieurs successful schemes tels que le Rainwater Harvesting Scheme où, au cours du last financial year, plus de 60 écoles et institutions religieuses ont bénéficié d’une subvention pour acquérir un récupérateur d’eau de pluie. Ce budget, avec une allocation de Rs 10,4 millions pour financer l’installation de récupérateurs d’eau de pluie dans 100 écoles, 10 hôpitaux, 10 fermes agricoles et pépinières et 10 marchés, renforcera l’objectif de ce dispositif qui est de promouvoir une l’utilisation de nos ressources en eau. »

Sous ce programme, les écoles et collèges (publics et privés) peuvent chacun prétendre à une subvention de Rs 100 000, tandis que chaque ONG peut avoir une subvention de Rs 50 000 pour faire installer un système de récupération d’eau de pluie. On a tenté de joindre l’attaché de presse du ministre pour en savoir plus sur les retombées de ces mesures, en vain.
« Capter 3 000 L d’eau avec 20 mm de précipitations »

La Mauritius Commercial Bank (MCB) propose, depuis 2013, le Rainwater Harvesting Scheme. Une initiative qui vise à financer ceux intéressés à faire l’acquisition d’équipements de captage d’eau de pluie. Sous ce plan, il sera possible d’investir entre Rs 25 000 et Rs 500 000 dans un système et bénéficier d’un financement étalé sur un maximum de cinq ans avec un taux d’intérêt de 5,65% par an. Quatre partenaires se sont associés à la MCB pour ce plan:Duraco, Aquaflo, Rey & Lenferna et Green Island

Solutions.
Le comité pour le développement durable auprès du Mauritius Council of Social Service (MACOSS), qui équipe les ONG de systèmes de collectes d’eau de pluie pour usage domestique depuis 2015, est catégorique : « L’implémentation du système de captage d’eau pluviale à grande échelle peut aider à permettre à la population d’être approvisionnée en eau 24/7 durant la majeure partie de l’année et pour les centaines d’années à venir. 35% des précipitations à Maurice se perdent dans la mer à travers les rivières et autres canalisations. De plus, environ 30% s’évaporent. Quant aux 35% restants, seulement 65% de l’eau de pluie est collectée par la CWA. Avec un toit d’une superficie de 150 mètres carrés, on peut capter environ 3000 L d’eau avec seulement 20 mm de précipitations. On n’aura jamais assez d’eau, en dépit de la construction de nouveaux barrages, la seule alternative étant de collecter l’eau de pluie et de la partager. »

Le Lycée Mauricien donne l’exemple
Le Rotaract de Phoenix, CDL Fabrics Ltd et LLM Management semblent partager le point de vue dudit comité, en atteste leur coup de pouce financier accordé au Lycée Mauricien dans l’aménagement de quatre IBC Tanks dans la cour de l’établissement secondaire pour la collecte des eaux pluviales. « Nous avons compris le bien-fondé de ce projet bien avant cette sécheresse historique qui ébranle le pays. L’idée a germé en juin et j’ai la chance de faire partie du Rotaract Club of Phoenix. Sa présidente Suhayla Banarally n’est pas restée insensible à notre engouement pour les projets liés au développement durable. Nous remercions aussi CDL Fabrics Ltd et LLM Management pour leur soutien », confie Shaneel Goojha, l’instigateur du projet et professeur de Travel & Tourism au Lycée Mauricien, qui a sollicité l’aide d’une dizaine d’élèves pour installer le dispositif permettant l’acheminement de l’eau pluviale ruisselant sur le toit du collège par les descentes de gouttières vers les quatre conteneurs.

« C’est un moyen indispensable pour atténuer les effets des longues périodes de sécheresse et clairement une ressource bénéfique dans le cadre de l’exploitation des énergies renouvelables. Certes, vous ferez de notables économies, mais vous agirez surtout en faveur de l’environnement. L’eau provenant du toit descend dans ce réservoir muni d’un système de filtrage qui la nettoie des débris accumulés. Nous ne l’utilisons pas pour boire, mais seulement pour arroser le potager de l’établissement et pour alimenter les réservoirs des toilettes », souligne Shaneel Goojha.

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