Région | Camp Samy : Ces marchands de vieille ferraille pollueurs !

« Méfiez-vous des marchands de ferraille qui, au volant d’un véhicule, klaxonnent devant votre porte et prétendent qu’ils vont ramasser volontairement et gratuitement le moindre bout de fer qui traîne. Ce sont des arnaqueurs », avance Mario, un habitant de Moka.

- Publicité -

Ces opérateurs emportent tout sur leur passage : aluminium, vieilles bicyclettes, bidons usagés, feuilles de tôle, vieux conduits d’eau, carrosserie de voitures, entre autres. Ce sont des individus sans scrupules qui retroussent leurs manches et s’adonnent à la collecte de métaux à travers le pays, notamment à Bambous et à Flic-en-Flac. Ils passent trois fois par jour au volant de leurs véhicules à Camp-Samy, Moka, le matin, à midi et les après-midi pour demander aux gens s’ils ont de la vieille ferraille.

« Un après-midi, j’ai entendu des klaxons devant ma porte. Lorsque je suis sorti pour aller voir, j’ai vu le même chauffeur qui était passé le matin et m’a demandé s’il y avait de la vieille ferraille chez moi. Furieux, je lui ai fait comprendre que je ne plante pas de la ferraille dans ma cour et que si c’était le cas, çcela ne repousse pas à longueur de journée. Imaginez les femmes qui se retrouvent seules avec leurs enfants en bas âge pendant que leurs époux travaillent ? Comment vont-elles affronter ces voleurs audacieux ? » se demande Vijay, un retraité de 67 ans qui habite Camp-Samy depuis de très longues années.

- Publicité -

Curieux de savoir où vont les conducteurs de camions pour aller déposer la vieille ferraille, un matin, Thierry, propriétaire d’une voiture, décide de suivre discrètement l’un d’eux. À sa grande surprise, cet habitant de Camp-Samy découvre que le conducteur du camion dont il a pris soin de bien noter l’immatriculation, aidé par trois individus, déverse sa cargaison de fer dans un champ de canne à Saint-Pierre pour ensuite faire le tri. « Bann feray ki pouri ek ki pa kapav fer nanien avek sa, zot les li an plas dan kann. Sa fer enn gro dezord. Ce qu’ils laissent derrière, ce n’est pas leur problème », dénonceThierry.

Ce dernier demande aux policiers de l’Environnement de faire des patrouilles régulières dans la région de Camp-Samy pendant la journée. « Je suis sûr et certain qu’ils interpelleront les conducteurs de camion qui déversent des ordures dans cet endroit en vertu des Dumping and Waste Carriers Regulations », déckare ce quadragénaire qui semble maîtriser bien les lois pour avoir travaillé lui-même dans le service de voirie de la municipalité de Rose-Hill dans le temps.

- Advertisement -

Il rappelle  que dans le passé son cousin Jimmy avait dénoncé un contracteur, qui déversait une benne de débris de construction de son camion sur le sentier qui longe la falaise entre le phare d’Albion et Montagne-Jacquot.

Selon un ex-officier qui était attaché à la police de l’Environnement, ceux ou celles surpris en train de se débarrasser de déchets domestiques ou commerciaux, de débris de construction, de meubles de maison, de carcasses d’animaux, de déchets médicaux ou de déchets verts solides dans la nature, dans n’importe quel lieu public, dans un drain, une forêt, sur un terrain abandonné ou sur les trottoirs seront passibles d’une amende de Rs 25 000,

En ce qui concerne la vieille ferraille, Jimmy, un habitant de Bambous, pense qu’elle n’est pas collectée au hasard. « De gros businessmen sont derrière. Une fois collectés, triés, ces déchets sont placés dans des conteneurs et expédiés vers des usines qui détiennent des permis de commercialisation. C’est un business qui rapporte énormément.», fait-il comprendre.

Si certains opèrent de jour comme de nuit, d’autres font irruption dans la cour des gens pour voler ce qu’ils peuvent. « Le business s’était essoufflé pendant le confinement. Il a repris depuis la levée du confinement l’année dernière », regrette Jimmy qui a lui-même été victime dans le passé. « C’était une vieille bassine que ma mère m’avait offerte en cadeau après mon mariage. Je l’avais placée dans un coin discret dans ma cour. Un matin, lorsque je me suis réveillé, la bassine avait disparu. J’en garde un mauvais souvenir depuis. Je ne veux plus entendre parler de marchands de ferraille », confie-t-Il.

Aux dires de Jimmy, des fonderies illégales opèrent. Mais qui va les dénoncer ? Il ne faut pas oublier, dit-il, que l’interdiction d’exportation a été levée en 2019.

Pour sa part, Sanjay, jeune du village de Saint-Pierre, prend en grippe des officiers de l’Environnement à qui il avait dénoncé l’attitude d’un chauffeur de camion qui avait déversé des ordures dans un champ de canne de la localité. « J’ai raconté à un officier dans les moindres détails comment cela s’était passé. Il ne m’a même pas écouté et il m’a dit : Al la polis, amen ou kart idantite. Donn bann detay kouma sa finn arive ek kit ou nimero telefonn.D’après vous, quel bon citoyen aurait pris le risque d’aller aussi loin dans sa démarche ? D’autant plus que je dois prendre part à un examen très prochainement. Pour tout vous dire, j’ai eu très peur. J’ai préféré garder le silence pour ne pas faire le va-et-vient en cour de justice », dit-il avec colère.

- Publicité -
EN CONTINU
éditions numériques