« Pour nous, le message est clair. Kinn arive pou ki PM les nou tonbe ? » C’est ce qu’a déclaré, hier, le président de la Confédération des Travailleurs des Secteurs Public et Privé (CTSP), Reeaz Chutoo lors d’une manifestation devant l’Hôtel du gouvernement pour réclamer un réajustement dans la grille salariale des travailleurs du secteur privé après la mise en application du salaire minimum à Rs 16 500 à compter de janvier dernier.
En présence du négociateur de la Federation of Civil Service and Other Unions (FCSOU), Narendranath Gopee, il a déclaré qu’il semble que Business Mauritius (BM) réclame actuellement la publication d’un White Paper pour procéder à cet ajustement alors que la loi a été amendée en 2019. « Business Mauritius insulte notre intelligence. Pa kone ki zot finn kapav fer pou fer gouverneman aval sa. Est-ce que c’est un Timing qu’utilise Business Mauritius, car ils se sentent forts à la veille des élections générales ? » dénonce Reeaz Chutoo.
Si un changement n’intervient pas dans les structures salariales avant les prochaines élections générales, les travailleurs resteront sur leur faim pour les cinq prochaines années, a affirmé le syndicaliste. « Se kifer mo pe demann PM Pravind Jugnauth : Ki kapav finn arive ki zordi li pe les nou tonbe ? », s’est-il appesanti.
Vu que Business Mauritius (BM) a déjà eu une séance de travail avec le Premier ministre, Pravind Jugnauth, sur la classification des travailleurs par corps de métier, « nous voulons une rencontre formelle avec le chef du gouvernement à ce sujet ». Il devait aussi affirmer qu’à partir d’hier, la CTSP a décidé de s’inscrire « dans une série d’actions qui ira s’intensifiant dans les jours à venir. »
D’autre part, Reaz Chutoo a mis en avant que « nous avons choisi de manifester devant l’Hôtel du Gouvernement car nous avons obtenu des informations de la part des membres de Business Mauritius à l’effet que la classification des travailleurs par corps de métier a déjà été mise au frigo. C’est catastrophique pour les travailleurs des secteurs public et privé, car depuis que le pays a obtenu son indépendance, les travailleurs ont vécu une véritable discrimination, car leur effort ne correspond pas à leur salaire. Le salaire était déterminé par secteur. » Le président de la CTSP a poursuivi : « Il y a eu par la suite des Remuneration Orders qui faisaient la distinction entre le salaire d’une femme et celui d’un homme ».
À compter de 1995, il y a eu l’entrée en opération des secteurs de service, qui n’étaient pas couverts par des Remuneration Orders. La main-d’œuvre des secteurs financier et administratif est constituée de 95 % de femmes. Donc, lorsqu’une femme est embauchée dans ce secteur, elle touche le salaire minimum, indépendamment de ses qualifications et de son travail, a ajouté le président de la CTSP.
Avec l’introduction de la Worker’s Rights Act en 2019, il était question que les travailleurs soient catégorisés par des corps de métier. « Cela représentait un espoir pour 250 000 salariés des secteurs public et privé », fait comprendre Reeaz Chutoo.
Le ministre du Travail, Soodesh Callichurn, avait annoncé le 1 er décembre 2023 que la catégorisation des travailleurs par corps de métier sera effective en mars 2024. « Zordi Business Mauritius a bien monté son plan. Le salaire minimal finn ogmante en zanvie ek tou patron finn aplik zel saler », a déclaré Reeaz Chuttoo. « Dimounn ki finn fer 30 an servis, so lapey parey kouma so asistan ki ena 6 ou 7 mwa servis », dénonce-t-il en ajoutant que « c’est une humiliation pour beaucoup de travailleurs du bas de l’échelle. »
« Maintenant, Business Mauritius veut que la correction des anomalies soit effectuée pour les travailleurs qui sont couverts uniquement par les RO, soit les petites et moyennes entreprises. Donc, la plupart des membres de Business Mauritius seront exonérés de tout ajustement. Leur agenda est simple, ils ont l’intention de remplacer les travailleurs mauriciens par des travailleurs étrangers. Pour nous, le message est clair », a affirmé Reaz Chutoo. Il a ajouté : « Nous allons envoyer une lettre au Premier ministre pour réclamer une réunion tripartite à ce sujet. »
Pour sa part, le négociateur de la FCSOU, Narendranath Gopee, a déclaré que beaucoup des amendements « seront apportés en catimini dans le Finance Bill pour revoir les acquis des fonctionnaires ». Le syndicaliste s’est demandé par ailleurs : « La Master Salary Scale dans le service Civil est déjà basée sur la classification des travailleurs, pourquoi cette méthode n’est-elle pas utilisée pour les travailleurs du secteur privé ? Pourquoi le ministre Callichurn ne peut pas tenir une réunion tripartite pour éclaircir la situation ? ».